Après les assurances données par le ministre de l’Administration territoriale sur la bonne organisation de l’opération de distribution des cartes électorales, notre équipe de reportage était dans certains centres de Mandé et de Bamako pour s’imprégner de la réalité du terrain. Reportage !
A Djoliba, les paysans préfèrent s’occuper de leur champ
Lancée depuis le 20 juin 2018, soit à 40 jours du 1er tour de l’élection présidentielle, l’opération de distribution des cartes d’électeurs risquent de ne pas mobiliser à hauteur de souhait, notamment dans les villages du Mandé où l’hivernage bât, actuellement, son plein. A mois du 1er tour de l’élection présidentielle, le vieux paysan Sidi Konaté, chef d’une famille de 15 membres tous en âge de voter à Djoliba, ne sait pas encore si sa famille sera au rendez-vous électoral du 29 juillet 2018. « Je doute fort sur la participation de ma famille, car toutes les options sont envisageables pour le retrait des cartes, sauf que d’abandonner les champs en cette hivernage. La seule chose que je pouvais c’était envoyer quelqu’un prendre les cartes de la famille. Mais, ils ont aussi fait l’erreur, cette année, d’individualiser le retrait », regrette le chef de famille.
Le centre du Groupe scolaire Aminata Diop en grève à cause des perdiems
Après 9 jours de travail sans absence de toute garantie de payement de leurs per diem, les agents de distribution de cartes électorale du centre du Groupe scolaire de Lafiabougou ont cessé les travaux, le jeudi 28 juin 2018. C’est devant une foule de demandeurs de cartes d’électeur que le président du centre est venu annoncer, aux environs de 10 heures, la mauvaise nouvelle. « Je suis au regret de vous annoncer que nous suspendons les travaux jusqu’à nouvel ordre. C’est-à-dire, en attendant d’être situé sur les conditions de payement de nos per diem», a dit le président du centre devant une foule mécontente de demandeurs de cartes d’électeur. Selon Moussa Koné, c’est la dernière fois qu’il met les pieds dans ce centre. « Je renonce à mon droit de vote. C’est de la merde tout ça ! », nous a-t-il lancé à la sauvette.
Démotivation à Kalabambougou
C’est aux environs de 16 heures, lundi 26 juin 2018, que notre équipe de reportage est arrivée au centre de distribution des cartes électorales de Kalabambougou village. A notre arrivée, le président du centre s’apprêtait à fermer la porte. C’était la fin du travail après 8 heures d’opération de distribution de carte. Après la représentation, c’est le représentant du RPDM au centre de distribution de Kalabambougou village, Flaoulé Sissoko qui est délégué par le président du centre de répondre à nos questions. Selon interlocuteur, le centre de distribution de Kalabambougou village est à 5ème jour de travail et a plus 5000 cartes d’électeurs pour mission à distribuer. « Mais les populations ne se mobilisent pas à hauteur de souhait. Les résultats des 5 jours de travail se présentent comme Suit : le 1er jour : 46 ; 2ème jour : 166, 3ème jour : 160 ; 4ème jour : 103 et le 5ème : 125 cartes d’électeur distribuées », explique-t-il.
Face ce faible taux de retrait des cartes d’électeurs à Kalabambougou village, le représentant du RPDM a une explication. A l’en croire, certains demandeurs de carte débarquent dans le centre sans aucune pièce d’identité. « Leurs photos montrent bien qu’il s’agit bien d’eux, mais nous ne pouvons les laisser partir avec la carte. Ce serait contre la loi et la réglementation qui dit que pour retirer sa carte, il faut montré une pièce d’identité. A cela, s’ajoute des erreurs de frappe sur le nom de certains demandeurs de la carte électorale», regrette Flaoulé Sissoko.
S’agissant de l’état de motivation des agents de distribution des cartes électorales, Mr Sissoko signale qu’ils vivent dans avec la peur au ventre quant au payement de leurs per diem. « En plus de manger à nos frais tous les jours, nous savons pas jusqu’à présent non seulement le montant de nos per diem, mais aussi la personne à qui nous devons nous adresser pour les réclamer. La persistance de cette inquiétude commence à agacer vraiment », s’indigne l’agent de distribution.
Sébénicoro AB face à un problème d’effectif des agents
Pour rappel, c’est dans ce centre que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta accompagné de son épouse, Mme Kéïta Aminata Maïga, a retiré, le samedi 23 juin 2018, sa carte d’électeur. Comme à Kalabambougou, les demandeurs de cartes d’électeurs ne se bousculent pas aussi à hauteur de souhait. A en croire le président du centre, à une semaine d’opération de distribution des cartes électorales, le centre qui dispose plus 5000 cartes d’électeurs à distribuer est à environ500 cartes retirées. « Il y a sans doute des efforts à faire en terme de mobilisation. En plus, nous regrettons beaucoup l’impatience des demandeurs de cartes. Les gens ne sont pas du tout patients. Alors nous faisons un travail manuel. Le problème, c’est au niveau des usagers. En fin, il y a certains qui viennent nous faire travailler inutilement, car ils ne savent où ils doivent aller chercher leurs cartes. Mais, avec tous ces problèmes, nous nous tâchons de faire avec. On gère », a dit le président du centre du Groupe scolaire AB de Sébénicoro côté marché.
Par ailleurs, il informe les demandeurs des cartes que le retrait est individuel. « Sur ce point, la loi s’applique dans toute sa rigueur. Pour preuve, le président de la République est passé ici retirer sa carte alors qu’il y avait des cartes appartenant à des membres de sa famille. Mais, il est reparti sans leurs cartes, parce que c’est la loi qui le veut ainsi », informe Boubacar Togo.
Au-delà, le président du centre du Groupe scolaire de Sébénicoro côté marché signale un problème d’effectif des agents de distribution. « Jusque-là, on attend toujours certains délégués des partis politiques désignés pour faire le travail de la distribution des cartes », a indiqué Boubacar Togo.
Les travaux de distributions suspendus à Kanadjiguila
La grève a été bien observée à la lettre en commune du Mandé. Conséquence directe : à notre passage, le mardi 26 juin 2018, les activités de distribution des cartes électorales étaient suspendues dans le centre de Kanadjiguila. Pire, selon les informations reçues sur place, Kanadjiguila n’est, d’ailleurs, pas le seul dans cette situation. « L’opération de distribution est complètement arrêtée dans tous les centres de la commune du Mandé depuis le lundi, entre 11 heures et midi. Cela a continué durant toute la matinée du mardi au grand mécontentement des électeurs impatients d’être en possession de leurs cartes», affirme une source proche de la mairie. Selon Daouda Coulibaly, venu retirer sa carte, cette situation est inacceptable. « Où est le sérieux de l’Etat dans tout ça ? On abandonne nos occupations pour venir chercher nos cartes et on trouve qu’il n’y a personne. C’est un énorme gâchis », s’indigne le citoyen.
La Rédaction
Source: Info-Soir