Ouvert le samedi 21 octobre à Lomé, notre ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP est intervenu, ce dimanche, lors du panel IV sur les « Organisations internationales et sous-régionales : quel rôle pour accompagner les transitions ? ».
Les travaux de ce forum, 1ere édition, ont officiellement débuté ce samedi 21 octobre 2023 avec sur le thème central : « Comment renforcer les transitions politiques vers une gouvernance démocratique en Afrique » pour débattre sur la situation sociopolitique actuel des pays africains et à apporter des solutions aux multiples coups d’Etats qui frappent le continent africain.
Plusieurs ministres, chercheurs, représentants d’organisation de la société civile, des personnalités politiques du continent, des observateurs, y ont pris part à ce rendez-vous qui a été marqué par plusieurs thématiques animées par des sommités.
C’est à ce titre que notre ministre des Affaires étrangères et de la coopération était, ce dimanche, l’un des conférenciers du panel IV portant sur « Organisations internationales et sous-régionales : quel rôle pour accompagner les transitions ? ».
Étant ministre d’un pays en transition politique (Mali), Abdoulaye DIOP affirme que s’il y a une mission pour les Organisations internationales et sous-régionales, c’est d’œuvrer à la recherche des causes du coup d’Etat avant toute démarche. Or, sans un diagnostic précis de la situation, il est difficile de trouver une réponse au problème, selon le ministre DIOP qui caricature la situation « par le fait d’un médecin qui traite une maladie sans agir sur les symptômes ».
L’appartenance à une organisation doit se manifester également par la solidarité exprimée par les dirigeants. Bien au contraire, fulmine-t-il, elles sont en train de tuer la solidarité qu’elles devaient apporter à un membre dans le besoin.
« Nos organisations doivent devenir des organisations des peuples pour qu’elles continuent de promouvoir la solidarité, la paix et la prospérité », a indiqué M. DIOP en rappelant la nécessité de faire en sorte qu’elles puissent répondre aux aspirations de la population.
Par ailleurs, il a démontré que le système du multilatéralisme dans lequel notre monde est engagé a montré ses limites à maintenir la paix, l’équilibre entre les nations.
L’organisation mondiale qui doit garantir cet équilibre est en panne, a déclaré M. DIOP, en soutenant que le Conseil de sécurité qui se trouve bloqué par des divisions internes est incapable de résoudre les problèmes.
Soutenant ce malaise, il a estimé inadmissible que cette organisation, garant de la sécurité mondiale, soit incapable de trouver un consensus pour rédiger un communiqué suite à l’attaque terroriste contre le bateau Tombouctou, le 7 septembre qui a fait plus de 60 morts.
« Ce multilatéralisme n’a pas permis de répondre aux défis du Mali où nous sommes confrontés au terrorisme. On nous propose une opération de maintien de la paix dans une zone qui n’est pas en paix pendant 10 ans. On a entretenu la menace parce qu’elle n’était pas adaptée », a indiqué le chef de la diplomatie malienne.
Également, il s’est dit surpris de voir que les pays en transition soient harcelés pour la restauration de la démocratie en interne, en revanche, regrette-t-il, que les relations internationales ne soient pas démocratiques où un club de pays dirige le monde, laissant de côté la majorité des forces économiques, sociales qui ont émergé aujourd’hui.
« On nous accuse, pays en transition, de ne pas être légitime ; or le système de multilatéralisme n’est pas légitime. Parce qu’il ne reflète pas la réalité géopolitique mondiale », a affirmé M. DIOP, tout en condamnant l’instrumentalisation des organisations internationales.
Selon lui, leurs actions sont guidées par la politique de deux poids deux mesures qui entachent toute leur crédibilité, en citant notamment la situation de la Palestine sur laquelle des organisations sont en train de garder le silence face au drame. Personne ne parle d’enquête de la CPI pour ces événements qui se passent en Palestine, a-t-il fait remarquer.
En somme, déduit-il, « le système multilatéral est incohérent et inconséquent par rapport aux attentes ».
Abordant l’aspect des organisations sous régionales, il a dénoncé leur incapacité à prévenir, à anticiper et à agir en amont.
« Tout ce qui est arrivé au Mali, au Niger, en Guinée, au Burkina Faso était prévisible. Mais il n’y a pas eu d’actions », a fait savoir M. DIOP.
Si ces organisations sont promptes à intervenir en cas de coup d’Etat, par ailleurs elles restent dans un laxisme total face coup d’Etat anticonstitutionnel. Outre leur inertie, à ce jour nos organisations sous régionales n’ont pas proposé de solutions face à ces changements anticonstitutionnels qui constituent le problème dans de nombreux de pays.
Dans le cadre de la solidarité sous régionale, le ministre DIOP a dénoncé le faible engagement de la CEDEAO auprès de ses membres confrontés au terrorisme. Au lieu d’apporter son appui dans cette lutte, elle a préféré sous-traiter la sécurité de son espace aux Nations unies.
Pendant ce temps, elle mène la pression pour la tenue des élections sans se soucier de ce problème sécuritaire.
Ainsi, pour le chef de la diplomatie, au lieu de donner des ordres pour la tenue des élections, la CEDEAO doit œuvrer afin que le Mali exerce sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national.
De même, iI a souhaité un changement de logiciel de sanctions de ces organisations parce que celles-ci sont inefficaces pour n’avoir pas empêché les coups d’État.
« Les organisations ne doivent pas constituer une menace pour nous et nos populations. Quand je vois la CEDEAO, l’UA, la BCEAO, ça doit me rassurer. Mais aujourd’hui, ces organisations nous font peur. Elles font peur à nos populations, constituent des menaces dans certains cas ».
PAR SIKOU BAH
Info Matin