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Dépôt de transit de Darsalam: des enfances enfouies dans les ordures

Loin des activités de leur âge, une centaine d’enfants s’affairent sur le dépôt de transit de la commune III à ramasser des objets recyclables à revendre. Sur ce tas de déchets sous un soleil de plomb, la préservation de leur santé est le dernier de leur souci. Le plus important : dénicher des trésors pour se faire quelques pièces d’argent. Une question de survie pour certains.

S’il était une chasse bien gardée des femmes, le ramassage d’ordures attire depuis quelques années de nombreux enfants qui parcourent les décharges à la recherche de matériaux recyclables ou d’objets à revendre. Le dépôt de transit de la commune III situé à Darsalam, l’un des rares sites de Bamako, est convoité par des centaines de jeunes. Leur Eldorado, sur lequel ils espèrent transformer les déchets en espoir.

La ruée des enfants sur les ordures

Sur ce dépôt, des adolescents comme Sidi, 15 ans, les yeux rivés sur les détritus travaillent sans relâche sous un soleil ardent à la recherche du moindre objet de valeur. Sidi, originaire de la région de Bandiagara, en proie à l’insécurité, non scolarisé, a troqué ses jouets contre un crochet en fer.

Depuis cinq ans, il fouille les ordures avec un crochet de fer qui lui sert de support pour protéger ses mains. Chaque objet trouvé est un trésor, précieusement conservé dans un sac collé à son cou. Un geste répété inlassablement pendant la journée. Les anciens téléphones, les objets métalliques et plastiques, les vieilles tôles, rien n’échappe à son regard affûté.

En arpentant les décharges, la motivation de Sidi n’est pas une question de survie. Il rêve d’une vie faite d’apparence, à l’image des autres jeunes de sa région qui reviennent de la capitale avec des objets de luxe. À son tour, il veut aussi s’entourer des bling-bling et afficher fièrement les fruits de son labeur.

‘’Avant, j’enviais tellement mes semblables qui venaient travailler à Bamako et retournaient au village avec les objets de luxe’’, confie-t-il, la sueur perlant le front, tenant jalousement son sac à trésor. C’est en grande partie ce qui l’a poussé à tenter l’aventure sur les décharges de Bamako.

‘’En arrivant ici, on m’a suggéré ce travail qui rapporte mieux que beaucoup d’autres à Bamako, surtout quand on se grouille’’, affirme-t-il au milieu des ordures sans protection nasale.  Sur ces insalubres, c’est entre 1000 et 2500 FCFA qu’il peut gagner par jour.

Si le jeune Sidi espère dans la décharge soigner son apparence, cette activité est cependant un moyen de survie pour Bourama. Ce natif de Bandiagara remue les déchets avec dévouement pour trouver les moyens de quoi manger.  Pour lui, la survie se joue à chaque objet ramassé.

«Je suis nouvellement venu (NLDR 3 mois). Pour l’instant, je ne gagne pas assez, je me contente des 150 à 300 FCFA par jour’’, signale-t-il. Une réalité amère. Les 150 à 300 FCFA qu’il gagne ne suffisent même pas à manger.

Par conséquent, les soirs, il enfile son costume de mendiant, faufilant entre les engins pour quémander quelques pièces d’argent afin de s’offrir le dîner. L’eldorado tant vanté n’est qu’un mirage pour ce jeune garçon qui a fui les travaux champêtres, espérant faire fortune dans l’or noir.

Un enfer sanitaire

Modibo KARAMBE, d’une trentaine d’années, se dit être ‘’le tuteur’’ de ces enfants, dont la plupart viennent des régions de Bandiagara et de Ségou. Un rôle qui ne se repose sur aucune base légale puisqu’il ne décide et ne répond en rien.

Selon KAREMBE, sa mission consiste généralement à les “ emmener à l’hôpital, à leurs propres frais’’. À part ce service, ajoute-t-il avec ironie, ‘’c’est chacun pour soi, Dieu pour tous”.

Il avoue que l’argent gagné dans ces conditions insalubres (odeurs puantes, température étouffante des ordures) couvre à peine la prise en charge sanitaire de certains, encore moins d’envoyer de l’argent aux parents au village”.

Constat : être fouilleur d’ordures est loin d’être un eldorado. Au contraire, c’est un enfer sanitaire puisque attirant bien des ennuis de santé, comme affirmé par le pneumologue Adama Sinayoko en poste au CHU Point G, l’une des plus grandes structures du pays.

Joint au téléphone, il est ferme : ces activités sont néfastes pour la santé. Car, soutient-il, la majorité de ces déchets contiennent des substances toxiques telles que le monoxyde de carbone, l’oxyde d’azote, le plomb, le mercure qui ciblent un organe spécifique. Selon lui, le monoxyde de carbone et l’oxyde d’azote s’attaquent aux appareils respiratoire et digestif.

‘’Les cellules naturelles lorsqu’ils entrent en contact avec ces substances vont provoquer d’autres cellules comme des cellules tumorales ou encore le cancer’’, indique le spécialiste avec le risque d’attaquer les autres appareils respiratoires jusqu’aux poumons pouvant déboucher à ‘’plusieurs maladies cancéreuses dans l’avenir.’’

Outre les maladies respiratoires, ces enfants qui arpentent les décharges sont exposés à des insuffisances cardiaques.

Les odeurs qui s’y dégagent peuvent être à l’origine d’autres maladies chroniques comme les Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Il s’agit des difficultés respiratoires que les enfants peuvent développer à l’âge adulte, provoquées par l’inflammation de la muqueuse des bronches’’, affirme-t-il.

Pour sa part, le généraliste Mahamadou Traoré de l’hôpital Gabriel TOURE a signalé que ces enfants peuvent contracter des maladies parasitaires telles que le VIH, l’hépatite B, le tétanos…

PAR AMINA SISSOKO

*Pour des raisons de protection du droit de l’enfant, on a voulu garder sous anonymat les noms de famille des enfants

Source : Info Matin
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