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Presse: Heure de vérité pour Libération, actionnaires et salariés en guerre ouverte

Un conflit majeur s’annonce à Libération, où les actionnaires veulent transformer le journal né il y a 40 ans en réseau social et en espace culturel, où le papier ne serait plus la priorité.

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Les salariés ont découvert vendredi soir avec colère un bref texte des actionnaires, élaboré par Bruno Ledoux, également propriétaire du siège au centre de Paris, résumant un projet, paru dans le journal de samedi.

Libé, fondé en 1973 par Jean-Paul Sartre, ne sera plus seulement un éditeur papier mais “un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias”, écrivent-ils. La rédaction déménagera et les 4.500 m2 du siège, rue Béranger, en plein Marais, seront réaménagés par le célèbre designer Philippe Starck en “un espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une news room digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up”, sous la marque “Libération”, comme un “Flore du XXIème siècle”.

Cette annonce inattendue a abasourdi les salariés, très attachés à l’esprit de leur journal, ancré à gauche. D’autant que les discussions menées depuis des mois sur un plan d’économies n’avaient jamais porté sur une transformation aussi radicale, où le journal papier n’est plus prioritaire.

“C’était un coup de théâtre”, raconte Hervé Marchon, délégué SNJ, le syndicat majoritaire. Nous avons aussitôt démarré une AG. Qui n’a cependant pas voté une grève : les salariés ont préféré riposter avec une “Une” titrée “Nous sommes un journal” et non pas un restaurant ou un incubateur de start-up.

Lancer cette annonce aussi tranchée, sans avertissement préalable des syndicats, a été le choix provocateur de Bruno Ledoux, qui avec Edouard de Rotschild détient la majorité du capital.

Il assume sa méthode : pour lui, trêve de tergiversations, maintenant que le projet est clairement posé sur la table, chacun devra se prononcer. Et il avertit que hors de ce projet, c’est la faillite assurée.

“Notre projet est la seule solution viable pour Libération. Si les salariés refusent, Libération n’a pas d’avenir”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Il y a un moment où il faut que les choses soient dites. Les salariés voulaient un projet, ils l’ont. Le papier restera au coeur du système mais ne sera plus le système lui-même”.

“La manière dont les journalistes ont réagi avec la “Une” est symptomatique : c’est toujours un +niet+ de principe. Alors j’ai eu envie de dire les choses cash. Notre projet redonne une nouvelle perspective, les gens sont libres d’y adhérer ou non. L’enjeu, c’est la mort'”, a-t-il lancé.

Salariés sous le choc

Samedi, les syndicats de Libé étaient encore sous le choc, et échangeaient mails et coups de téléphone sur les décisions à prendre. Seule certitude, pour l’AG de dimanche, “il y aura du monde”, a assuré Hervé Marchon.

Les salariés devront notamment se prononcer sur un préavis de grève, mais ce n’est pas forcément la méthode qui sera choisie. Que deviennent les négociations sociales actuelles sur le plan d’économies, qui n’évoquaient pas du tout ce projet ? Quel sera le sort de la rédaction, du journal papier ? Quelle stratégie adopter ? Autant d’interrogations auxquelles aucun des élus n’avait encore de réponse samedi. “L’AG décidera”, a résumé Fatima Brahmi (CGT).

Libération est le quotidien national le plus fragile, car ses actionnaires refusent de le renflouer, alors qu’il n’a plus que quelques mois de trésorerie et a perdu plus d’un million d’euros l’an dernier. Ses ventes (environ 100.000 exemplaires par jour) ont chuté de près de 15% en 2013 et ses recettes publicitaires ont fondu.

Depuis plusieurs mois, sa direction cherche de nouveaux actionnaires, en vain, alors que Nicolas Demorand et Philippe Nicolas, membres du directoire, ont fait l’objet d’un vote de défiance en novembre.

Un nouvel homme fort représentant les actionnaires, François Moulias, entré au directoire le mois dernier, s’est efforcé de faire accepter un plan d’économies comportant des baisses volontaire de salaires de 10% en moyenne, jusqu’ici sans succès. Il avait promis de dévoiler le nom de nouveaux actionnaires mi-mars.

© 2014 AFP

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