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Dialogue Politique inclusif: le ‘‘Oui, mais’’de la Plateforme Anw Ko Mali

‘’Les enjeux du dialogue national inclusif’’, tel était le thème de la conférence-débat organisée, le samedi dernier, à la Pyramide du souvenir, par la Plateforme ‘’Anw Ko Mali’’.

Parmi les personnalités présentes, on peut citer l’ancien PM, Modibo SIDIBE ; l’ancien Président de l’Assemblée, Ali Nouhoun DIALLO ; les anciens ministres Konimba SIDIBE, Mountaga TALL, Choguel Kokalla MAIGA, et Abu Bakr TRAORE ; Mme COULIBALY Kadiatou SAMAKE, vice-présidente de l’URD ; Nouhoun TOGO, du Cabinet du Chef de file de l’Opposition ; Modibo SANGARE (Président de l’UNPR) ; Richard TOE de la société civile.

En campant le décor, la Présidente du Comité de coordination provisoire de la Plateforme ‘’Anw Ko Mali, Mme SY Kadiatou SOW, a annoncé que la cérémonie du jour est placée sous le sceau de la formalisation de la signature de la déclaration du 28 juin qui fait l’état de la Nation et propose des solutions aux problèmes et la conférence proprement dite. Elle a, d’entrée de jeu, souligné la divergence avec le pouvoir sur la formulation du dialogue, celui-ci ayant opté pour le ‘’dialogue politique inclusif’’.

Le conférencier Bakary DOUMBIA, Président du FOSC, a retenu 3 enjeux du ‘’dialogue politique inclusif’’ : l’obtention d’un consensus national sur les stratégies de sortie de crise ; l’adoption des réformes institutionnelles consensuelles qui garantissent l’émergence d’institutions fortes capables de gérer de façon transparente les affaires du pays ; la résolution définitive de la crise multiforme et la stabilisation sécuritaire, économique et sociale du pays.

La Plateforme se prononce également sur le format, le contenu, les acteurs, la durée (6 à mois), les résultats attendus du dialogue.

Après l’exposé, l’utilité du dialogue, les désertions éventuelles de certains camarades de la Plateforme ‘’Anw Ko Mali’’, quelle stratégie adopter au cas où les idées de la Plateforme ne prospéraient pas auprès du pouvoir, telles sont les principales préoccupations exprimées par les intervenants qui ont passé le plus clair de leur temps à plutôt retourner le Président IBK et sa gestion chaotique du pays sur le grill.

À la question d’une éventuelle fin de non-revoir éventuelle du pouvoir, Mme SY répond : « si ce que nous proposons n’a pas d’écho, nous n’excluons pas d’organiser notre propre dialogue, si nous pensons que c’est l’occasion unique de nous retrouver, d’avoir une feuille de route pour le pays ».

Pendant la conférence débat, nous avons recueilli la réaction quelques principaux leaders de la dite Plateforme :

Ali Nounoun DIALLO : Ancien Président de l’Assemblée nationale : « J’ai peur que Kidal devienne un territoire français »

Le chant des partisans français disait : ‘’un camarade tombe, un autre sort de l’ombre. C’est-à-dire que nous, quand nous nous battons, on prépare toujours ce que vous appelez les déserteurs. Nous disons dans la révolution, dans tous les changements, une fois le train en marche, vous avez à chaque gare des gens qui descendent, parce qu’ils sont fatigués. Ce n’est même pas parce qu’ils ont trahi, c’est parce qu’ils sont fatigués. Ils s’asseyent au bord de la route. À cette même gare, il y en a aussi qui montent qui sont plus déterminés que ceux-là qui sont descendus. Et puis, il y en a aussi qui ne descendent jamais du train jusqu’à la gare finale. Donc, jusqu’à l’aboutissement des objectifs que nous visons. C’est ce que nous devons nous dire.

