Au cours d’une conférence tenue dans le cadre de la quinzaine de l’environnement à l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (IPR-IFRA) de Katibougou le jeudi 7 juin dernier, Dr Sidy Ba, enseignant-chercheur a évoqué le conflit entre éleveurs et agriculteurs que connaissent certaines localités du Mali. Selon lui, le problème est lié à la mauvaise gestion des ressources naturelles dont la terre et l’eau.
Enseignant-chercheur à l’IPR-IIFR de Katibougou et auteur d’un livre intitulé « Péril sur la Pollution du Fleuve Niger », Dr Sidy Ba a animé une conférence le jeudi 7 juin dans le cadre des activités de la quinzaine de l’environnement.
Dans ce livre lancé en avril 2018, Dr Sidy Ba évoque plusieurs sources de pollution du fleuve Niger. Il s’agit de la pollution urbaine à travers le déversement direct des eaux usées des villes dans le fleuve sans aucun traitement, la pollution industrielle (déversement direct des produits chimiques dans le fleuve), la pollution agricole à travers le déversement des eaux d’engrais et de pesticides chimiques dans le fleuve et la pollution causée par les activités d’extraction minière artisanale et industrielle avec des produits déversés dans le fleuve.
Selon le conférencier, les différents conflits entre agriculteurs bambaras ou dogons et éleveurs peulhs ne sont pas des conflits inter-ethniques mais plutôt des problèmes liés à la mauvaise gestion des ressources naturelles dont comme la terre et l’eau. Pour lui, il suffit de changer les rôles pour s’en convaincre. C’est-à-dire, mettre les peulhs à la place des agriculteurs et les agriculteurs à la place des peulhs. D’après lui, la pollution de l’environnement est en train de pousser les populations à la conquête de nouveaux espaces. Ce qui n’est pas sans conséquences car mettant en conflit les communautés qui partagent les mêmes terroirs.
« J’invite les populations à arrêter de jeter les déchets dans le fleuve. C’est cette eau qui est traitée pour consommation. N’oublions pas aussi que nous avons des concitoyens des villages, des campements qui boivent cette eau brute. C’est ce qui fait qu’il y a toujours des épidémies de diarrhée le long du fleuve notamment dans le delta central du Niger dans les régions de Ségou, Mopti voire Gao. Cela demande une synergie d’actions entre pouvoir et citoyens. C’est un cours d’eau transfrontalier. Il faudra mettre en place un plan régional de traitement avec des stations d’épuration des eaux usées des villes avant leur déversement dans le fleuve. Ce n’est plus acceptable que des gens déversent directement des eaux usées des villes dans le fleuve », a indiqué Dr Sidy Ba.
Pour résoudre ce problème, il suggère d’appliquer le principe du pollueur-payeur qui est un principe découlant de l’éthique de responsabilité et qui consiste à faire prendre en compte par chaque acteur économique, les externalités négatives de son activité. Dr Sidy Ba a également suggéré le schéma des ‘’4 R’’ pour lutter contre la pollution de l’environnement. D’après lui, c’est un mode de gestion des déchets insolites (Reduce-Reuse-Recycle-Recover en anglais). Le 1er R signifie en français ‘’Réduire’’, qui consiste à réduire autant que possible la consommation des plastiques pollueurs. Le 2ème R signifie ‘’Réutiliser’’, c’est-à-dire, prendre soin du premier. Ainsi, un sachet plastique acheté précédemment peut être utilisé plusieurs fois pour réduire la consommation des produits plastiques. Le 3ème R quant à lui signifie ‘’Recycler’’ qui consiste à transformer les sachets plastiques en d’autres objets utilisables au lieu de les jeter dans les ordures. Et le 4ème R est la ‘’Récupération’’, c’est-à-dire récupérer les éléments utilisables avant leur évacuation vers le dépôt final des ordures.
Après Dr Sidy Ba, Baba Faradji N’Diaye de l’Autorité du Bassin du Fleuve Niger (ABFN) a présenté sa structure et les différentes activités qu’elle mène dans le cadre de la protection de l’environnement et du fleuve Niger. Selon lui, ils font le contrôle de la qualité de l’eau par drone, une technique qui leur permet de visionner le fleuve en dessous à travers des installations à partir d’un ordinateur et d’un casque. D’après lui, le drone sous-marin transmet les images sous l’eau directement à l’ordinateur et permet à l’utilisateur de voir sous le fleuve et d’apporter des appréciations.
S’agissant de la 2ème technique (via l’application Smartphone) dit-il, elle consiste à introduire un appareil dans l’eau à partir duquel, des informations générales sont perçues sur la géolocalisation.
M.D
Source: Tjikan