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Des déceptions sur la mission canadienne au Mali

À mi-chemin de la mission canadienne de 12 mois au Mali, des questions et des déceptions commencent à émerger alors que certains experts estiment que le gouvernement Trudeau présente un manque d’intérêt pour le pays — et pour les interventions de maintien de la paix en général.

Le Mali est aux prises avec de la violence et de l’instabilité depuis la rébellion et le coup d’État de 2012, et il est à craindre que des extrémistes islamistes et des organisations criminelles s’incrustent dans ce pays, tout comme sur la vaste étendue de l’Afrique, au sud du désert du Sahara.

Depuis le mois d’août, le Canada compte environ 250 militaires et huit hélicoptères à Gao, au Mali, pour réaliser des évacuations médicales et un soutien logistique, ce qui, selon le premier ministre Justin Trudeau, fait une différence.

De passage à Gao le 23 décembre dernier, M. Trudeau a déclaré que «le processus de paix prenait forme au Mali» et que la présence du Canada aidait en ce sens.

Pourtant, l’Organisation des Nations unies (ONU) fait état de progrès limités au cours des trois derniers mois. La situation politique et humanitaire s’est légèrement améliorée, mais elle a été éclipsée par une flambée de violences.

L’ONU note une nette augmentation du nombre d’engins explosifs improvisés visant les Casques bleus et des responsables, ainsi que plusieurs attaques coordonnées contre les bases et le personnel des Nations unies.

La contribution sera «rapidement oubliée»

Certains experts espéraient que la mission de maintien de la paix permette au gouvernement Trudeau de renforcer son engagement envers les Nations unies au Mali et dans la région du Sahel, ce qui ne s’est jamais produit.

Selon eux, le gouvernement semble avoir peu d’intérêt réel envers le Mali ou le maintien de la paix en dépit de l’investissement de plusieurs millions de dollars à ces fins.

«La contribution canadienne à la MINUSMA (la mission des Nations unies au Mali) sera rapidement oubliée», estime Bruno Charbonneau, un expert du Mali à l’Université Laurentienne de Sudbury, en Ontario.

«C’est un aller-retour rapide qui… ne change rien aux opérations de maintien de la paix de l’ONU au Mali ou en général, et qui ne change certainement rien à la situation au Mali et dans le Sahel en général.»

Le pays est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide étrangère du Canada depuis plusieurs années, ce qui aide, selon les experts. Il a également reçu une partie des 450 millions de dollars réservés en 2016 pour les programmes de paix.

Pourtant, le gouvernement Trudeau a plusieurs fois refusé de prolonger de plusieurs mois la mission au Mali afin de minimiser le décalage entre le moment où les Canadiens cesseront de voler en juillet et l’arrivée de remplaçants roumains à l’automne.

Cette position contraste vivement avec les prolongements répétés des missions militaires du Canada en Lettonie, en Ukraine et en Irak, dont aucune ne relève des Nations unies.

«Je me demande: pourquoi pas l’ONU? Pourquoi pas le Mali?», a observé Walter Dorn, expert en maintien de la paix au Collège des Forces canadiennes à Toronto.

Un interlocuteur «désintéressé»

Il y avait une perception en juillet que le Canada intensifierait sa présence et son implication au Mali, lorsque des responsables ont révélé leur intention d’envoyer jusqu’à 20 policiers et de dépenser des millions de dollars pour aider les Nations unies à entraîner les forces locales de sécurité.

Le bureau du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a déclaré mardi que deux policiers avaient suivi une formation préalable au déploiement et qu’ils arriveraient au Mali plus tard ce mois-ci. Il n’a toutefois pas fourni d’échéance pour le déploiement des autres.

De leur côté, les experts croient que les plans à long terme du gouvernement pour le Mali demeurent nébuleux, y compris son plan pour l’aide financière.

«Mes collègues et moi essayons de plaider pour une plus grande implication (au Mali), mais nous avons l’impression de parler à un interlocuteur relativement désintéressé», a déclaré Jonathan Sears, un expert sur le Mali à l’Université de Winnipeg.

La porte-parole du ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a félicité les militaires canadiens pour leur travail au Mali, rappelant que le gouvernement avait pour engagement de «promouvoir la paix et la stabilité dans le monde».

«Nous sommes fiers du travail important accompli par les femmes et les hommes de nos Forces armées canadiennes pour aider à créer les conditions propices à une paix durable, au développement et à la prospérité au Mali», a affirmé Byrne Furlong.

Journal metro.com

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