Longtemps privé de l’union et de la cohésion, le Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ-Mali) est en phase de tourner ces pages sombres de son histoire. Au cours du forum national de la jeunesse, des acteurs jouent cartes sur table. Que disent-ils? Reportage
Tout comme l’État malien, la jeunesse elle aussi est dans un état de convalescence avec le nouveau bureau venant d’être mis en place à l’issue de 4é congrès du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ-Mali), tenu le 27 novembre dernier. Quelques mois plus tôt, au sein du même groupe, le courant passait en discontinu.
Ainsi, pour vider les cœurs et mettre tout à plat, elle s’est offert cette assise nationale, dédiée à elle, pour recoudre le tissu déchiré après plusieurs années de mésentente et de guéguerre.
À cœur ouvert, des autorités politiques, administratives et de jeunesse échangent de ceux qui ont tant désuni cette couche à la fois un défi et une opportunité pour le pays.
Car, selon plusieurs documents, elle représente plus de la moitie de la population et occupe plus de 30% de la population active.
Jeunesse instrumentalisée ou conflit d’intérêts
Créé par les autorités du pays pour regrouper les jeunes du pays et leur permettre de prendre part à certaines décisions leur concernant, le Conseil national de la jeunesse du Mali est aujourd’hui, selon certains, un instrument pour des politiques d’aboutir à leurs fins qui ne fait pas pourtant l’unanimité.
Selon le ministre de la Jeunesse et des sports, Me Mamadou Gaoussou DIARRA, la fragilité de la jeunesse fait d’elle une proie facilite pour des hommes politiques qui leur utilisent à des fins personnelles.
« Ils les amènent sur le terrain qui ne va que dans le sens de leur intérêt et non celui du développement du pays. On joue sur la division de la jeunesse à des fins personnelles. Les jeunes doivent comprendre qu’ils sont vecteurs de la paix que seul dans l’union ils peuvent bâtir le pays, selon leur slogan», a expliqué le ministre regrettant par ailleurs qu’il y ait encore certains qui ne veulent pas que cette jeunesse soit unie pour son épanouissement.
Loin de lui, a ajouté le ministre, d’interdire aux jeunes de faire de la politique.
« On peut être jeune et avoir une ambition politique. Mais, cette ambition ne doit pas faire perdre de vue aux jeunes de leur appartenance à une communauté. Les concepts politiques et religieux qui nous amènent la division doivent être transcendés», conseille-t-il.
Allant dans le sens opposé que leur ministre de tutelle, Abdoulaye CISSOKO de l’association des pionniers du Mali, accuse des régimes précédents de tentative de division à l’interne du CNJ-Mali. Tentative, pour M. CISSOKO, parce que jusque-là c’est des réticences et non une division soutenant toutefois « que des actions posées par certains d’entre nous rentrent dans le cadre de la défense de leurs intérêts. Ce qui est tout à fait normal».
Le directeur national de la jeunesse, Drissa GUINDO, lui, estime seulement qu’il y a des débats à faire qui ont manqué dans le groupe.
«Ça ne finit jamais, quand le CNJ-Mali a plus de mille associations membres. Je ne parle pas de division, peut-être, il y a des moments d’incompréhension», a déclaré M. GUINDO.
Quant au président du CNJ-Mali, Mohamed Salia TOURÉ, il soutient que ces controverses sont nées souvent d’un manque d’indulgence ou d’une mauvaise interprétation de leurs différences socioreligieuses et même souvent politiques.
Profitant de l’occasion, il invite ses camarades « Nous ne cédons pas à la tentative de la haine parce que la malveillance est une maladie, une affection de l’intelligence qui ne doit pas nous couper de ce qui nous unit».
Toutefois, il affirme sa disponibilité et son engagement de regrouper les jeunes du pays.
«Avec les défis auxquels les jeunes sont confrontés, il faut travailler à l’union. J’ai la main tendue à tous ceux qui veulent être dans le groupe», a-t-il fait savoir.
À C, participant au forum, sous l’anonymat, confesse que l’une des sources de mésentente au sein du CNJ-Mali est le privilège que les membres du bureau ont au détriment des milliers d’autres jeunes à la recherche de quoi se nourrir.
Cette production est réalisée dans le cadre d’un projet conjoint d’IPAO, IMS et MFWA.
Par Sikou BAH
Source: Info-Matin