Ces derniers temps, beaucoup d’usagers se sont plaint des procédures de dons de sang destinés aux personnes malades au Centre national de Transfusion sanguine (CNTS). Entre la demande qui monte d’un cran et la limite de la capacité du centre à satisfaire tout le monde à la fois, cette procédure, considérée simple, gratuite et rapide, est devenue un parcours de titans. D’un côté les usagers qui ne détiennent que très peu d’information se plaignent de la lenteur du service rendu, mais de l’autre, le directeur du centre, le professeur Alassane Bah, explique les raisons de cette complication et appelle à la patience et à la compréhension de tout un chacun.
C’est un véritable calvaire décrit par certains usagers qui, récemment, ont eu besoin de sang pour leurs malades. Lundi 05 septembre 2022, il est 8 heures et beaucoup d’usagers sont sur place pour s’enregistrer dans le but de faire un don de sang pour un parent ou proche malade. Certains sont assis, mais d’autres restent debout faute de place. C’est donc parti pour une longue heure d’attente.
Selon des usagers trouvés sur place, la procédure se passe dans une file de longue attente qui peut aller de 09 heures à 14 heures. Mieux, les donneurs de sang payent une somme forfaitaire avant le faire le don. Confusion ! Les usagers dont la plupart sont très peu informés sur les procédures se plaignent de la procédure.
Un cauchemar pour certains !
Souvent dans des besoins urgents, certains usagers ne comprennent pas cette lenteur. Parmi les usagers qui ont accepté de témoigner, certains racontent à visage découvert, d’autres sous anonymat. « Je viens du Centre national de Transfusion sanguine comme ça. Et je n’ai pas du tout aimé ce que j’ai vécu. Allez-y chercher à savoir. C’est un vrai calvaire pour les usagers. Les gens sont livrés à eux-mêmes et il n’y aucune politique de communication. C’est vraiment très décevant et le comportement du personnel aussi laisse à désirer. Imaginez, deux heures de temps pour payer 3000 FCFA ou parfois 5000 FCFA. Puis, deux heures encore pour être au soi-disant accueil afin d’être enregistré et se faire prélever du sang, avec l’espoir de recevoir une poche de sang. Le système est organisé pour attendre 14 autres heures pour la distribution collective du sang aux usagers concernés. Et vérifiez bien comment ce service d’urgence de dimension nationale offre son service à ceux qui ont besoin de sang durant les weekends », nous confie un usager sous anonymat.
- Oumar Diarra est un autre usager, il témoigne : « Nous étions présents à la banque de sang de 09h à 14h et quelques minutes, mon besoin était de 03 poches dont la première poche ne sera livrée que le lendemain à 14h et par la suite une poche par jour et toujours encore à partir de 14h. Donc, je vous invite à observer vous-même pour mieux apprécier le calvaire des usagers. »
Le DG explique !
Pour le directeur général du Centre national de Transfusion sanguine, professeur Alassane Bah, bien que la situation soit déplorable, il y a bien des raisons qui justifient toutes les situations. « Pour répondre à ses usagers, ici nous travaillons pour la sécurité des malades. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire en sorte que tous les usagers qui reçoivent des transfusions soient pris en charge dans de meilleures conditions. Nous faisons en sorte qu’ils reçoivent des transfusions sécurisées », souligne-t-il.
Concernant le payement, le directeur général précise : « Pour ce qui concerne la somme payée, cela concerne les tests de compatibilité avant de procéder à ce qu’on appelle l’étape de don de sang. Donc, on ne prend pas de l’argent par plaisir de le prendre, mais on fait juste payer les tests de compatibilité qui s’élèvent à 3000 FCFA. Parce que nous nous sommes rendu compte que sur beaucoup de demandes qui viennent au Centre national de Transfusion sanguine, il y a souvent des erreurs de groupages. Ces tests très généralement nous permettent de nous rendre compte qu’il y a des erreurs. Vous trouverez que le groupe indiqué pour le malade n’est pas le bon groupe. Imaginez ce que cela peut causer comme anomalie chez un malade si nous négligeons ces aspects-là. D’autres parts, ces tests permettent d’éviter qu’il y ait un conflit antigène-anticorps chez certains malades. Il faut noter par ailleurs que pratiquement toutes ces demandes viennent des cliniques privées vu que, pour les services publics, cela se gère au niveau des banques de sang auxquels le CNTS fournit des poches de sang. »
Concernant la lenteur du processus, le directeur général, s’explique : « Alors tous ces processus prennent du temps. Il faut signaler aussi que nos locaux sont exigus. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement qui ne répond plus aux normes de qualité, de sécurité et de confidentialité. Parce qu’au départ ce bâtiment a été conçu pour cinq mille dons et aujourd’hui nous sommes à environ 60 mille dons par an. »
En somme, les autorités sont fortement interpellées pour rehausser le niveau de la capacité d’accueil de ce centre qui a pour vocation d’être un centre de dimension nationale.
Amadou Kodio
Source: Ziré