Dr. Moussa Coulibaly, sociologue juge utile de rappeler que les chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) étaient réunis à Niamey ce samedi 6 juillet 2024, la veille d’un (contre) sommet de la Cédéao qui s’est tenu à Abuja au Nigeria, quatre ans après le sommet de Pau tenu en 2020. Selon lui, le temps, la suite des événements est en train de donner raison aux dirigeants actuels des pays de l’AES.
Pour le sociologue, la première observation à faire est que les populations des pays de l’AES malgré les difficultés énergétiques et le coût de la vie élevé, ont adhéré massivement aux changements intervenus dans ces trois pays car, dit-il, les dirigeants qui occupaient le fauteuil présidentiel au Niger, au Mali et au Burkina Faso au moment de ce rendez-vous français aux allures de convocation ont tous été balayés dans une ambiance de liesse populaire.
Il ajoute que les populations ont compris que ces dirigeants évincés étaient tous sous l’emprise de l’Elysée qui leur demandait de continuer à suivre les ordres de Paris pendant que les jihadistes continuaient de massacrer les populations au nord et au centre et pendant que la mauvaise gouvernance des uns battait le record des autres au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Ce sommet, selon notre sociologue, le premier du genre, se tient dans un contexte difficile marqué par la montée en puissance des armées (surtout au Mali), les différentes crises notamment économique pour les uns et énergétique pour les autres, marquent les premiers pas d’une Alliance qui est en train de réussir son pari essentiel, c’est à dire la lutte contre les jihadistes qui a justifié les coups d’Etat dans ces trois pays et c’est pourquoi, estime-t-il, l’un des objectifs majeurs va être l’opérationnalisation effective de la force conjointe qui permettra de lutter efficacement contre les forces du mal dans ces trois pays dont les populations attendent davantage d’efficacité dans la lutte contre les djihadistes.
“Les populations attendent beaucoup de ce sommet. Autant le sommet de Pau demandait aux présidents déchus de ces trois pays de clarifier leur position par rapport à la poursuite de la coopération avec l’armée française, autant les populations de ces trois pays du Sahel s’attendent à des annonces fortes allant dans le sens de l’éradication du jihadisme mais surtout à clarifier davantage la voie à suivre pour atteindre les objectifs de développement et de relance économique”, fait savoir Dr. Coulibaly.
A ses yeux, ce sommet sonne comme un grand oral qui donnera l’occasion aux chefs d’Etat de l’AES de rassurer les populations. Il se tient particulièrement dans un contexte de rejet de la classe politique dans ces trois pays ce qui représente un dénominateur commun. L’autre dénominateur commun est au niveau des attentes des populations et les orientations que ce sommet imprimera désormais à la marche de l’alliance sera déterminante pour l’avenir des trois dirigeants surtout pendant les prochaines élections présidentielles qui vont consacrer le retour à l’ordre constitutionnel.
Ce sommet, pour Dr. Coulibaly, vient au bon moment et sonne comme une réponse au doute mais aussi pour doper le moral des populations qui ont choisi la résilience pour jouer leur partition dans ces moments historiques.
“Il est important pour les pays de l’AES et leurs dirigeants de tirer les leçons du passé. Les tentatives de renaissance de l’Afrique ont toutes échoué ou sont toutes parrainées et contrôlées par l’ancien pays colonisateur à l’image de la Cédéao”, observe notre sociologue.
Il estime que l’Alliance des Etats du Sahel devrait s’extraire de ce schéma suicidaire et inscrire ses actions dans le partenariat gagnant-gagnant. C’est le début de la fin d’un cycle de domination qui sonne pour l’Afrique et qui commence par le Sahel, conclut-il.
Ibrahima Ndiaye