Depuis la dispersion des djihadistes, suite aux raids de l’opération Barkhane dans le nord du Mali, ils se sont installés dans le pays-dogon et dans les zones inondées du delta central du fleuve Niger. Les communautés qui y vivent sont soumises à des exactions de toute sorte, des tueries au quotidien, avec son corollaire d’exode massif de la population. Jamais le baromètre de l’insécurité n’a connu une telle hausse dans les cercles de Koro, Bankass, Douentza et Badiangara. Très souvent de violents accrochages ont lieu dans ces zones.
La raison, la communauté peulh qui est accusée à tort ou à raison de composer avec les groupes terroristes. Depuis des dizaines d’années, il y a une tension latente entre les peulhs et les dogons, qui a pu être gérée jusque-là, sans grands dommages collatéraux. Tel n’est pas le cas actuellement, les morts se comptent par dizaines voir par centaines suite à des attaques surprises accompagnées de représailles sanglants, le tout planifiées avec minutie de part et d’autre. Il y a une dizaine de jours, plusieurs dizaines de personnes ont trouvé la mort en une semaine suite à des affrontements sanglants. Des habitations, des engins roulants, des greniers ont été incendiés, des cheptels emportés. Le centre est devenue une zone de non droit voir une poudrière. Au nom de la légitime défense et en raison de la démission de l’Etat les populations victimes ont décidé de prendre les armes pour se rendre justice. Les mains sur la gâchette, pointée sur l’autre communauté. Les chasseurs de la localité, organisés en groupes d’autodéfense, veillent sur la sécurité des habitants, et agissent selon le principe ‘’œil pour œil, dent pour dent’’. Le gouverneur de Mopti, dans un communiqué diffusé récemment sur l’ORTM, a déclaré que l’armée se fera le devoir de désarmer tout individu en possession d’arme de guerre de gré ou de force. Nous pensons que l’application de cette solution revient à s’attaquer aux conséquences en lieu et place des causes. L’une des raisons de la création des milices d’autodéfenses est l’absence totale de l’armée malienne dans les communes de ces cercles pour protéger les habitants, sans compter aussi l’abandon des postes administratifs par les commis de l’Etat, lié à l’insécurité. Cette situation vécue dans le pays dogon, n’est pas une première au Mali. Depuis 2012, les régions du nord sont soumises au diktat des rebelles de la CMA, aux djihadistes et aux terroristes. Qui sait si ces trois groupes ne sont-ils pas les mêmes ? Il suffit pour un djihadistes de porter une tenue treillis pour s’apparenter à un rebelle touareg. L’Etat n’est jamais parvenu à désarmer les groupes rebelles, bien que les sites de cantonnement soient prêts pour accueillir les ex combattants et leurs équipements. Les différents groupes armés des régions du nord refusent totalement d’être désarmés. Ils posent toujours de nouvelles conditions pour ce faire. Pour tenir des élections dans les régions du nord, le Ministre de l’administration et le Premier Ministre veulent utiliser les services des groupes armés signataires d’un accord qui pendant quatre ans n’a enregistré aucune avancée significative dans son application. Cette décision est une honte, une grande honte, une capitulation du régime face aux groupes armés, surtout lorsque le Ministre en charge des élections dit que: ‘’les mouvements vont nous fournir des éléments pour sécuriser les villes du nord et assurer la logistique le jour du vote. Ils vont aussi accompagner le retour de l’administration dans certaines zones avant l’élection’’. Cette situation confirme-t-elle que le Gouvernement est déjà en négociation avec les groupes pour la sécurisation de l’élection présidentielle et pour quel coût ? Ces milliards seront-ils partager dans les hôtels huppés de Bamako dans un premier temps et dans un deuxième temps, ils finiront par nous dire que les djihadistes d’Iyad Ag GHALI leur ont empêché de sécuriser le scrutin.Tout le monde sait que la CMA est opposée à toute élection dans les régions du nord, tant que l’autonomie de Kidal n’est pas effective. Dans ces conditions, pourquoi, le gouvernement fait-il semblant de ne rien comprendre dans le refus de la CMA, et va s’en prendre aux vaillants ‘’donso’’ qui ne font que défendre leurs populations respectives et la paix. Même pour que le Premier Ministre se rende à Kidal, certains l’accusent de courtiser les chefs de fraction, en leur donnant de l’argent. D’ailleurs les rebelles de la CMA, viennent de poser d’autres conditions pour la dite visite qui doit avoir lieu dans la dernière décade de mars 2018. A ce rythme où va le Mali ?
La garde rapprochée du premier ministre pourra être avec lui mais avec un maximum de dix (10) personnes, a-t-on appris. Elle devra être en possession d’armes légères uniquement. Afin de « mobiliser ses troupes », la coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) exige un budget de 60 millions. En plus de tendre la main pour les soixante (60) briques qu’elle attend, la CMA a mis en garde Soumeylou Boubèye MAIGA. L’ancien ministre de la défense ne doit pas tenir de discours guerrier ou langage allant dans le sens de la provocation. Si sa langue glisse, alors il sera tenu responsable des conséquences qui vont suivre.
Badou S KOBA
Le Carréfour