Nango Dembélé, ancien PDG, et d’autres cadres de la CMDT, auraient été convoqués et auditionnés, selon des sources bien introduites, au Pôle National de Lutte contre la Cybercriminalité, dans le cadre des enquêtes sur des messages vocaux compromettants sur la gestion de l’argent des cotonculteurs et des pesticides avariés livrés à la CMDT, toutes choses qui sont d’ailleurs à la base du double limogeage de Lassine Dembélé de la tête du Ministère de l’Agriculture, et de Nango de son poste de PDG.
Les messages vocaux dont il est question et dont se sont échangés les responsables concernés visaient à inciter les producteurs à dissimuler des stocks de pesticides non homologués et d’une très grande toxicité à la veille d’une mission d’inspection de la présidence de la Transition.
Selon des sources, les enquêtes en cours devraient permettre de déterminer toutes les implications dans
ce dossier sulfureux. Le cas Lassine Dembélé, compte tenu de son statut d’ancien ministre, serait aussi en train d’être examiné avec soin.
Un rappel des faits pour mieux cerner le dossier
Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta a limogé, le 16 juillet dernier, le ministre de
l’Agriculture ainsi que le Directeur Général de la CMDT (Compagnie Malienne pour le Développement du Textile). Il faut dire que ce double limogeage n’a pas surpris beaucoup de monde, puisque intervenu alors que la campagne du coton faisait face à d’importantes difficultés économiques, avec plusieurs cotonculteurs qui n’avaient toujours pas été payés à l’issue de la dernière campagne.
Autrement dit, Lassine et Nango Dembélé ont payé cash le prix de leur négligence quant à la diligence
à accorder à la question du coton dans notre pays, et pour laquelle le Président de la Transition ne cesse
de consentir d’énormes sacrifices. Il est intervenu aussi quelques temps plus tard après que Nango Dembélé a assuré que le paiement des producteurs de coton était quasiment réglé et que les éventuels retards étaient attribuables à des aspects de manque de refinancement plutôt qu’à un manque de fonds. Il avait même surpris certains observateurs en minimisant la marge du reliquat à payer aux paysans à seulement 18% du besoin total, soit 176 milliards de FCFA, comme si cette manne ne représentait rien, alors que les pauvres paysans rasaient le mur !
En effet, alors que la campagne agricole 2024-2025 avait déjà débuté dans plusieurs localités, beaucoup de cotonculteurs étaient toujours à l’attente de leur argent de la campagne cotonnière de l’année passée. Une situation qui n’avait d’ailleurs pas échappé à l’ancien Premier ministre Moussa Mara qui avait tiré la sonnette d’alerte en interpellant les autorités. Mara donnait même des exemples dans la commune rurale de Defina, cercle de Bougouni, où seulement deux (2) coopératives de producteurs sur les dix-sept (17) avaient été payées.
De ce bourbier économique, s’ajoutaient aussi des retards dans la fourniture au producteur de plusieurs tonnes d’engrais ainsi que des semences et produits phytosanitaires. Si des assurances avaient données que les intrants seraient disponibles avant le début de la campagne, les fleurs ne furent cependant pas à la hauteur des promesses, car la campagne a commencé alors que de nombreux paysans rencontraient encore des difficultés d’accès aux intrants agricoles.
Indépendamment à cela, il y a aussi le dossier de détournement des engrais subventionnés dont des
échantillons trouvés dans d’autres types de sacs à Sikasso n’étaient qu’une infime partie, et celui de
la subvention pour compenser les pertes dues à l’invasion de nouvelles espèces de Cicadelles (Jassides) ou des cas d’inondations par endroit durant la campagne cotonnière 2022/2023 pour une enveloppe de 9,938 milliards de nos francs, en vue d’aider les paysans touchés à faire face aux conséquences de ces sinistres. Il semblerait qu’il y ait aussi des failles dans la gestion de ce dossier.
Le Soir de Bamako