Mais, pourquoi parle-t-on de l’Accord d’Alger au lieu de l’Accord de Bamako ? En mon âme et conscience, ce n’est pas pour rien qu’on fait cette périphrase, Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger pour qu’on explique à tout le monde que le sort du Mali dépend désormais d’Alger. Même notre capitale, on ne veut pas prononcer son nom. Pourtant, ce que je sais, les accords portent les noms des villes où ils ont été signés. Je ne comprends pas pourquoi on ne parle pas de l’Accord de Bamako. Je l’appelle Accord de Bamako, issu du processus de Ouagadougou et concocté à Alger. Je dis concocté à Alger, parce que c’est là-bas qu’on a ficelé tout ce qui va contribuer à faire de nous une dépendance de l’Algérie ou de faire en sorte que Kidal soit la nouvelle Mayotte, quelque chose qui est dans l’Océan indien, mais qui est un territoire français. J’ai peur que Kidal devienne un territoire français. Mais les Algériens n’accepteront pas ça. Donc, les contradictions entre les deux puissances, si nous savons les exploiter, nous pouvons faire en sorte que l’Accord de Bamako, issu du processus de Ouagadougou, n’oublions jamais Ouagadougou, sans Ouagadougou, il n’y aurait pas eu les élections de 2013 ; donc le processus a démarré à Ouagadougou, l’Accord a été concocté à Alger, mais nous avons exigé qu’il soit signé chez nous. Donc, il n’y a pas de raison pour qu’il ne porte pas le nom de l’Accord de Bamako. Pourquoi en parlons-nous ? Pour vous expliquer les visées de tous ceux-là qui veulent dépecer le Mali, le distribuer entre les grandes puissances. Si nous ne parlons pas de l’Accord, nous n’aurons pas l’occasion de vous expliquer ce qu’on est en train de concocter sur le dos du Mali. Donc, parlons de l’Accord pour que chaque jour, tout le peuple malien comprenne si cet Accord était appliqué, qu’est-ce qui nous arriverait ? Donc, réjouissez-vous qu’on parle de l’Accord, comprenez l’Accord et essayer de démystifier l’Accord. Lorsque nous parlons de l’Accord, le grand problème, ce sont les hommes politiques et les femmes politiques. Moi je connais beaucoup de présidents de Partis. D’un.

De deux : celui qui critique les hommes politiques, lui-même il n’est pas un homme politique ? Donc, faisons en sorte que les hommes politiques que nous sommes, nous soyons chaque jour meilleur et arrêtons de décrier les hommes politiques. Ceux qui posent des actes inadmissibles, dénoncez-les, nommément ; ne pénalisez pas tout le monde. Chacun de nous est un homme politique, chacun de nous est une femme politique. Il n’y a rien qui n’est pas politique dans la vie.

Enfin, les thèmes. Mais, commencez aujourd’hui même à dégager des thèmes vous-mêmes, puisque la Coordination vous dit les thèmes viendront de la population. Donc, enrichissez le Comité de coordination de la Plateforme dès aujourd’hui en lui proposant des thèmes.

Bonne conférence ! Merci !

Konimba SIDIBE : ancien ministre, Président du MODEC : « Les gens veulent le dialogue, mais dialogue utile »

Moi, j’ai noté que dans les interventions, les gens sont préoccupés essentiellement par une question : est-ce que le dialogue va servir à quelque chose ? Les gens sont préoccupés par quelles sont les conditions pour qu’on aille à un vrai dialogue ; les gens ne veulent pas faire semblant d’aller dialoguer. Mais cela dénote aussi d’une préoccupation de dialoguer. Le pays est dans une situation extrêmement difficile. Le citoyen ordinaire qu’on rencontre dans la ville aujourd’hui, tout le monde te dit on ne sait pas où donner de la tête. Compte tenu de cette situation, les gens se disent allons-y nous asseoir et essayons de trouver un terrain d’entente. Je pense que tout le monde veut le dialogue, mais les gens veulent un dialogue utile. Donc, la question qui se pose en ce moment-là est : est-ce que les conditions sont réussies pour un dialogue utile ? Est-ce que le pouvoir, dans sa pratique de tous les jours, dans son état d’esprit, est conscient qu’il faut absolument un dialogue, un vrai dialogue, non un semblant de dialogue ? Alors, il y a deux choses que je voudrais dire.

La première chose que je voudrais dire, c’est le processus qu’on nous a proposé. Parce que si on devait commencer dans les communes et remonter jusqu’au niveau national, le document dit que ça prendra 6 mois à 12 mois. Est-ce qu’on peut attendre 6 mois à 12 mois pour certaines questions ? De mon point de vue non. C’est pour cela que je verrais le dialogue en deux étapes.

