Partis travailler à l’étranger pour subvenir à leurs propres besoins et ceux de leurs parents restés au pays, beaucoup de nos compatriotes souffrent le martyr. Les Maliens installés au Congo Brazzaville en savent quelque chose pour être soumis à des pratiques d’humiliation et d’atteinte à leurs biens sous le nez et à la barbe du consul du Mali à Brazza, Daba Traoré qui a d’autres chats à fouetter.
Bon nombre de nos compatriotes installés sous d’autres cieux à la recherche du bonheur souffrent sévèrement et parfois l’eldorado espéré se transforme en cauchemar. Les Maliens vivant au Congo Brazzaville n’ont d’yeux que pour pleurer.
Humiliation, racket, et d’autres formes de violence sont du quotidien de nos compatriotes de Brazza servi par des autorités de ce pays d’accueil.
Outre les invectives publiques de la part d’irréductibles xénophobes, le malheur des nôtres provient souvent des patrouilles nocturnes et inopinées qui n’ont rien à envier à des scènes de de « gangstering ». Généralement cibles de racketteurs nocturnes en uniforme, les Maliens donnent l’impression d’être d’inépuisables proies faciles. Pourtant, selon le témoignage d’un jeune malien expulsé du Congo Brazzaville le 17 octobre 2013 que nous avons rencontré, ces sévisses ne sont pas seulement en représailles de défaut de papier de séjour. Ils semblent plutôt être l’expression d’une haine noire contre nos compatriotes.
Boukary Sacko est un jeune malien qui, après sa formation académique en électricité bâtiment (2003-2007), a travaillé dans une radio de la place comme technicien. Mais piqué par le virus d’aller à l’étranger, le jeune électricien en bâtiment a décidé de quitter le Mali pour aller tenter sa chance sous d’autres cieux. C’est ainsi qu’il va successivement se rendre au Bénin, au Nigéria, au Cameroun avant de déposer ses bagages au Congo Brazzaville où il s’installera jusqu’au 17 octobre 2013, jour du début de son cauchemar. Ce jeudi noir a vu son aventure tourner au vinaigre suite à une patrouille policière qui l’a dépossédé de tous ses biens avant de le jeter en prison.
Cette expulsion, selon Boukary Sacko, est intervenue quand il commençait à voir ses affaires prospérer. En effet, arrivé au Congo Brazzaville le 26 Octobre 2010, Sacko a travaillé dure avant d’ouvrir une 1ère boutique qu’il avait achetée avec un vieux malien du nom de Mama Tina. Il a continué à occuper cette boutique jusqu’au 10 novembre 2012 quand un braconnier congolais a traversé le fleuve qui sépare Congo et Cameroun dans la région de Sangha pour aller abattre un éléphant qui a mis du feu aux poudres. Les gardes forestiers du Cameroun communément appelées les « Bires » avaient pourtant interdit tout braconnage. C’était le 10 novembre 2012. Mécontents de cette transgression des lois sur la faune, les porteurs d’uniforme du Congo sont descendus le lendemain 11 novembre 2012 dans la ville et pillé les boutiques de tous les étrangers dans la ville d’Ouésso dans la région de Sangha.
Après ce cafouillage, le jeune Sacko très déterminé, a repris les activités et selon lui, à chaque instant, un contrôle systématique est organisé par les gendarmes et les policiers. Malgré qu’ils possèdent de tous les papiers légaux exigés par les autorités congolaises, les étrangers sont reconduits à la prison où il faut payer une caution allant jusqu’à 60 000 F CFA pour recouvrer la liberté.
Mais là ou le bas blesse selon le jeune Sacko, c’est la mauvaise volonté du consul du Mali au Congo Brazzaville, Daba Traoré qui s’enfiche des Maliens dans ce pays. A chaque fois qu’ils l’appellent pour un problème, il leur dit qu’il ne vient pas, même s’ils sont en prison. Les autres consuls notamment ceux du Sénégal, Cameroun, Tchad, Côte d’Ivoire veillent au grain sur leurs compatriotes. C’est un certain Sidibé des affaires étrangères qui s’occupe des Maliens au Congo a soupiré Boukary. Selon toujours notre interlocuteur, 18 étrangers dont 6 Maliens ont péri dans la prison du Commissariat central de Brazzaville le 4 Octobre dernier, et le consul n’a rien fait pour ces Maliens. Face à cette situation nauséabonde, « nous demandons que Daba Traoré quitte, les gens ne veulent plus de lui au Congo, nous voulons du changement », a martelé Boukary Sacko qui a fait la prison 4 fois avant son rapatriement à Bamako le 17 octobre dernier. Mais toutes ces fois, il manque de solidarité de notre représentation diplomatique à commencer par son premier responsable.
Zakariyaou Fomba
SOURCE: Le Débat