Le Mali est devenu la plaque tournante du narco trafic transfrontalier dans la bande sahélo-saharienne. Le ministre des Affaires étrangères Zahabi Ould Mohamed vient de révéler que la survivance de la rébellion tient essentiellement au problème de drogue.
Et il existe un lien fort entre la rançon versée aux preneurs d’otages, l’achat de la drogue et des armes et le blanchiment d’argent. Des informations font état qu’une importante somme d’agent dépensée par l’ex-Première Dame du Mali Madame Touré Lobbo Traoré, lors de son passage à Paris, était étiquetée comme portant les mêmes séries que la cagnotte remise aux ravisseurs dans la libération de certains otages. Il n’en fallait pas plus pour l’Hexagone d’établir la relation amoureuse entre Koulouba sous ATT et les rançonneurs surtout que les médiateurs dans les prises d’otages étaient toujours des ex-rebelles.
Pour mieux comprendre la connexion de fait avec les terroristes, il faut regarder dans le rétroviseur l’affaire d’Air Cocaïne, les prises d’otages et le recrutement des rebelles dans l’armée.
L’affaire du Boeing 727
C’est un avion à usage multiple ayant appartenu à plusieurs multinationales avec comme lieu d’expédition le Venezuela et ayant un plan de vol variable qui a déchargé sa cargaison à Gao au Nord du Mali. Des Maliens sont impliqués dans cette affaire puisque nos enquêtes ont permis de savoir que les responsables de ce vol avaient averti les autorités en charge des aéroports de leur intention de survoler l’espace aérien malien. A l’époque l’inusable Sombé Théra était parvenu à la conclusion que des Maliens étaient impliqués dans cette affaire.
L’avion d’Air Cocaïne, le Boeing 727 dont la carcasse a été retrouvée plus tard à Gao en novembre 2009 dans le désert malien et qui transportait de la cocaïne avait bel et bien averti aussi les responsables du ministère de la Défense du survol du territoire malien, selon nos informations. Et outre un Français, Eric Vernay, le PDG de Go- Voyages Mohamed Hako, Mohamed Ould Didi et Mohamed Ould Awaynat avaient été mis aux arrêts.
Dans cette affaire, des proches du président impliqués dans le dossier n’ont pas été inquiétés.
Les prises d’otages
Dans les prises d’otages, la France a fini par comprendre que chaque otage pris quelque part en Afrique était acheminé au Mali. Mieux, c’était les mêmes interlocuteurs, les mêmes privilégiés. Donc, il s’agissait d’un réseau bien organisé du sommet à la base avec des hauts gradés de l’armée, des diplomates, des magistrats chevronnés qui formaient le fil conducteur ou la chaîne de commandement. Un Ami d’ATT sous le couvert de l’anonymat nous a raconté : « J’ai été stupéfait de ce que j’ai vu à Paris (France) au siège de RFI concernant l’ancien président et son degré d’implication dans les prises d’otages et autres affaires de drogue ».
Selon nos informations, le pot – aux – roses fut découvert avec l’achat par l’ex-Première dame de produits de luxe à Paris. « Un simple regard sur les billets émis a permis de comprendre qu’une partie de l’argent versée aux rançonneurs est restée dans le salon de Koulouba » a admis notre interlocuteur. Faut-il conclure qu’il y avait une sorte de complicité entre le pouvoir et les ravisseurs dans les prises d’otages ? Beaucoup n’ont pas hésité à conclure par la positive.
Des rebelles recrutés
Aussi, les Maliens n’ont pas bien perçu l’enrôlement de 200 jeunes combattants du nord dans l’armée et 10 000 autres injectés dans le tissu socio-économique du pays. La somme de 1 milliard 200 millions avait été débloquée, à cet effet, et logée dans un compte tenu à l’époque tenu secret. Le programme, dans sa totalité, prévoyait plus de 20 milliards de FCFA. Un financement qui devrait, selon les bailleurs, pouvoir calmer les ardeurs des jeunes du Nord trop enclins à se faire recruter dans la rébellion.
L’Accord d’Alger prévoyait le développement socio-économique des régions Nord du Mali. Les Maliens sont restés naturellement perplexes devant une telle formulation dans la mesure, où, pour le citoyen lambda, un pays souverain, a un plan de développement national. Que le développement des régions Nord puisse faire partie des revendications de certains Maliens qu’on a pris l’habitude d’appeler rebelles et être accepté comme tel par l’Etat, comme si cela ne figurait pas dans son plan, il y a de quoi se poser des questions… Et si les autres régions du pays exigeaient de l’Etat un peu d’égard à leur encontre !
Le développement d’une région par l’Etat et ses partenaires n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais la manière de faire peut frustrer plus d’une personne. Le développement d’une localité, c’est la mise en place d’infrastructures permettant aux habitants de cette localité d’œuvrer pour leur bien-être social. Mais recruter des jeunes combattants dans l’armée sans qu’ils fassent le concours national au même titre que tous ceux qui aspirent au service militaire, procède d’une injustice sociale.
Sur ce point, la Constitution malienne est claire : « Les Maliens naissent libres égaux en droits et en devoirs ».
Mais ici, le résultat est connu. Face à la rébellion de 2012, ces recrus ont refusé de combattre et ont regagné les rangs de l’ennemi. Ces mêmes personnes veulent retourner dans l’administration. Sont-ils les bénis de Dieu ? IBK est interpellé.
Et pendant que d’autres jeunes triment à longueur de journée pour se trouver un emploi, dignement, et sans armes, l’Etat œuvre, au nom d’une soi-disant paix sociale, à réintégrer dans les différents corps de la fonction publique de gens qui ont contesté son autorité.
Des structures de recrutement financées à coup de milliards existent aujourd’hui. Alors, pourquoi les jeunes du Nord ne passeraient-ils pas par celles-ci au lieu d’attendre qu’on vienne les servir sur un plateau d’or ? De quoi donner envie à d’autres jeunes de Ségou, Sikasso ou Kayes de prendre les armes et d’exiger de l’Etat un emploi décent.
Autant de tares du régime ATT face auxquelles la page doit être tournée. Sinon il ne fait aucun doute que l’élection d’ATT avait suscité de l’espoir chez les Maliens, un espoir hélas déçu.
Issiaka Sidibé
Le matinal