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Dieumerci, 15 ans, déplacé en Centrafrique: “l’école c’est bien, mais on a faim”

“L’école, c’est bien mais on a faim”. Le jugement de Dieumerci, 15 ans, est sans appel. Comme 20.800 autres enfants déplacés à Bangui, il a retrouvé le chemin des cours grâce à des classes provisoires ouvertes dans des camps mais, dit-il, “avec un repas seulement par jour, c’est dur!”.

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Comme Dieumerci, Ezéquiel est en 5e. Si le premier est déjà un adolescent, sec au regard sombre, le second a gardé, à 12 ans, son visage d’enfant. “Si on ne mange pas bien, on ne peut pas bien travailler”, explique-t-il doctement, tout en admettant qu’il est “toujours bon élève” avec une préférence pour les mathématiques.

Depuis le 21 janvier, le site du grand séminaire Saint-Marc, qui abrite 15.300 déplacés à Bimbo, au sud-ouest de la capitale centrafricaine, a ouvert sept classes, grâce à un programme du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Sous des tentes de plastique rigide, les cours sont répartis entre le matin, pour les plus jeunes dès 3 ans, et l’après-midi, pour les collégiens et lycéens, soit au total 1.400 élèves.

“Ici, le plus gros problème c’est la nourriture”, confirme le coordonnateur du camp, Justin Anguida, de l’ONG néerlandaise Cordaid. “Nous avons eu deux distributions en un mois et on ne sait pas quand sera la prochaine…”

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déjà fait savoir qu’il était à cours de stocks, et jusqu’à la mise en place d’un pont aérien, prévu en milieu de semaine prochaine entre Douala (Cameroun) et Bangui, l’organisation concentre ses efforts sur l’aéroport, où quelque 100.000 déplacés s’entassent dans des conditions très précaires.

Des conditions qui n’ont pas permis à l’Unicef d’ouvrir des classes dans ce centre, installé sur des terrains marécageux et inondé dès les premières pluies. A “grand séminaire” comme sur 17 autres sites de Bangui, les cours sont assurés par des enseignants, eux-mêmes déplacés, qui reçoivent une prime mensuelle de 35.000 FCFA (environ 53 euros) par mois.

“Retourner en classe donne aux enfants un sentiment de retour à la normalité”, explique Barthelemeus Vrolijk de l’Unicef. “L’idée n’est pas de reprendre le programme scolaire national, car les enfants centrafricains n’ont plus d’école depuis plusieurs mois, certains depuis bientôt un an”.

Quelques problèmes d’attention

 

Sous les tentes, les enfants sont assis par terre, dans l’herbe. Il n’y a ni table, ni chaise, et seulement trois tableaux pour toutes les classes. Eric Mokola, le censeur du second cycle, explique qu’en plus d’un programme allégé, les enfants bénéficient de modules de “sensibilisation à la paix” et d’éducation de base, notamment à l’hygiène.

“Les enfants sont contents d’être là. La plupart du temps, ils arrivent en avance, parfois d’une heure! Ils ont quelques problèmes d’attention, liés aux situations difficiles qu’ils ont pu vivre”, rappelle-t-il.

Ici, la question des effectifs est secondaire. Tous les enfants sont accueillis, le record étant détenu par la 6ème qui compte 120 élèves inscrits.

“C’est pas facile, reconnaît M. Mokola. Mais il faut faire avec, et les enfants font beaucoup d’efforts”.

La tente des 3èmes est particulièrement silencieuse, les yeux des élèves sont braqués sur le tableau où le professeur de mathématiques explique les équations du second degré et les “fameuses identités remarquables”.

Dans son coin, Dieumerci n’est toujours pas complètement convaincu. “Avant”, dans son collège privé Notre-Dame-de-Chartres, ce qu’il préférait, “c’était l’informatique”.

A ses côtés, Ezequiel s’esclaffe: “on n’a pas de tableau, pas de cahier, pas de table, pas de chaise, alors un ordinateur…”

Christobelle, elle, “préfère l’école ici”. “On se débrouille”, dit-elle en montrant le morceau de papier déchiré sur lequel elle a pris ses notes.

“Moi, je voudrais bien rester ici parce que, dans mon ancien collège, les professeurs étaient souvent absents. Ici, ils viennent à l’heure”, ajoute-t-elle en secouant ses tresses recouvertes de perles multicolores.

© 2014 AFP

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