Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Editorial : Les charniers

Les découvertes de charniers se multipliant, certains avaient vite conclu que l’affaire est ficelée et les assassins confondus. Ne soyons  pourtant pas dupes, car, au lieu d’éclairer la lanterne des juges, la multiplication de ces charniers tend plutôt à créer l’effet inverse, c’est à dire brouiller les pistes.

 

fosse commune decouverte macabre diago coprs humains beret rouge morts deces sol terre kati charnier

En effet, la découverte de têtes de caïmans -selon certains- dans des charniers est de nature à conforter la thèse du sabotage ou maquillage des pistes. Comme si les crimes ne sont plus seulement du ressort des assassins, mais aussi des féticheurs ou autres magiciens. Si l’on sait, conformément à notre culture, comment la sorcellerie peut envoûter certains concitoyens et les faire sortir du domaine du réel, on peut jurer que le juge Karembé a d’autres chats  à fouetter et des preuves supplémentaires à chercher.

 

 

Les charniers sont-ils manipulés ? D’autant plus qu’un soi- disant mari d‘une femme tuée lors des évènements a clamé à une radio privée que la femme exhumée d’un charnier et identifiée comme  la sienne n’est pas sa défunte épouse. Les choses se compliquent tout en exaltant, conformément à notre culture, l’imaginaire et le fantasme des populations.  Vu les découvertes, le nombre de bérets rouges disparus ne sera-t-il pas finalement dépassé ? Ne faudrait-t-il pas alors se diriger vers d’autres pistes.

 

 

L’enquête conduira à d’autant plus de pistes que le juge se trouvera face à diverses dépouilles dont des civils, puisque certains habitants de Samé avancent que des gens ont été touchés sur le chemin qui mène à Kati, par la furie des militaires. Nous sommes dans les hypothèses de recherche et rien ne peut être exclu d’avance. Le juge Karembé est donc face à un dossier dont la complication se diversifie au fur et à mesure que le temps passe et que les découvertes font la une de la presse. Donc, le travail est loin d’être terminé et le dossier ficelé, tout reste encore à prouver, puisqu’il faut aussi déterminer l’identité de ceux qui sont partis enterrer les morts.

 

 

Là, on parle de preuves et non de témoignages, ni de faits culturels. Puisqu’au Mali les témoignages sont souvent affaire de relations. C’est un spectacle courant, constaté dans les différents tribunaux. Les personnes de bonne vie et mœurs peuvent aussi bien témoigner que les bandits et prostituées. Ce genre de témoignage peut donc difficilement être retenu comme preuve, sauf si l’on veut brouiller les pistes ou magnifier l’effet culturel et l’arbre à palabres.

 

 

                            Baba Dembélé

 

SOURCE: Le Journal

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance