Permettre au peuple de se parler afin de résoudre durablement la crise que traverse le Mali depuis 2012. Tel est l’objectif un dialogue politique et social inclusif que le pouvoir en place s’apprête à organiser dans les mois à venir. La Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS FASO HERE), parti de l’ancien Premier ministre Soumana SAKO, annonce sa non participation.
Dans un communiqué, le Bureau politique national de la CNAS-Faso Hèrè (Convention nationale pour une Afrique solidaire) annonce qu’elle ne participera pas au dialogue politique inclusif dans les prochains mois. Le BPN s’est réuni en session extraordinaire le samedi 15 juin 2016 à son siège sis à Hamdallaye, Bamako, pour prendre la décision. Les cadres du parti ont fait une analyse approfondie des récents développements et des enjeux à court, moyen et long termes de la crise multidimensionnelle qui secoue le Mali depuis l’année 2012, et sur le projet de «dialogue national inclusif»/ «dialogue politique et social inclusif». Ladite réunion du Bureau politique national du parti a abouti aux principales conclusions suivantes.
Le communiqué précise que le projet, tel que proposé, n’a pour seules motivation et finalité que de chercher les voies et moyens d’une illusoire «légitimation» de l’Accord d’Alger ; lequel, faut-il le souligner, n’a fait l’objet d’aucune délibération, à plus forte raison une approbation par les institutions républicaines compétentes. Pour la CNAS FASO HERE , le projet est une violation flagrante de la Constitution du 12 janvier 1992 et organisant fondamentalement une Confédération comme antichambre de la partition du Mali au profit de groupuscules armés à forts relents féodaux, esclavagistes, racistes dépourvus de toute représentativité ou légitimité et instrumentalisés par des puissances étrangères africaines et non africaines, ledit Accord, rejeté par l’écrasante majorité des forces vives de la nation nonobstant une campagne médiatique frénétique et l’appui maladroit de certains leaders religieux, foule aux pieds les valeurs de la République ainsi que le principe sacrosaint d’appropriation nationale du processus de sortie de crise et ne saurait servir de base pour quelque ‘’dialogue national inclusif’’ que ce soit.
Ensuite, elle pense que ledit ‘’dialogue national inclusif’’/’’dialogue politique et social inclusif’’ découle du soi-disant Accord politique pour la gouvernance signé entre le Gouvernement et une frange de partis politiques et d’associations. Ledit Accord politique pour la gouvernance n’a aucune valeur juridique et ne saurait, en tout état de cause, s’imposer à la constitution. Par ailleurs, la CNAS-Faso Hèrè n’en est pas signataire et ne lui reconnait ni légitimité populaire ni utilité républicaine ni validité démocratique.
Le ‘’dialogue national inclusif/dialogue politique et social inclusif’’ est aussi, selon le communiqué, un cheval de Troie pour faire entériner le projet ‘’démocraticide’’ de « révision constitutionnelle’’ comme moyen devant faciliter la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Or, au-delà des prescriptions claires et sans ambiguïté de l’article 118 de la loi fondamentale, les promoteurs de la tentative de tripatouillage de la Constitution du 12 janvier 1992 n’ont, à ce jour, pu concocter aucun argument valable pour justifier une quelconque révision de la Constitution. Le Bureau politique national de la CNAS-Faso Hèrè maintient que ce ne sont ni la constitution ni la démocratie qui ont ‘’échoué’’, mais des hommes et des femmes bien connus pour leur trahison des valeurs du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961 et du 26 mars 1991. La Constitution n’est certes pas un livre saint au sens religieux du terme, mais elle n’est pas un chiffon de papier non plus. Le respect scrupuleux et la défense de la Constitution sont un devoir constitutionnel et patriotique de tout citoyen, à commencer par le Président de la République. En outre, la stabilité de la Constitution, cadre légal suprême du pays, est un facteur de mise en confiance pour l’investissement économique.
La CNAS conteste la légitimité de certains participants !
Selon le communiqué, parmi les participants annoncés audit « dialogue national inclusif/dialogue politique et social inclusif’’ figurent de soi-disant ‘’légitimités traditionnelles. Or, au nombre de celles-ci, rares sont celles qui peuvent se prévaloir d’une ‘’légitimité historique’’ certaine, intrinsèque et incontestée/incontestable. En effet, notre pays a, par le passé, fait l’objet de plusieurs vagues successives d’invasion et de colonisation par des forces étrangères, chacune de celles-ci ayant installé ses propres «chefs locaux» comme autant de complices, de supplétifs ou d’accompagnateurs intéressés de leur œuvre de domination, d’oppression et d’exploitation de notre Peuple. Par exemple, ce sont précisément ces soi-disant légitimités traditionnelles et la plupart des leaders religieux qui ont ‘’légitimé’’ le pouvoir colonial français, en ont été les relais moraux et opérationnels ainsi que les ardents apôtres et défenseurs contre le mouvement nationaliste pour l’accession du Mali à l’indépendance. Du reste, c’est à bon droit que la République soudanaise, précurseur de la République du Mali, les a supprimées pour les remplacer par des Conseils de village élus, élisant en leur sein des chefs de village élus et révocables à des conditions bien précises. Après tout, la République, c’est l’accession à des postes ou fonctions d’intérêt public par la voie d’élections ou sur le mérite, mais jamais par voie dynastique ou héréditaire. Vouloir ramener les soi-disant légitimités traditionnelles » au cœur du système national de gouvernance par le biais d’un Sénat budgétivore et inutile car, ne pouvant rien apporter en termes d’efficacité du processus législatif ou de contrôle de l’action gouvernementale ou de représentation des citoyens, c’est vouloir faire faire marche arrière à la roue de l’Histoire et tenter de restaurer l’ordre sociopolitique colonial. Aujourd’hui, tout comme hier, ces soi-disant ‘’légitimités traditionnelles’’ font partie du problème et non de la solution à la crise multidimensionnelle qui perdure.
Pour le parti du Dr SAKO, aucune personnalité ayant soit trempé dans la conjuration qui a abouti au coup d’Etat du 19 novembre 1968, début du processus de déliquescence de l’Etat malien et des forces armées et de sécurité, ou soutenu politiquement le coup de force antidémocratique du 22 mars 2012, facteur d’accélération de la chute des deux-tiers du territoire national entre les mains d’une alliance satanique de séparatistes et de djihadistes ne dispose d’aucun crédit moral ou politique et ne saurait donc être considérée comme ‘’personnalité consensuelle’’ pour diriger un quelconque « dialogue national inclusif».
Au total, tel qu’envisagé, le soi-disant ‘’dialogue national inclusif/dialogue politique et social inclusif’’ ne saurait être autre chose que de la poudre aux yeux, sans avoir ne serait-ce que valeur d’exutoire ou de catharsis collective. Il ne servirait qu’à en rajouter à la confusion et à la diffusion/dilution des responsabilités, couverture trop facile pour masquer et occulter l’échec avéré des pouvoirs publics actuels à résoudre la crise multidimensionnelle dans laquelle notre pays continue à s’enliser.
Au regard de tout ce qui précède et tout en rappelant qu’avec ses partenaires regroupés au sein de l’ADPS (Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise), la CNAS-Faso Hèrè dit avoir a été le premier parti politique à avoir demandé, dès le 5 avril 2012, que soit convoqué un Congrès extraordinaire du peuple malien, appel au regroupement qu’elle a réitéré le 20 août 2018 à la suite de la réélection de l’actuel Président de la République, le Bureau politique national du parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du peuple malien décide de ne pas participer au soi-disant ‘’dialogue national inclusif/dialogue politique et social inclusif’’. En revanche, avec ses partenaires regroupés au sein de l’ADPS, la CNAS-Faso Hèrè lancera bientôt le quatrième round du processus de table ronde des forces vives de la Nation en vue d’une mise à jour du Manifeste de la Nation, véritable charte pour une sortie réelle et durable de la crise actuelle.
André Traoré
Soleil Hebdo