Dans plusieurs de nos précédentes parutions sur la question sécuritaire qui reste toujours alarmante dans notre pays, nous avions anxieusement proposé au Gouvernement : le désarmement de toutes les milices d’autodéfense et le retour de l’Etat dans toutes les localités du pays à travers une revue générale des anciennes stratégies délabrées qui n’ont fait qu’empirer les choses.
Critiquer sans ne rien proposer, tel n’est pas notre objectif. C’est pourquoi dans plusieurs de nos parutions depuis l’éclatement de la crise multidimensionnelle de 2012 à la généralisation de l’insécurité à travers les conflits dits interethniques dans les Régions du Centre, nous nous sommes efforcés d’exposer au clair les réalités du terrain camouflées par les médias publics et aussi de faire des propositions dont celles du désarmement, de la dissolution de toutes les milices d’autodéfense dont Danan Ambassagou, Dogon Ambassagou, etc. Ce qui favorisera le retour de l’État. Chose prédite, chose vue et avérée aujourd’hui. C’est du moins ce qu’on peut constater à travers les réactions des leaders politiques sur le drame du village Peulh de Koulogon qui a cautionné la vie de 37 civils, le mardi 1erjanvier 2019. Au-delà des dénonciations comme d’habitude, le Chef du parti de l’abeille Soumaïla Cissé et même du parti du Bélier Blanc, l’Homme de franc-parler Tiébilé Dramé et l’ancien Premier Ministre, Moussa Mara, ont tous, d’une manière ou d’autre, fait savoir ouvertement qu’il urge de revoir la politique sécuritaire de l’actuel Régime. Ce, surtout en procédant au retour de l’Administration dans les Région du Centre du pays et au désarmement des milices dites d’autodéfense. Dans un communiqué conjoint, les associations et partis politiques du FSD (Front pour la Sauvegarde de la Démocratie), suffisamment relayés sur la toile dans la nuit du lundi à hier mardi, la responsabilité « particulière » de l’État dans les carnages sévissant dans les Régions du Centre et singulièrement le cas du village de Koulongon été unanimement dénoncée.
Dans la foulée, l’actuel Premier Ministre, le pseudo stratège et tigre malien, a été interpellé par les Députés de l’Assemblée Nationale, le lundi dernier. Pour se débarrasser des élus de la nation, Soumeylou Boubèye Maïga est allé jusqu’à donner un ultimatum à tous les groupes d’autodéfense. «Nous avons engagé le désarmement dans le Nord. Nous l’avons étendu sous une forme adaptée aux Régions du Centre. Nous avons distribué des registres à ceux qui se sont présentés aux noms des différents groupes en précisant que la date limite pour ce faire enrôler et déposer les armes prenait fin au 31 décembre 2018. À partir de là, nous serons obligés de passer à une autre phase de l’action militaire plus active contre tous ceux qui porteraient des armes». Mais cela n’est que la méthode du médecin après la mort, voire une manière de dissimuler son art de jouer au pyromane-pompier. À commencer par l’avènement du phénomène ‘‘milices autodéfense’’ avec le mouvement Gandakoï au Nord dans les années 1990 jusqu’à la création de la confrérie des Donzo dans le Centre du pays. Ce, en passant par les dérapages advenus à Kidal, lors du passage de l’ex Premier Ministre Moussa Mara, en mai 2015. L’Honorable Oumar Mariko l’a dit haut et fort que Boubèye est comptable de tous les massacres qui se passent actuellement dans les localités du Centre du pays contre la Communauté Peulh. Le moment venu il va répondre de tous ces crimes frisant le génocide dont le Président lui laisse commettre. Mais d’ici là, disons que sa décision annoncée le lundi 7 janvier dernier devant les élus du Peuple peut paraître salutaire même si rien ne nous prouve sa sincérité et sa tenue. En tout état de cause, cette mesure devrait être prise depuis les premières heures de sa nomination en lieu et place d’Abdoulaye Idrissa Maïga, qui a pris ses distances par rapport à la famille présidentielle après de longues années de lutte. Que s’est-il réellement passé ? Ça, c’est une autre histoire liée quand même à cette question de pacification du pays.
Mais, le natif de Gao, SBM, doit savoir la vraie sagesse de cet adage bambara qui stipule qu’« Au lieu d’offrir une sauce comme sacrifice à l’honneur d’un défunt, rend lui la grâce à son vivant».
Par ailleurs, force est de constater que Soumeylou Boubèye Maïga ne rend point service à la nation malienne, mais est en train de s’en servir en roulant tout le monde dans la farine. À commencer par son mentor, le Président IBK. Et pour preuve, n’est-il pas en train de contraindre son Gouvernement d’attendre la mort de toutes les populations du Centre pour réagir ? Mais il aurait dû nous prouver qu’il est «Expert en sécurité dans les zones sahélo-sahariennes», comme le scandaient à chaque instant ses partisans zélés suite à sa nomination à la tête du Gouvernement. Aujourd’hui, son double objectif autour de son naïf mentor IBK ne serait-il pas de porter atteinte à la Communauté peulh et détruire le Rassemblement Pour le Mali (RPM) au pouvoir ? Mais le temps nous en dira plus…
Donc, en attendant, force est de reconnaître que la ligne éditoriale de votre Quotidien, LE COMBAT, n’est pas de séduire ni d’accuser quiconque gratuitement, mais d’informer objectivement et courageusement tout en alertant le Public face aux dérives de tous genres. Donc, si le Centre s’embrase aujourd’hui c’est parce que Boubèye tient à régler de vieux comptes sur fond d’amalgame. L’amalgame selon lequel « Tout Peulh est Djihadiste ». Or, sous ATT il a été défendu sur les antennes de l’ORTM et dans les éditions de l’AMAP que « Tout Touareg n’est pas rebelle ». Alors il est temps de voir clair dans le jeu de PM actuel.
À bon entendeur, salut !
Seydou Konaté
LE COMBAT