Le ministre de l’économie et des Finances, Dr Boubou Cissé a co-animé une conférence de presse, le samedi 3 novembre 2018 à son département sis au quartier Hamdallaye ACI 2000 de Bamako avec la cheffe de mission du Fonds monétaire international (FMI), Mme Boriana Yontcheva, pour parler de la situation macro économique du Mali. Au cours cette conférence de presse, le ministre reconnait qu’il y a des tensions de trésorerie au Mali qui s’expliquent par le fait qu’il y a des dépenses qui n’avaient pas été prévues par le budget d’Etat et que l’Etat a été obligé de les prendre en charge telles que la situation au sein de l’Energie du Mali (EDM). « Il y a des tensions de trésorerie qui ne sont pas cachées, cela a fait que nous avons pris certaines décisions nécessaires pour toute personne qui a la charge de la gestion des deniers publics… Ces tensions de trésorerie, on ne peut pas les nier, elles sont vraies…», a souligné le ministre de l’économie et des finances.
Une mission du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Boriana Yontcheva, a séjourné à Bamako du 24 octobre au 3 novembre 2018 dans le cadre des consultations relatives à la dixième revue du programme économique et financier du Mali appuyé par l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) du FMI. Les travaux de cette mission ont été sanctionnés par une conférence de presse animée par le ministre de l’économie et des finances, Dr Boubou Cissé et Mme Boriana Yontcheva du FMI. Dans ses mots de bienvenue, le ministre Boubou Cissé a fait savoir que la 10ème revue et la dernière du FMI consiste à faire le point de la situation macro-économique du Mali. En réponse aux questions des journalistes, le ministre Boubou Cissé a signalé que 22% du budget national sont alloués à la sécurité. Par ailleurs il a invité l’administration qui est chargée de veiller sur les prix des produits à être plus rigoureuse sur le contrôle des prix. Ceci dit, il fera savoir que sans les exonérations de l’Etat, les produits pétroliers (essences, gazoil etc) allaient prendre de l’ascenseur. Quelle est votre réaction par rapport aux rumeurs qui circulent comme quoi les caisses de l’Etat malien sont vides ? « Oui on entend parler de cela, l’Etat est en faillite, les caisses sont vides. Pendant que les autres parlent, nous sommes dans l’action. Un Etat en faillite est un Etat surendetté. Nous ne sommes pas un pays surendetté qui n’arrive pas à faire face de sa dette. Aujourd’hui, Dieu merci, les salaires sont payés régulièrement avant même la date légale, les pensions sont payées en République du Mali », a déclaré le ministre Boubou Cissé. Avant d’ajouter que chaque mois le pays paye une cinquantaine de milliards de FCFA pour faire face à ses missions régaliennes. Pour lui, un pays en faillite ne peut pas faire cette prise en charge. «Nous remboursons normalement nos dettes. Il n y a jamais eu défaut de paiement de dette. Il y a des tensions de trésorerie qui ne sont pas cachées, cela a fait que nous avons pris certaines décisions nécessaires pour toute personne qui a la charge de la gestion des deniers publics », a indiqué Dr Boubou Cissé. A l’en croire, cette tension de trésorerie peut aussi s’expliquer du fait qu’il y a des dépenses qui n’avaient pas été prévues par le budget d’Etat que l’Etat été prendre en charge. « On a parlé de la situation de l’Energie du Mali (EDM). Depuis le mois d’avril, le trésor public s’est substitué à l’Energie du Mali (EDM) pour aider Edm à faire face à ses missions. Si on ne fait pas ça, c’est Bamako qui est en noir. Parce que les fournisseurs ont menacé de fermer la fourniture d’hydrocarbure. Ces tensions de trésorerie, on ne peut pas les nier, elles sont vraies mais de là à parler d’une faillite, on est très loin d’une faillite », a précisé le ministre Boubou Cissé.
Le FMI invite l’Etat malien à sécuriser le pays pour booster la croissance
Pour sa part, la cheffe de mission du FMI, Boriana Yontcheva a souligné que la facilité élargie de crédit (FEC) du FMI est une aide financière aux pays qui connaissent des difficultés prolongées de balance de paiements. Avant d’ajouter que la FEC permet de rétablir la stabilité et la viabilité macroéconomiques. Pour elle, le Mali a retrouvé le chemin de la croissance. Cependant, elle a invité le Mali à poursuivre non seulement les efforts de sécurisation du pays mais aussi, à renforcer la compétitivité et la diversification de l’économie afin de contenir les vulnérabilités et booster la croissance. Dans sa déclaration, la cheffe de mission du FMI, Boriana Yontcheva a indiqué que «La mission du FMI et les autorités Maliennes sont parvenues à un accord préliminaire sur la conclusion de la dixième revue du programme économique et financier du Mali soutenu par la FEC du FMI, sous réserve de l’approbation par la Direction et le Conseil d’administration du FMI. L’examen du dossier par le Conseil d’Administration du FMI est prévu pour décembre 2018 ». Selon elle, la croissance du PIB de 2018, soutenue par une production agricole solide, devrait rester robuste à environ 5 %. Et d’ajouter que l’inflation est projetée à environ 1.9 %, en dessous du plafond régional. «La mise en œuvre du programme au cours du premier semestre 2018 a été globalement satisfaisante. La mission et les autorités ont revu l’exécution budgétaire du premier semestre 2018. La plupart des critères quantitatifs de performance à fin juin 2018 ont été atteints. La moins-value importante au niveau des recettes intérieures a été compensée par une réduction des dépenses car les autorités ont fait preuve de détermination pour respecter leur objectif de déficit budgétaire. Le niveau attendu des recettes à fin Décembre 2018 est inférieur à l’objectif du Gouvernement de 1 pourcent du PIB. En plus de la mise en œuvre de mesures correctives d’administration fiscale pour redresser le niveau des recettes, les autorités ont également prévu de resserrer significativement les dépenses d’investissement moins prioritaires financées sur les ressources intérieures et les dépenses courantes, hors salaire, afin de respecter l’objectif de déficit budgétaire de 2018 », a-t-elle dit. A l’en croire, plusieurs réformes structurelles ont été mises en œuvre, en particulier celle sur la gouvernance où l’objectif de transmission des déclarations de patrimoine par les hauts fonctionnaires a été largement rempli. Cependant, dit-elle, la formule de fixation des prix pétroliers n’a pas été constamment mise en œuvre et la réforme relative au relèvement du seuil des investissements bénéficiant d’exonérations fiscales a été retardée. « Le budget préliminaire de 2019 est en ligne avec le respect du critère de convergence de l’UEMOA limitant le déficit budgétaire à 3 % du PIB. Atteindre cet objectif va nécessiter plus d’efforts de recouvrement des recettes dans un contexte de prix pétroliers toujours élevés et une situation sécuritaire difficile », a-t-elle dit. Pour le moyen terme, Boriana Yontcheva a fait savoir que les autorités maliennes doivent accroître leurs efforts afin de créer de l’espace pour les dépenses en infrastructures et sociales. « Cela nécessitera une mise en œuvre inébranlable des réformes sur l’amélioration de l’administration fiscale, l’amélioration de l’efficacité de la taxation du secteur minier et des recettes sur les produits pétroliers, ainsi que l’amélioration de la gestion des finances publiques, en particulier l’augmentation de l’efficacité des investissements publics et le renforcement de la gestion de la dette», a-t-elle conclu.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain