Lors de la dernière rencontre des leaders du Mouvement de contestation à l’origine de la chute d’IBK, ses leaders promettaient de « rectifier la trajectoire de la Transition ». Depuis, c’est silence radio. C’est pourquoi, le week-end dernier, nous avons décidé de la rencontrer Dr Choguel Maïga dans un coin perdu de notre belle et sale capitale. Parce que, dit-il, les murs ont des orteils, pardon des oreilles. Interviou imaginaire. Ou presque.
Bonjour président, ça fait un bail hein !
T’inquiètes, Le Mollah, nous sommes là, plus déterminés que jamais pour l’avènement du « Mali Koura » que nos concitoyens appellent de tous leurs vœux.
Lors de leur dernière rencontre, les leaders du M5-RFP promettaient de « rectifier la trajectoire de la Transition ». Donc, la trajectoire de la Transition est tordue ?
Depuis six mois déjà. La trajectoire de la Transition est tordue parce qu’elle ne permettra pas, à l’issue de ses 18 mois, d’accoucher du « Mali Koura » pour lequel 23 de nos jeunes militants ont perdu la vie, devant la mosquée de Badalabougou.
Vous voulez dire que les autorités de la Transition font du IBK sans IBK ?
C’est bien de cela qu’il s’agit. Encore que sous IBK, ni Farabougou, ni la zone de Niono n’ont été assiégées par les groupes terroristes. Comme c’est le cas, aujourd’hui. Et dire que ce sont des militaires, qui dirigent ce pays depuis le coup d’état du 18 août 2020, qui a mis fin au régime d’IBK.
A quoi les Maliens doivent-ils s’attendre de la part du M5-RFP les semaines, voire les mois à venir ?
Nous sommes, désormais, prêts pour reprendre le combat là où nous l’avions lassé. Il va s’agir, principalement, de deux choses. Primo, rectifier la trajectoire de la Transition, en y intégrant la refondation du Mali. Secundo, imposer aux autorités de la Transition un calendrier très clair, assorti des réformes politiques et institutionnelles à mener pour les onze petits mois qui leur reste.
Tout sera mis en œuvre, les jours à venir, pour ce faire.
C’est pour toutes ces raisons que vous dites que la Transition marche sur la tête ?
Evidemment ! Car au rythme où vont les choses, cette Transition n’aboutira, au terme des 18 mois, au « Mali Koura » que si nous rectifions sa trajectoire. C’est pour cela que nous pensons qu’il est temps, grand temps, de remettre la Transition sur ses jambes. Nul ne peut marcher sur la tête et espérer aboutir à un résultat.
Le « Très respecté » imam Mahmoud Dicko sera-t-il à vos côtés pour mener à bien ce combat ?
Je le crois ! Certes, nous avons des divergences d’approche avec l’imam Dicko, mais lui et nous sommes d’accord sur l’essentiel : profiter de cette Transition pour refonder le pays ou, à tout le moins, jeter les bases de sa refondation.
Il paraît que vous vous êtes rencontrés, récemment, en apartheid. Si oui, de quoi avez-vous parlé ?
Sans rentrer dans les confidences, je peux vous dire que nous avons parlé de la nécessité de conjuguer nos efforts pour parvenir, les semaines ou mois à venir, à une refondation véritable du pays. Et s’il plaît à Dieu, les militants et sympathisants du M5-RFP seront heureux d’accueillir dans nos rangs le « très vénéré » imam Mahmoud Dicko pour poursuivre, ensemble, le combat que nous avons commencé, main dans la main.
Mr le président, le front social en ébullition, avec à la clé, des grèves qui ne finissent pas de finir. Et ce dans tous les secteurs ou presque. Qu’en pensez-vous ?
Toutes ces grèves sont le symptôme des mécontentements qui se sont cristallisés des mois durant. Mécontentements, surtout, liés à la mal gouvernance, dont le pays fait l’objet.
Vous voulez dire même sous la Transition ?
Bien sûr ! Dites-moi, qu’est-ce qui a changé depuis le départ d’IBK ? La crise s’est même aggravée. Avec une misère et une insécurité, devenues endémiques depuis plus de six mois.
Si vous interrogez les Maliens, aujourd’hui, l’écrasante majorité vous diront qu’ils regretteront le départ de l’ancien président de la République. Parce que les promesses faites aux populations, par les nouveaux maîtres du pays, n’ont pas été tenues. Si les autorités de la Transition continuent de « faire du IBK sans IBK », nous irons droit à la catastrophe.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source : Canard Déchaine