Assassins ou simples suspects ? Voilà un an que quatre agents de l’usine Eléphant vert de Ségou (Alexis Amon, Ahmed Coulibaly, Souleymane Doumbia, Mamadou Doumbia) impliqués dans l’affaire d’assassinat de leur collègue Pape Kabirou ont été interpellés et placés sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction. Si les intéressés seront rejoints bientôt par une dame selon toute vraisemblance, le dossier ne semble pas évoluer outre mesure.
Qu’est- ce que le jeune Pape Kabirou M’Bodge, 31 ans, opérateur des salles de commande, à l’usine d’engrais Eléphant vert de Ségou, a pu bien faire à ses collaborateurs au point de lui en vouloir à mort ? Et de quelle façon ?
Le 22 janvier dernier – il y a presque un an, le malheureux qui était par ailleurs délégué du personnel suppléant, a été découvert dans sa chambre gisant dans une mare de sang. Il avait été vraisemblablement surpris dans son sommeil et froidement abattu à bout portant d’une balle de pistolet-mitrailleur par son ou ses bourreaux. Lesquels tentèrent maladroitement de faire passer leur acte pour un cambriolage qui aurait mal tourné.
Si les agents du commissariat de police du 1er arrondissement de la Cité de balanzans ne se laissèrent pas duper par ce maquillage, rien n’ayant été emporté par les malfrats, ont-ils pu en revanche réunir suffisamment de preuves pour les transmettre à la justice ? Tous les indices découverts sur les lieux du crime ont-ils été intégralement transmis à qui de droit pour leur exploitation à bon escient ?
Voilà une année, presque jour pour jour, que l’ignominieux crime a été commis, ôtant la vie à un jeune homme qui venait à peine de fonder son foyer. Il attendait impatiemment la délivrance de son épouse grosse de leur premier enfant qui naquit quelques mois après le drame.
Voilà presque un an que les principaux suspects, assistés dès le début de la procédure par l’avocat de Eléphant vert ( ?!!!) se trouvent sous contrôle judiciaire. Hormis les obligations inhérentes à cette mesure qu’a cru devoir prendre le juge d’instruction, ils ne sont pas maintenus dans les liens de la détention et vaquent tranquillement à leurs occupations à Eléphant vert. Seul élément nouveau : ils pourraient bientôt être rejoints par un 5ème suspect travaillant également dans la même boîte, une dame selon toute vraisemblance, apprend-on de bonne source.
Voilà presque un an que les principales interrogations demeurent sans réponses précises : pourquoi ? A qui profite le crime ? Que détenait Kabirou ? Que savait-il ? Qui dérangeait-il ?
Faut-il accorder crédit aux supputations relatives à la thèse – simpliste – de la jalousie entre collègues pour des questions de poste ? Ou, à cette autre, plus sulfureuse, de… blanchiment d’argent ?
ENCADRE : Le contrôle judiciaire
Le contrôle judiciaire ne peut concerner qu’une personne majeure qui est : soit en attente de son procès suite à une enquête préliminaire dirigée par le procureur ; soit mise en examen au cours d’une information dirigée par le juge d’instruction. Le contrôle judiciaire peut être ordonné pour garantir la présence de la personne devant le tribunal ou le juge.
La mesure soumet les personnes ainsi mises en cause dans une affaire criminelle à des obligations en attendant leur procès éventuel. Ce, dans le cadre d’une convocation sur procès-verbal, si le procureur ne veut pas laisser le prévenu en totale liberté.
Les obligations liées au contrôle judiciaire peuvent être de plusieurs types que le juge peut modifier à tout moment. Il peut s’agir de la limitation dela liberté de se déplacer (interdiction par exemple de sortir de certaines limites territoriales fixées par le juge oude se rendre dans certains lieux fixés par lui, de s’absenter de son domicile, obligation de lui remettre son passeport, de l’informer de ses déplacements).
Il peut s’agir aussi de surveillance qui inclut l’obligation de se rendre périodiquement au commissariat de police ou d’une interdiction de rencontrer certaines personnes déterminées par le juge.
Il peut s’agir aussi pour le juge d’imposer au prévenu des garanties financières comme le paiement d’une somme d’argent. Cette caution vise à éviter la fuite de la personne et à garantir l’indemnisation de la victime en cas de condamnation.
Si la personne mise examen viole délibérément les obligations du contrôle judiciaire, le juge peut la placer en détention provisoire.
La Rédaction
Le Challenger