D’abord un dialogue politique, exactement comme ce qui vient de se passer au Burkina Faso : Majorité et Opposition représentées à égalité, associations politiques, je parle des associations qui s’occupent de gouvernance représentées dans ce groupe restreint pour aller d’abord déblayer le terrain. Déblayer le terrain, pour moi, c’est la révision constitutionnelle. Deux questions : est-ce que c’est une urgence. Deuxième question, la gouvernance de la sécurité, parce que le problème de la sécurité, c’est une question de gouvernance. Beaucoup de problèmes sont posés que nous voyons tous les jours. Il y a le problème de la redevabilité vis-à-vis de tous les scandales que nous voyons. Ce sont des scandales du genre qui démoralisent les troupes. Donc, qu’on en parle, la question de l’équipement, c’est pareil, la question de la gestion des effectifs c’est pareil. Le problème du Centre, par exemple, n’aura jamais de solution s’il n’y a pas une couverture territoriale permanente par les Forces de défense et de sécurité. Quand on laisse l’espace vide, les gens vont s’organiser pour l’occuper. Personne n’acceptera qu’on vienne vous égorger dans votre village, parce que la Gendarmerie n’est pas là, la Police n’est pas là. Si on veut régler ces problèmes, il faut que les Forces de sécurité soient présentes sur le terrain et de manière permanente. Ce sont des questions qui doivent être débattues au plus haut niveau, entre les dirigeants politiques du pays. Ce n’est pas en allant dans une commune qu’on va apporter une solution à cela.

Ensuite (…), les gens doivent se mettre d’accord sur quelque chose.

Il y a le processus électoral et des réformes indispensables. Cela aussi, c’est des questions qui relèvent de la gouvernance politique au plus haut niveau.

Dernière thématique que je signalerais, c’est la préservation des libertés démocratiques. Des lois liberticides ont été prises et sont toujours en place. Donc, voilà des questions majeures qui doivent faire l’objet d’un travail préalable (…) politique au plus haut niveau et ce qui ressortira de cela, en ce moment on peut aller à la deuxième phase du dialogue qui est le dialogue national inclusif, depuis le niveau commune jusqu’au niveau national.

Modibo SIDIBE, ancien Premier ministre, Président des FARE AN KA WULI : « Le temps du dialogue ne doit pas être massacré… »

La conférence des forces vives et sociales avait été proposée pour déterminer la légitimité d’un dialogue national. C’est justement cette phase qui a été sautée.

Ce que nous disons, c’est la diversification des débats.

Cela n’empêche pas que les thématiques majeures, définies selon les procédures convenues par une conférence des forces vives et sociales pourraient permettre d’avoir un certain nombre de préoccupations.

Troisièmement, cessons de nous obnubiler sur le temps, cessons de nous obnubiler sur de soi-disant urgences dont l’avant-projet de Constitution ou autre chose qui n’ont rien à voir avec le sociale du Mali qui est cause ici. Gérons-le, c’est une opportunité, travaillons que ce soit un véritable dialogue national et que cela permette le redressement du Mali.

Il faut inviter la société civile, les forces politiques, il y a une défiance et une perte de confiance des populations à l’égard de nous tous. Justement, l’espace du dialogue national refondateur est un espace d’une introspection interactive entre Maliens pour résoudre et dépasser certaines préoccupations. La conférence des forces vives et sociales devrait permettre de mettre la dynamique sur les rails. Si cela n’est possible, comment le faire ? On ne peut pas avoir deux temps. Un temps pour le dialogue. La gouvernance qui doit être établie, elle doit être faite par cette conférence et pas par autre chose.

Il faut qu’on se dise bien les choses. Il n’y a pas de système électoral en soi. Un système électoral, c’est pour servir une démocratie, une bonne démocratie. Vous ne pouvez pas sauter la définition même de la démocratie pour aller au système. Donc, cessons de penser que le Gouvernement aborde les questions du découpage territorial, etc., alors que nous n’avons pas discuté de ce que nous voulons de notre État, de ce que nous voulons de notre territoire (…).

Donc, soyons sûrs que le dialogue national, il doit être inclusif, il doit mettre tout cela en place ; n’ayons pas peur du temps, le pays sera géré, on trouvera les mécanismes pour le faire. Il est indispensable que ce dialogue ait lieu, qu’il y ait un temps pour le faire et qui ne doit pas être massacré, entre guillemets, pour d’autres impératifs que ceux des questions du Mali.

RÉALISÉ PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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