Les travaux du Dialogue national inclusif se sont poursuivis hier au niveau de la Commission 2 qui traite les thématiques « gouvernance » et « social ». Après l’ouverture des travaux par le président de séance, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, les délégués ont engagé les débats sur la thématique concernant le « Social » que les experts avaient déjà introduite la veille à travers la présentation d’une note technique et d’autres documents élaborés à cet effet.
Ces textes nous enseignent que les droits sociaux incluant toutes les couches sociales, surtout les plus vulnérables, embrassent plusieurs domaines notamment ceux du travail, de la culture, de l’éducation, de l’environnement, de la santé. Ces droits connaissent souvent des difficultés, voire des entraves à leur exercice, mais aussi des violations graves de leur application de part et d’autre, toutes choses qui ont compromis de façon progressive la stabilité sociale.
Ce constat est persistant spécifiquement dans le monde du travail, aussi bien dans le secteur formel qu’informel bien que ce domaine soit encadré au plan international par des conventions et au plan national par la ratification desdites conventions. Il ressort des mêmes documents que ceci s’explique par le fait que le monde du travail traverse un processus de changement du fait de l’évolution profonde et perpétuelle de la nature du travail en lien avec le développement, entre autres, mais plus spécifiquement au Mali, de la croissance démographique, du creusement des inégalités, de la situation économique très difficile, de nouveaux modes de production, de la crise de l’emploi, et de la crise sécuritaire.
De ce fait, le fonctionnement global de l’économie nationale a été fortement perturbé et particulièrement dans le secteur privé avec son corollaire de mise en chômage technique et de licenciements pour motifs économiques alors qu’à l’instar de tous les pays du monde, le chômage et la précarité de l’emploi ne cessent de s’accroître et accentuent l’exclusion des couches de la population les plus défavorisées, à savoir les personnes vivant avec un handicap et les femmes.
Dans le secteur public tout aussi éprouvé, énoncent les auteurs de la note technique, on assiste à une flambée des revendications catégorielles et sectorielles ayant conduit à des grèves limitées et illimitées notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice, et de l’économie. Comme dimanche, la séquence des interventions de ce lundi a été très animée et fort enrichissante. Sans s’attarder sur les causes des grèves répétitives et autres mouvements sociaux, Seydou Patrice Dembélé de l’Amicale des anciens militants et sympathisants de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (Amsuneem) a demandé plutôt une trêve sur le front social pour permettre à l’état de faire face à l’effort de guerre.
Par ailleurs, l’ex-leader estudiantin a préconisé la moralisation des heures supplémentaires dans l’enseignement supérieur et l’harmonisation des salaires à tous les niveaux. Comme nombre d’intervenants, Boubacar Mohamed Samaké de la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) a soutenu que l’apaisement du climat social passe par le respect des engagements pris par l’état. Toute chose qui a poussé certaines personnes à faire une proposition allant dans le sens de donner une valeur réglementaire aux PV de conciliation (arrêté, arrêté interministériel, etc) pour faciliter leur application.
Le délégué de l’UNTM, Soumaila H. Maïga a demandé que la liberté syndicale soit effective dans tous les segments du travail, notamment le secteur privé. Pour sa part, l’ancien ministre Adama Samassékou dira que chaque acteur doit jouer son rôle, uniquement son rôle et tout son rôle dans l’espace scolaire. Il a recommandé l’instauration de la confiance sur la base de la vérité, de la justice sociale et de l’engagement patriotique.
Le reste des propositions et recommandations portent essentiellement sur l’organisation d’une conférence sociale, l’élaboration d’une politique salariale pour régler les questions de revendications en amont, la valorisation des légitimités traditionnelles et des médersas, la prise en compte des personnes handicapées, la lutte contre la consommation de la drogue dans les écoles.
Massa SIDIBÉ
Source : L’Essor