La Commission d’intégration est l’une des structures mise en place dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger signé le 15 mai et parachevé le 20 juin 2015 à Bamako. Au cours d’un entretien, le Président du Comité d’intégration, Général de division Gabriel Poudiougou, explique le fonctionnement, les missions et les acquis de sa structure.
Préparer les textes qui vont permettre d’intégrer les combattants en définissant les critères d’intégrations, les conditions d’attribution de grade et de fonction sont, entre autres missions, du Comité d’intégration dirigé par le Gal Poudiougou qui travaille avec d’autres commissions dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Selon son président, le Comité d’intégration valide avec le Commissariat à la reforme du secteur de sécurité, les listes des combattants, les critères d’intégration, les conditions d’attribution de grade et de fonction ainsi que les quotas des combattants à intégrer. Les listes des combattants sont fournies auprès de la Commission du DDR par les commandants de ces mouvements et leurs responsables politiques.
« L’intégration ne concerne pas seulement les FAMA, elle concerne tous les corps constitués de l’Etat, à savoir la fonction civile malienne, les corps paramilitaire etc. Un élément qui a un diplôme certifié (médecine, enseignement etc.) peut être intégré dans la fonction publique de l’Etat. Ceux qui ont un savoir-faire militaire avéré seront intégrés dans l’armée avec un grade qui correspond à la valeur intrinsèque ou à la capacité de chacun », explique le Gal Poudiougou.
Parlant de l’intégration des militaires déserteurs, Gabriel Poudiougou précise que les militaires anciennement membres des forces armées qui ont rejoint les mouvements peuvent revenir dans les rangs avec au minimum leur grade de départ. Mais parmi les critères, il faut être de nationalité malienne et remplir des conditions d’âge et de diplôme de grade et, ensuite, ne pas être impliqué dans les crimes contre l’humanité, de collision avec les organisations criminelles (terroristes, trafiquants). « Le traitement des dossiers des militaires et non militaires a été séparé. Ceux qui étaient dans l’armée ont déjà des dossiers qui permettent de savoir qui ils étaient avant de rejoindre les mouvements. Ainsi, nous savons quel grade occupait la personne, où est ce qu’elle servait, dans quelle circonstance elle est partie etc.… Et, conformément aux textes de l’Accord, cet individu sera intégré. Concernant les non militaires, d’autres critères entrent en jeux. Celui qui n’a jamais fait l’armée, s’il dit qu’il a tel grade, il va falloir le prouver. Sinon nous n’allons jamais donner à quelqu’un qui n’a jamais fait les forces armées le grade d’office d’officier supérieur, alors que nous savons qu’il n’a pas ce savoir- faire. C’est pourquoi, dans le processus d’intégration, il y a le test militaire. Ceux qui échouent sont reversés pour la réinsertion socio-économique au sein de leurs communautés de base ».
Quant aux quotas à intégrer, le Général Gabriel Poudiougou a clairement expliqué qu’il y a eu des difficultés. « Les mouvements ont donné des effectifs de combattants de 18.000 au départ. Après une tournée dans les différentes régions pour faire la liste complète des combattants des différents groupes, on s’est retrouvé avec un total de 36000. Vous savez que dans l’armée, nous ne pouvons pas absorber tous ces combattants tout de suite, ça va poser des problèmes quand on sait que la capacité d’absorption annoncée était de 8000 (4000 du côté des forces armées et la fonction publique et 4000 pour la réinsertion socio-économique). Après dépouillement, parmi ces 36000, il y a à peu près 15000 qui ont des armes de guerre.
« Nous avons mis en place des antennes de l’intégration au niveau régional qui sont chargées d’observer les différents critères aux éléments démobilisés. Nous avons au niveau des bataillons MOC de la région de Tombouctou 509 candidats qui ont passé par le service de l’intégration. Parmi eux, certains sont aptes et d’autres ne le sont pas, 400 au niveau de Kidal et 508 au niveau de Gao. Les résultats sont déjà communiqués au niveau du ministère de la Défense qui prendra les mesures appropriées. Ceux qui sont inaptes retourneront à la Commission DDR pour bénéficier de fonds pour leur réinsertion socio-économique », a ajouté le président du Comité d’intégration.
Bintou Diarra
Le Challenger