L’embarcation avec près de 90 personnes à bord, qui tentaient de rejoindre illégalement l’Italie, a disparu vendredi au large de la Tunisie.
Trois migrants ont été retrouvés noyés et des dizaines ont disparu entre la Libye et l’Italie après le naufrage vendredi en Méditerranée de leur embarcation. Ce naufrage dans les eaux internationales au large de la Tunisie intervient alors que les navires de secours européens se sont retirés de cette zone de passage des migrants tandis que la plupart des bateaux humanitaires rencontrent des difficultés pour y accéder.
Un bateau de pêche a lui sauvé 16 des passagers, a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense Mohamed Zekri, précisant que selon les rescapés, leur embarcation transportait 60 à 70 migrants. Néanmoins, selon le Croissant rouge local, il pourrait y avoir eu jusqu’à 90 passagers dans l’embarcation, ce qui porterait le bilan à plus de 70 disparus.
“On ne connaîtra probablement jamais le nombre exact de morts”, a estimé Mongi Slim, responsable du Croissant rouge à Zarzis.
L’ONU tire la sonnette d’alarme
Les rescapés ont été ramenés au port de Zarzis (sud)) par un bateau militaire à bord duquel ils se trouvaient toujours vendredi soir, selon le Croissant rouge.
Selon le ministère de la Défense, l’embarcation est partie jeudi de Zouara, ville côtière de Libye, à 120 km à l’ouest de Tripoli, et se trouvait à 60 km au large de Sfax, ville côtière du centre de la Tunisie. Les passagers tentaient de rejoindre illégalement l’Italie, d’après le porte-parole du ministère de l’Intérieur tunisien, Sofiène Zaag.
Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, qui tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois, a appelé à “renforcer les capacités des opérations de recherches et de secours dans toute la zone”.
“Si nous n’agissons pas maintenant, il est presque certain que nous verrons de nouvelles tragédies dans les semaines et mois à venir”, a souligné Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée.
213 migrants interceptés
Depuis la mise en place mi-2018 d’une zone de secours et de sauvetage confiée aux autorités libyennes, les garde-côtes libyens sont chargés de récupérer les migrants en détresse. Cette semaine, ils ont intercepté plusieurs centaines de migrants, ramenés en Libye malgré les violents combats en cours dans ce pays frontalier de la Tunisie.
Selon l’agence de l’ONU pour les migrations (OIM), 101 migrants ont ainsi été ramenés vendredi, deux jours après que les gardes côtés libyens ont intercepté et rapatrié 213 migrants dans deux opérations distinctes.
Les agences de l’ONU et organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, où ils se retrouvent placés dans des camps de détention ou à la merci de milices.
Benjamin Rieth avec AFP – 11.05.2019