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DESOBEISSANCE CIVILE : Une stratégie pacifique transformée en arme de vengeance politique

La désobéissance civile est une forme de résistance passive qui consiste à refuser d’obéir aux lois ou aux jugements d’ordre civil. Elle a pour objectif d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le caractère inique ou injuste d’une loi avec l’espoir d’obtenir son abrogation ou son amendement. C’est une stratégie politique totalement différente de l’appel à l’émeute lancé par les leaders du M5-RFP le vendredi 10 juillet 2020 sur la Place de l’Indépendance à Bamako.

La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus «une arme de combat pacifique». On doit le terme à l’Américain Henry David Thoreau auteur de l’essai «La désobéissance civile» publié en 1849 à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique.
Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique qui oppose la violence à la violence. La désobéissance civile est plus subtile car refuse d’être complice d’un pouvoir jugé illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération. Le principe même du pouvoir politique pourrait rendre possible l’efficacité de cette action.
Un peuple peut donc résister sans violence par la désobéissance et provoquer l’effondrement d’un État illégitime, car, disaient ces apôtres, le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de son peuple. Encore faut-il une prise de conscience générale et le courage des premiers militants pour que ce principe puisse être efficace. C’est principalement Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis, Mandela en Afrique du Sud, les «Grands-mères de la Place de Mai» en Argentine et la contestation du pouvoir soviétique dans les années 1980 qui en ont montré l’efficacité.
Le principe est utilisé aujourd’hui au sein des démocraties pour lutter contre certaines lois lorsque les militants estiment que la légalité, qui dépend de la majorité et/ou d’une certaine inertie, ne parviendra pas à modifier ces lois. La désobéissance est illégale par définition, mais elle est en principe non violente non violente. Elle n’a donc rien à voir à avec les honteuses scènes de pillage et de vandalisme auxquelles les Bamakois ont assistés impuissants vendredi dernier.
Même s’il n’existe pas une définition spécifique à la désobéissance civile en droit malien, elle reste en tout cas «un acte purement public et non violent, décidé en tout état de conscience qui peut être sous une couverture politique contraire aux normes (lois) avec l’intention d’apporter un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement».
Dans notre pays, la Constitution du 25 février 1992 mentionne l’acte mais en précisant, en amont, les contextes dans lesquels la désobéissance civile peut intervenir. Ainsi, dans son article 121 (alinéa 2), elle stipule que «la forme républicaine de l’Etat ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’Etat» !
Cet article met des garde-fous en conditionnant a priori l’acte de désobéissance civile à une situation cruelle. Mais, les responsables du M5-RFP ne voient pas de limites à leur action politique dont ils ne peuvent même pas avouer les vraies motivations. D’une arme de combat pacifique, ils ont fait de la désobéissance une arme de destruction en poussant des manifestants manipulés par des discours incendiaires à attaquer et piller les édifices publics et les domiciles privés.
A quelque chose malheur est néanmoins bon parce que les patriotes sincères et réellement soucieux du devenir du Mali ne tarderont pas à découvrir le vrai visage des mégalomanes des pseudo-forces patriotiques.
On conduit le peuple en lui montrant un avenir. Et cela d’autant plus qu’un chef est un marchand d’espérance et non d’illusion ! Hélas au Mali, on a que des marchands d’illusions qui sont les responsables des problèmes qu’ils promettent de régler et des maux qu’ils prétendent combattre. Ne me faites pas rire!! Vous parlez de coalitions contre-nature ! Montrez-nous un seul leader du M5-RFP qui n’a pas été un fervent défenseur du régime d’IBK entre 2013 et 2018 ?
Pis, ils réclament la dissolution de l’Assemblée nation où siègent leurs députés ayant massivement participé à la mascarade qui a hissé Timbiné au perchoir. De grâce qu’ils règlent leurs comptes politiques, mais qu’ils nous épargnent la comédie les poussant à porter des habits de sauveurs du peuple, de la partie !
Moussa Bolly

Source: Le Combat

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