L’année 2019 a commencé au Mali sous un registre triste avec les événements dramatiques de Koulongo dans le cercle de Bankass. Un village avec des maisons et des greniers incendiés. Même les animaux n’ont pas été épargnés. Bilan : 37 morts et plusieurs blessés. Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui s’est rendu sur place quelques jours après la tragédie, décrit une scène horrible et insoutenable. Le Chef de l’Etat affirme qu’il n’avait jamais imaginé que des Maliens pouvaient faire de telles choses à d’autres Maliens. Le Président IBK affirme être sérieusement bouleversé par la cruauté des faits à Koulongo le 1er janvier dernier.
L’extrême gravité de ce qui se passe au centre a fait reléguer en arrière-plan la situation au lointain septentrion, une zone échappant à tout contrôle des autorités maliennes. Et cela, malgré la présence des milliers d’hommes et de femmes de la Minusma et de l’opération française Barkhane, lesquels sont censés œuvrer à maintenir une paix encore éloignée.
Ces affrontements intercommunautaires au centre et les massacres de civils dans la région de Ménaka sur des bases tribales interviennent dans un contexte de crispation politique et de malaise social. L’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a bouclé le 11 janvier dernier une grève de 72 heures. Les syndicats des enseignants du 15 octobre ont déserté les classes la semaine dernière. Ils ont déposé un nouveau préavis de grève de dix (10) jours devant commencer à partir de la semaine du 21 janvier avec menaces de rétention des notes.
Ces débrayages sociaux notamment celui de l’UNTM, ont eu pour conséquence de contraindre le gouvernement à reporter sine die la conférence sociale qui était annoncée pour cette semaine. Une autre grève de l’UNTM, si elle a lieu, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les caisses du Trésor public. La poursuite de la grève des syndicats des enseignants risque d’entraîner dans la contestation l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM).
Ces tensions sociales accentuent la pression sur le Président IBK et son gouvernement déjà acculés par des contestations politiques nées de l’élection présidentielle des 29 juillet et 12 août 2018. L’abandon du projet de manuel scolaire sur «l’éducation sexuelle complète » sous la pression des associations islamiques, a rappelé le contexte de fragilité dans lequel l’équipe gouvernementale conduite par Soumeylou Boubèye Maïga évolue. Un début d’année sous pression !
La situation dans laquelle se trouve le Mali est d’une gravité particulière. Trop de foyers incandescents. C’est l’existence même de la nation qui est fortement menacée. En un mot, le Mali est menacé de désintégration. Chacun de nous doit avoir une conscience nette et claire de l’extrême gravité de l’heure. Les défis auxquels le Mali fait face dépassent largement les seules compétences de l’équipe gouvernementale. Il faut que l’on se ressaisisse pour ne pas laisser à d’autres le loisir de décider du sort de cette nation millénaire. Il nous faut un vrai sursaut national.
Discutons entre nous de manière franche, sincère et loyale pour trouver un compromis ! Ayons donc le courage de sortir des petits arrangements et autres petits calculs qui arrangent certes ses affaires, mais dérangent la nation. La solution aux problèmes maliens ne se trouve ni à New-York ni à Paris. Elle est au Mali et entre les mains des Maliens.
C.Doumbia
Le Challenger