Le président des États-Unis s’est dit favorable à faire une « exception » à une règle de majorité qualifiée pour protéger ce droit, remis en cause par la Cour suprême.
e président américain, Joe Biden, s’est dit prêt, jeudi 30 juin, à bousculer les règles parlementaires pour protéger le droit à l’avortement. Une déclaration qui fait suite à la décision de la très conservatrice Cour suprême des États-Unis d’enterrer un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique Roe v. Wade de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non.
Ainsi, le président démocrate souhaite faire passer cette règle dite du « filibuster » afin de voter une loi qui garantirait le droit à l’IVG sur tout le territoire américain.
La jurisprudence Roe v. Wade
« Il faut codifier Roe v. Wade dans une loi » adoptée par le Congrès et « si le “filibuster” se met en travers du chemin », il faut faire une « exception », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Madrid, à la fin d’un sommet de l’Otan. La jurisprudence Roe v. Wade, qui établissait depuis des décennies le droit à l’avortement partout aux États-Unis, a été renversée par une Cour suprême désormais résolument conservatrice, après les nominations décidées par l’ancien président Donald Trump.
Des élections législatives décisives
Il appartient désormais aux différents États de se prononcer sur l’avortement, et nombre d’entre eux, contrôlés par les républicains, l’ont déjà interdit ou envisagent de le faire. Faute de pouvoir agir par décret, la stratégie de Joe Biden est d’appeler les Américains à voter en masse aux législatives de novembre, pour sauver voire élargir la majorité démocrate au Congrès.
Si les démocrates, auxquels les sondages promettent jusqu’ici une nette défaite, l’emportaient malgré tout, il leur faudrait une majorité qualifiée de 60 sièges au Sénat pour respecter le fameux « filibuster ». Sauf à passer en force à la majorité simple, soit 51 voix, ce que Joe Biden envisage donc désormais. Il a longtemps répugné à changer cette règle censée encourager le compromis entre les deux grands partis américains, démocrates et républicains.
Le président américain a aussi appelé à protéger plus largement le « droit à la vie privée » fondé jusqu’ici sur la jurisprudence. Il a plusieurs fois mis en garde sur une remise en cause par la Cour suprême d’autres acquis en termes de mœurs, comme le droit à la contraception ou le mariage pour tous.
30/06/2022 18:11:50 – Madrid (AFP) – © 2022 AFP
Source: lepoint