En 2017, 13 hôpitaux ont été passés au crible par l’Agence nationale d’évaluation des hôpitaux (Aneh). Dans un entretien, le médecin Colonel Major, Dr. Karim Camara, directeur général de l’Aneh détaille ses critères d’évaluation. Il fait aussi le point sur l’évolution de la performance dans tous les hôpitaux du Mali de 2015 à 2017. Selon lui, le taux de satisfaction des usagers est élevé à l’hôpital du Mali.
Mali tribune : Combien d’hôpitaux existe-t-il au Mali ?
Dr. Karim Camara : Pour l’instant, nous avons des hôpitaux de troisième référence. Ils sont essentiellement à Bamako. Nous avons des hôpitaux de deuxième référence qui sont dans les régions et il y a des hôpitaux de district qui viennent d’être créés, c’est-à-dire des Centres de santé de référence (Csref) qui sont transformés en hôpitaux. Donc progressivement, ils jouent déjà le rôle d’hôpital parce qu’ils font tous les soins des hôpitaux, ils hospitalisent comme les hôpitaux. Notre cible pour l’instant, c’est 13 hôpitaux dont 7 à Bamako et 6 dans les régions. Il s’agit de l’hôpital du Point G, Gabriel Touré, Hôpital du Mali, l’hôpital de Kati, l’hôpital Odonto, l’IOTA plus l’hôpital le Luxemburg.
Les 6 premiers sont des hôpitaux publics hospitaliers. Mais, l’hôpital le Luxemburg est un hôpital privé à but non lucratif. Ce sont ses 13 hôpitaux que nous avons évalués en 2017. Il y a des nouvelles structures sanitaires qui s’installent et je vous ai parlé des hôpitaux de district.
Nous avons pour l’instant dans les anciennes régions comme Kayes, Sikasso, Mopti, Ségou, Tombouctou et Gao. Il y a les hôpitaux de deuxième référence à ces nivaux là et pour Koulikoro il y a l’hôpital de Kati qui se trouve dans la deuxième région mais c’est un hôpital de deuxième référence qui a une vocation traumatologique de troisième référence. Mais, il faut comprendre que le champ va s’étendre sur les hôpitaux du district. Les anciens Csref vont devenir des hôpitaux. A Bamako, déjà nous avons six Csref qui sont désormais des hôpitaux dans le district de Bamako, district sanitaire c’est un territoire qui englobe un certain nombre d’air de santé.
Mali tribune : Est-ce qu’il y a des critères pour qu’une structure sanitaire soit nommée hôpital ?
Dr. K. C. : Oui, il y a des critères. Nous avons ce qu’on appelle la carte hospitalière. La carte nationale hospitalière décrit les hôpitaux en fonction des services qui existent à ces niveaux. Les hôpitaux peuvent être de première référence, deuxième et troisième référence. La carte hospitalière traite particulièrement les hôpitaux de deuxième et de troisième référence. Il met l’accent sur des hôpitaux spécialisés notamment le Cenas, Centre Odonto et dermatologique et Iota. La loi de création de l’hôpital dermatologique vient de voir le jour. Ainsi, l’ex-institut Marchoux sera transformé en hôpital dermatologique. Ça sera un hôpital spécialisé puisqu’il ne va s’occuper que de la peau.
Mali tribune : L’évaluation des hôpitaux est-elle volontaire ou obligatoire ?
Dr. K. C. : C’est la loi qui le dit. La loi 020-50 du 22 juillet 2002 portant loi hospitalière. Cette loi, en son article 50, crée l’Agence national d’évaluation des hôpitaux. Donc notre mission c’est de veiller à la réalisation des services publics hospitaliers et cela passe par l’évaluation des hôpitaux. Tous les hôpitaux doivent se soumettre à l’évaluation. L’évaluation a pour but d’apporter une amélioration de la qualité dans les hôpitaux. Il permet de faire la performance dans les hôpitaux et de sécuriser les soins apportés aux patients.
Nous sommes un baromètre, la sentinelle pour l’amélioration. De ce fait, tous les hôpitaux sont concernés. Nous avons cité 13 hôpitaux mais tant que le Malien est hospitalisé sur le territoire national cet hôpital est obligé de se soumettre à l’évaluation que ça soit publique ou privé y compris les cliniques privées qui hospitalisent.
Mali tribune : Qui fixe les critères d’évaluation ?
Dr. K. C. : Les critères d’évaluation sont fixés ensemble avec les hôpitaux, c’est-à-dire nous avons des indicateurs et ces indicateurs-là sont partagés. Nous faisons la proposition aux hôpitaux et en atelier nous partageons ces indicateurs-là. On se met d’accord sur ce qu’il faut retenir. Tout le monde est d’accord sur des indicateurs et ces indicateurs seront nos héros au cours d’une évaluation. Donc si je prends l’exemple de 2017 nous avons arrêté depuis 2015 ensemble 15 indicateurs et ces 15 indicateurs permettent à ce que nous évaluons et nous avons une autre approche, c’est de demander aux hôpitaux de s’auto-évaluer avant l’évaluation externe. Il y a beaucoup d’hôpitaux aujourd’hui qui sont dans cette dynamique. Cela permet de booster la qualité parce qu’une des démarches qualité, c’est de pouvoir se critiquer soit même, voir se jauger soit même avant que quelqu’un te juge.
Mali tribune : Quels sont les critères d’évaluation ?
Dr. K. C. : Les critères d’évaluation, c’est à travers des indicateurs par ce que nous mesurons ces indicateurs qui rentrent dans le cadre de ce qu’on appelle les normes professionnelles : les infrastructures, l’état des équipements, les procédures de soins. En plus de ces normes professionnelles, nous voyons les résultats. Ce qu’ils ont comme résultat à travers le travail qu’ils font. Mais, également nous en profitons pour faire ce qu’on appelle l’enquête de satisfaction des usagers. Nous prenons un échantillon pour faire l’enquête et connaitre un peu le sentiment des usagers. Donc, les normes professionnelles plus la satisfaction des usagers permettent de voir le niveau à peu près tant de la qualité, que des performances de l’hôpital.
Mali tribune : Quel est le dernier classement des hôpitaux maliens ?
Dr. K. C. : En réalité, il n’y a pas de classement des hôpitaux. Parce que l’hôpital doit être évalué en lui-même. Pour la performance, on doit se dire, je suis à A je dois aller à B, et qu’est-ce qu’il faut faire pour arriver à B ?
Si nous prenons l’enquête des usagers, il y a des hôpitaux qui émergent par rapport aux autres. Par exemple, l’enquête effectuée au niveau des hôpitaux en ce qui concerne les usagers, dans le cas de l’évaluation de 2017, montre que le taux de satisfaction est élevé à l’hôpital du Mali. L’hôpital du Mali quand même émerge il faut le dire d’une façon générale par rapport aux autres. L’hôpital Gabriel Touré est à la traine, il faut le dire aussi. Voilà à peu près le schéma que vous pouvez savoir sinon il y a des hôpitaux qui sont entre les deux, qui avancent aussi mais ce qu’il faut se dire, c’est que la performance a évolué positivement dans tous les hôpitaux de 2015 à 2017. C’est grâce aux différentes évaluations que nous faisons. Ça met les gouvernances s’il faut le dire ainsi des hôpitaux et les gestionnaires des hôpitaux à faire en sorte que ce taux puisse améliorer davantage donc ils se mettent au travail pour le faire.
(propos recueillis par)
Djénébou Kane
Mali Tribune