La communauté Soninké est très préoccupée par la situation actuelle du Mali. Diadié Soumaré, le président de l’Association pour la Promotion de la langue et la culture Soninké(APS) et président du Festival International Soninké(FISO), s’est prononcé sur la crise multiforme que traverse le Mali le samedi 2 mars dernier à Bamako. De l’avis du patriarche soninké, la grande nation malienne dans sa pluralité doit s’unir autour d’un seul mot d’ordre : le sursaut pour sauver la Nation. « Il s’agit tout d’abord de sauver l’unité de la nation malienne au-delà des querelles partisanes et politiques, qui nous enfoncent un peu plus dans le malheur et la ruine », selon Diadié Soumaré.
Le samedi 2 mars dernier à Bamako, à l’occasion du lancement des livres en langue Soninké : Soogofunsu (grains de millet) de Thierno Mohamedou Tandia, Tankarage do digan dixanxottu filli, tankarage do koyu filli (52 concepts, 52 semaines) de Fiso.com Sooninkon Jando Loogonte, Daaxan Sunka Yinbe et Fonnanxayaaxun do saafariye (Jeunesse et Emigration) de Bandiougou S. Dramé, Diadié Soumaré, président de l’APS (Association pour la promotion de la langue et la culture Soninké) et non moins président du Festival international soninké (FISO), a, au nom de la communauté Soninké, proposé deux voies de sortie de crise.
La première : le retour par tous les moyens imaginables de la cohésion nationale. « Ceux qui n’y adhèrent pas ou n’en veulent pas le seront par la voie de l’autorité », a expliqué Diadié Soumaré. Secundo : sortir le Mali de la crise. « Nous y mettrons les moyens nécessaires en numéraire et en participation volontaire jusqu’à la sécurisation physique et matérielle, gage de la paix», selon le président de l’Association pour la Promotion de la langue et la culture Soninké.
« Point d’aventure ! La grande nation malienne dans sa pluralité doit s’unir autour d’un seul mot d’ordre : LE SURSAUT POUR SAUVER LA NATION», a déclaré le responsable de la communauté Soninké. Ainsi, dira-t-il, nos enfants et petits enfants ne braveront plus les éléments, parfois au prix de leur vie avec l’idée d’aller chercher ailleurs ce qu’ils trouveront chez eux, au Mali, qui deviendra alors non plus un pays d’émigration mais un pays d’accueil où tout un chacun, à la condition qu’il s’en montre digne par son travail et ses efforts trouvera sa place.
Selon le président de l’Association pour la Promotion de la langue et la culture Soninké, les rédacteurs de l’Hymne National du Mali ne s’y sont pas trompés : « Devant chaque danger un réflexe immédiat : Si l’ennemi découvre son front, au-dedans ou au dehors, debout sur les remparts, nous sommes résolus de mourir.»
« Nos sociétés sont-elles capables de se réformer pour s’adapter aux réalités du monde actuel ? Le Mali est-il capable de sortir de sa crise actuelle ? », s’est ainsi interrogé le responsable de la communauté Soninké. Selon Diadié Soumaré, il s’agit tout d’abord de sauver l’unité de la nation malienne au-delà des querelles partisanes et politiques, qui nous enfoncent un peu plus dans le malheur et la ruine.
Tant qu’un Soninké travaille au cœur même du sacrifice physique et matériel, le Mali restera debout.
Diadié Soumaré a rappelé que l’histoire de toute société humaine est faite de continuité et de discontinuité, de ruptures : Wagadu s’est relevé un temps par Soundiata pour donner le Manden. Les chants d’épopée en témoignent. C’est à partir du limon culturel hérité de l’Empire Soninké que Soundiata mit en place les fondements de l’Empire Manden. De 1076 à 1236, il a fallu faire face au désordre qui s’est installé dans la région.
Ce désordre et ce chaos ressemblent à s’y méprendre à ce que nous vivons aujourd’hui. Soumangourou Kanté n’a pas pu reproduire l’empire Soninké à cause de sa méthode. Kouroukan Fouga représente ce moment du rassemblement de tous les peuples de la savane, de la forêt et du désert sous la bannière du Manden. « C’est par le consensus et le dialogue que ce miracle a pu se réaliser. L’Union et la solidarité ont été le socle de la nation malienne depuis WAGADU pour faire face aux périls extérieurs. »
Ce qui fait la spécificité de la civilisation malienne en Afrique, explique Soumaré, est le fait que la nation malienne précède l’Etat. « C’est ce fait vécu à travers l’Histoire qui donne au Malien le sentiment d’être un seul peuple. », a-t-il ajouté.
Aujourd’hui, estime le président de l’Association pour la Promotion de la langue et la culture Soninké, nous avons le devoir de repenser ce fondement pour nous reconstruire. Repenser notre démocratie consensuelle et participative inclusive de façon totale qui nous ressemble, qui nous rassemble dans notre diversité. « Les cinq doigts de la main sont certes différents mais nécessairement complémentaires. Ce constat, cette vérité appliquée a fondé l’union de la nation malienne et sa cohésion sociale d’antan. L’histoire du Mali est lourde de sens. Tant qu’un Soninké travaille au cœur même du sacrifice physique et matériel le Mali restera debout »
Madiassa Kaba Diakité
Source: Le Républicain