Dans l’arrêté N°2017-0011/GRT-CAB du 18 avril 2017 du gouverneur de la région de Tombouctou, Koïna Ag Ahmadou, le village de Garbeye, dans la commune rurale de M’Bouna dans le cercle de Goundam, est scindée en deux. Cette division s’est effectuée sans le consentement des villageois qui se plaignent d’être victimes de pratiques « pour faux et usage de faux » de la part de leurs autorités puisque cette division ne respecte, à leurs yeux, aucune procédure de création de fraction ou de village.
Si la loi N°06-023 de juin 2006 stipule en son article 3 que « la fraction est constituée par la réunion de plusieurs familles nomades regroupées en campements », alors le village de Garbeye dit être victime d’une injustice à ciel ouvert. Selon l’arrêté N°2017-0011/GRT-CAB du 18 avril 2017 du gouverneur de la région de Tombouctou portant création d’une fraction à partir de Garbeye et de l’arrêté N°2017-0011/GRT-CAB du 18 avril 2017 du même gouverneur de la région de Tombouctou portant cette fois-ci création d’un second village à partir de la dislocation de Garbeye.
Rien qu’en regardant les deux arrêtés, on se rend vite compte d’un complot ourdi, d’une pratique pour faux et usage de faux. Deux arrêtés datant du même jour, du même mois voire de la même année et sur la même situation, mais se contredisant dans les dits. Dans le même arrêté, le gouverneur fait état de la création d’une fraction alors que dans le second, il s’agit de celle d’un village. Comment le gouverneur a fait pour envoyer ces deux arrêtés le même jour ? Dans quel intérêt a-t-il agi ainsi ? Des questions embarrassantes.
Tout ce que nous savons, c’est que le village concerné, Garbeye, n’a été au courant de cette division que par ouï-dire. La lettre du chef de village de ladite localité, Khamid Mamily, à la date du 8 septembre 2017 adressée au préfet de Goundam atteste leur ignorance en ce qui concerne cette affaire : « En effet, Monsieur le Préfet, c’est à partir des rumeurs que j’ai appris courant cette semaine l’existence de la mention citée en objet [Demande de la décision portant création de nouveau village à partir de la scission de celui de Garbeye]. Et jusqu’au moment où je vous adresse cette correspondance, ladite décision ne m’a pas été officiellement notifiée. »
En se portant sur le contenu de cette lettre du chef de village de Garbeye, il est possible de comprendre que cette décision de nouvelle création ne correspond à aucune norme législative. Le seuil démographique de 200 habitants pour la création d’une fraction, la non-remise en cause de l’existence d’un village ou d’une fraction ou quartier existant, l’avis du conseil communal etc. Aux dires dire Khamid Mamily, la création de Garbay Haïna (le nouveau village ou la nouvelle fraction) viole ces principes. Une fraction de 85 familles dans lesquelles des noms d’individus sont mentionnés, mais qui ne vivent plus ou encore qui ne sont pas chef de famille ou encore des personnes mal portantes.
Cette demande de création voire de division serait l’œuvre de quatre (4) conseillers qui ont accepté de signer la décision. Mahamar Modi et Intissibdar Adoudou sont ceux qui sont, parmi les conseillers, d’accord avec cette division. Par contre, Alhaye Alwali et Ebaraye Aldjoumatt entendent rester à leur poste de conseiller.
Le souci du chef du village victime est que ces genres de pratiques qu’il juge politiques peuvent contribuer à envenimer la situation, à amener des conflits intercommunautaires surtout dans une zone où les réalités ne sont cachées de personne. « Cette situation compromet et crée des remous sociaux sans précédent au niveau des paisibles populations et procède à la destruction du tissu familial et social alors qu’ils vivaient en parfaite harmonie », explique M. Mamily. Celui-ci explique d’ailleurs aussi que le nouveau territoire issu de la scission de son village, Garbay Haïna, est un champ qui l’appartient et cela depuis les temps de ses parents et grands-parents.
Toutes les populations de cette zone ont su vivre jadis en parfaite harmonie sans le moindre malentendu.
Une correspondance particulière à Goundam confirme cette affaire de division et fait savoir que Garbay Haina possède déjà sa décision de création.
Des recensements auraient été effectués à la date du 10-12-2017 dans cette nouvelle localité sous l’autorisation du maire et du sous-préfet, informe le chef de village de Garbeye.
Les autorités dans leur lutte politique ou dans leur quête d’intérêts égoïstes doivent songer à la préservation du tissu social des localités. Aucune autre tension sociale n’arrange le Mali et peut compromettre son existence.
Fousseni TOGOLA