Cette période de canicule, avec son corollaire de crise d’eau, partout dans le cercle de Diéma, rend souvent difficile l’entretien des animaux. Il n’y a pas une seule goûte d’eau dans les mares, les rivières et autres cours d’eau. Même la prestigieuse mare de Koungo est asséchée. Les puits à grand diamètre tarissent à cause de la ronde ininterrompue des animaux. « S’il n’y a pas d’eau, on ne peut croiser les bras et regarder nos bêtes mourir à petit feu, la seule solution c’est de partir d’ici », dit Fousseiny, rencontré à Fassoudébé.
Chaque jour, il est fréquent de voir des éleveurs scruter le ciel pour dénicher des nuages capables de provoquer de la pluie qui va remplir les mares et les rivières, et faire pousser, partout, de l’herbe, pour le bonheur de tous.
En plus de cette pénurie d’eau, les pâturages s’appauvrissent chaque jour un peu plus. De grandes superficies sont complètement dénudées, rasées et donne des paysages lunaires comme sur des sols brulés. Pour trouver de l’herbe, aujourd’hui, à Diéma, c’est la croix et la bannière. Il faut parcourir des kilomètres. A longueur de journée, des éleveurs élaguent le peu d’arbres qui restent, pour aider leur cheptel à subsister.
Selon le chef de village de Bella, Mamadou Dia, la crise d’eau et la rareté des pâturages sont surtout liées à l’arrivée massive de transhumants d’un pays voisin, « dont les populations et celles de mon village entretiennent de bons rapports de cohabitation », explique-t-il. Pour d’autres ce sont les commerçants de Nioro du Sahel qui viennent tous les jours charge d’herbe leurs véhicules ou leurs motos taxi, favorisant ainsi la dégradation des pâturages.
DÉPART MASSIF – Depuis quelques mois, de nombreux éleveurs dirigent leurs troupeaux vers Kita et ailleurs, là où il ya encore du pâturage et ou les conditions climatiques sont plus propices. Ali, résident à Guimbana, a été obligé de vendre quelques têtes pour pouvoir creuser trois puits jusqu’à Diabidiala, dans le Cercle de Nioro du Sahel, avant d’y conduire son troupeau. Amadou, lui, affirme que ses animaux se portent bien à la frontière mauritanienne.
Diatourou a conduit sa cohorte de moutons vers Diangounté Camara où il dispose de deux puits intarissables qu’il a creusés, d’après lui, de ses propres mains.
En plus de cette situation précaire, il faut signaler que l’aliment bétail appelé tourteau n’est pas à la portée de tous. Le sac de 50 kgs coûte parfois 10 000 Fcfa. Pour nourrir ses 10 bœufs, Samba achète par mois une tonne de tourteau. « C’est ce que je peux », déclare l’homme, qui se précipitait pour aller aider à extraire du puits un de ses bœufs.
Selon le chef de village de Dioba, Mamadou H. Diallo, les bêtes sont mourantes, toutes sont devenues squelettiques en cette période. « Elles partent en brousse et en reviennent plus affamées et assoiffées », poursuit le chef traditionnel. Un autre interlocuteur pense que c’est parce qu’on n’en prend pas soin que les réserves d’eau et de nourriture des animaux sont épuisées.
La pratique de l’embouche saigne l’économie de cette femme qui achète régulièrement de l’aliment bétail pour engraisser ses quatre béliers qu’elle réserve pour la fête de Tabaski.
Selon un constat général, dans les années à venir, si rien n’est fait pour apporter le soutien nécessaire aux éleveurs du Cercle de Diéma, en termes de ressources en eau et en nourriture pour les animaux, beaucoup risqueront d’abandonner l’élevage à cause du manque de moyens.
Ce qui risquera d’impacter négativement l’économie de cette partie du Sahel où l’élevage constitue une des activités phares. Certes des efforts ont été faits par l’Etat et ses partenaires, mais le bout du tunnel est encore loin. Des efforts supplémentaires doivent être déployés pour garantir au mieux le bien-être des animaux dont dépend, en grande partie, la survie de plusieurs personnes.
OB/MD
(AMAP)