Annoncé pour hier mardi, la signature de l’accord entre le gouvernement du Mali et les groupes armés n’a pas eu lieu. Mais les discussions continuent avec la médiation internationale en vue de trouver un accord consensuel avec l’adhésion de toutes les parties pour un bon déroulement du processus électoral notamment dans le nord.
Le projet d’accord soumis à l’appréciation du gouvernement et des groupes armés MNLA/HCA et la manière dont la médiation est conduite ne semblent pas être du goût des groupes d’auto-défense et des sédentaires des régions du nord. Les deux organisations (mouvement arabe de l’Azawad et la force patriotique de résistance composée de tous les mouvements d’-auto-defense, notamment le Gandakoy, le Gandaizo et les FNL) ont rencontré la médiation internationale et le médiateur de la CEDEAO, lundi et mardi pour exprimer de vives voix leurs inquiétudes par rapport au déroulement des négociations. Selon l’un des portes paroles que nous avons rencontré, les deux groupes représentent 93% des populations du nord. Ce qui fera dire à Me Harouna Toureh que » tout accord qui ne prend pas en compte les préoccupations et les aspirations de la majorité est voué à l’échec ».
En rencontrant la médiation internationale et le médiateur Blaise Compaoré, le MAA et le FPR ont affirmé que les accords partiels sont à la base de toutes les rébellions au Mali. Les deux mouvements se sont félicités de l’initiative de Tiébilé Dramé de les avoir associés aux discussions. Cependant, ils ont mis en garde le gouvernement du Mali de s’engager sur un quelconque accord qui n’est pas inclusif.
Mohamed Elmould Ag Ahmada du FNL a affirmé que les échanges avec le médiateur et la communauté internationale ont été fructueux. Selon lui, les deux mouvements ont fait savoir que les présents accords avec le MNLA et le HCA ont pour objectif de trouver une entente pour organiser les élections. « Or si tout les groupes ne sont pas pris en compte, il ne peut pas y avoir d’élection. Puisque à nous seuls, nous totalisons plus de 6 milles combattants » a-t-il ajouté.
Selon des responsables des groupes d’auto-défense, les actes posés en vue d’aboutir à une résolution définitive de la crise sont voués à l’échec si la communauté internationale s’intéresse au seul MNLA et met de côté 93% de la population. « Nous sommes déterminés à apporter notre contribution si nous sommes inclu et dans le cas échéant, nous prenons la communauté internationale responsable de tout ce qui va se passer puisque c’est elle qui est responsable de la discrimination dont sont victimes les noirs et autres dans les régions du nord », confie Me Toureh.
En tout cas, il semble que le message est très bien attendu. Puisqu’une source anonyme proche de la délégation malienne rapporte que le projet d’accord proposé au gouvernement du Mali et au MNLA/HCA pourrait être révisé pour prendre en compte les préoccupations des autres groupes armés et sédentaires qui seront intégrés dans le processus. C’est dire que la médiation à des beaux jours devant elle.
Voyages d’affaire ou exil pour les responsables du MNLA ?
En nous entretenant avec Mohamed Djéri Maïga, le numéro deux du MNLA, celui-ci nous a fait savoir qu’il s’apprête à voyager pour l’Arabie Saoudite aujourd’hui. Quant à Moussa Ag Assarid, lui aussi s’apprêterait à aller au Canada. On s’interroge sur les motifs de ces déplacements, que certains n’hésitent pas de qualifier d’exil. L’avenir nous en dira plus.
Plan d’action pour l’avenir
Au cours de leur rencontre à Ouaga, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Front patriotique de résistance (FPR) envisage de mettre en place dans les prochains jours une alliance qui sera dotée d’un plan d’action pour l’avenir.
Moussa SIDIBE, depuis Ouaga
Projet d’accord à Ouaga entre le gouvernement et les groupes armés :
La gendarmerie et la police maliennes pourront entrer à Kidal mais pas l’armée
La signature d’un accord était incessamment attendue hier dans l’après-midi entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord sous l’égide de la communauté internationale. Mais pour le moment le peuple malien n’a pas été informé du contenu réel de l’accord en question.
Selon notre envoyé spécial à Ouagadougou, le document prévoit le retour de l’armée malienne à Kidal, le cantonnement et le désarmement des différents groupes armés avec à leur tête le MNLA. Avant toute signature, le projet d’accord a été soumis à l’appréciation du gouvernement malien par son médiateur Tiébilé Dramé qui a effectué, pour la circonstance, une visite éclair à Bamako.
Selon des sources concordantes, le projet d’accord prévoyait la mise en place d’une Commission de mise en œuvre composée de quatre représentants de l’Etat malien, deux du MNLA, deux du HCA, trois des Nations Unies et trois de la France. D’autres sources rapportent que contrairement à ce qui avait été dit, seules la gendarmerie et la police malienne iront à Kidal, mais pas l’armée. Car, sur ce point les groupes armés restent campés sur leur position et refusent toute présence de l’armée malienne à Kidal. De son côté, le gouvernement malien a exigé la présence de l’armée malienne à Kidal avant les élections et demandé que le terme » Azawad « ne figure pas dans l’accord comme exigés par les rebelles. Aussi, il nous revient que la délégation gouvernementale a déclaré qu’elle ne veut pas du projet de commission mixte proposé dans le préaccord et qui associerait rebelles touaregs et armée malienne. Compte-tenu de toutes ces divergences, la signature d’un accord hier a été reportée sine die en attendant que les parties trouvent un compromis.
Youssouf CAMARA