La probité morale, le sens de l’honneur et le respect de la distinction des pouvoirs sont bien des denrées rares sous nos tropiques. Et c’est à ce sacrifice significatif que le Colonel-major Nouhoum Dabitao a consenti, en démissionnant de son propre chef, du Conseil National de la Transition (CNT) pour décider de se mettre à la disposition de la Justice. Ce, dans une affaire où sa culpabilité est loin d’être établie de près ou de loin. Il s’agit de l’affaire des équipements militaires
Cette affaire, depuis quelques années maintenant, est connue de tous. C’est pourquoi, sans boule de Crystal, encore moins de jet de cauris, il est très facile d’indexer les véritables coupables. Ceux-ci sont différents de la trempe d’un officier supérieur à l’image du Colonel-major Nouhoum Dabitao, dont le seul pêché a été d’avoir assumé la responsabilité du Commissariat aux Armées au moment des faits. Sans quoi, il n’a été en aucun moment impliqué dans la négociation des prix pour l’achat des équipements militaires, indiquent des sources proches du dossier.
Rappelons que le contrat d’acchat des équipements avait été certes conclu entre le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants (MDAC) et la Société GUO STAR de Amadou Baiba KOUMA. Mais le dossier a été en réalité piloté par M. Sidi Mohamed KAGNASSI, alors Conseiller spécial du Chef de l’Etat chargé des questions d’équipement des Forces Armées. Ce rôle a été formellement dévolu à Sidi Mohamed Kagnassy, à travers le mandat en date du 05 novembre 2013, délivré par le Directeur de Cabinet du défunt Chef de l’Etat, IBK.
Il s’agissait du marché d’achat de matériels HCCA (Habillement, Couchage, Campement, Ameublement) et de véhicules de transport pour un montant total de plus de 69,183 Milliards Francs CFA dont quelques 34 milliards Francs CFA destinés au matériel HCCA.
Selon les explications recueillies, KAGNASSI, en qualité de mandataire a donc procédé au montage financier du dossier avec la Banque Atlantique convenant du paiement étalé sur trois (3) ans avec un an de différé. Ce montage financier a été garanti par le ministère de l’Economie et des Finances. Le contrat était conforme à l’article 8 du décret n ° 08-485 / P – RM du 11 août 2008, relatif aux procédures de passation des marchés publics telles que prévues par la loi.
Pourtant, malgré ce ‘’parrainage’’ et ces garanties de conformité, le contrat a été présenté par le Bureau du Vérificateur général comme celui des «surfacturations». Mais à y regarder de près, il apparaît que GUO STAR a négocié pour réduire le prix d’achat pratiqué habituellement. Mieux, l’entreprise s’est tournée exclusivement vers les fournisseurs traditionnels de l’Armée malienne, notamment les sociétés françaises SOFRAMA, EUROMATEX et MAGFORCE. Celles-ci ont fourni leur cotation, conformément aux besoins exprimés par la Direction du Commissariat aux armées, dont le colonel-major Nouhoum DABITAO était le Directeur à l’époque des faits.
Selon des sources proches du dossier, il est avéré que Mohamed KAGNASSI a retenu les moins-disantes, à savoir MAGFORCE et SOFRAMA, avant de négocier les prix d’achat avec les fournisseurs et soumettre sa facture au MDAC en tenant compte de sa marge, des frais d’approche et des effets du cautionnement nantissement bancaire.
Mais une mission du Bureau du Vérificateur Général a néanmoins conclu à la « surfacturation ».
En effet, on reproche à ce marché sa passation sous « secret défense », sa non-validation par le contrôle financier, sa non-soumission à la Taxe sur la valeur ajoutée. Si c’est le cas, ce sera plutôt la responsabilité des services techniques du département de l’Economie et des Finances, habilités à relever les failles du dossier et procéder aux correctifs éventuels, qui est indexé.
De même, les conclusions dénotent la double signature par deux gérants différents de GUO STAR, Sidi Mohamed KAGNASSI et Amadou Baiba KOUMA.
Le constat est que sur ces deux chapitres, la responsabilité du Commissariat aux Armées n’à jamais été établi, car le service n’est impliqué dans aucune de ces procédures.
Les sources proches du dossier sont formelles : en aucun cas et en aucun moment, le Colonel-major Nouhoum DABITAO n’a été impliqué ni dans la négociation des prix, encore moins l’exécution financière du contrat. Pourtant, c’est bien à la suite des conclusions du Végal qu’il a été entendu par le Pôle économique et financier au sujet de ce marché.
« En aucun cas, le colonel-major DABITAO n’a été impliqué dans la négociation des prix », a tenu à répéter une source proche du dossier.
C’est donc pour cette raison que, ne se reprochant rien dans cette affaire et soucieux de son honneur d’homme et surtout de soldat en mission de la Nation, le Colonel-major Nouhoum DABITAO a décidé, de son propre chef, de démissionner du Conseil national de transition (CNT) pour se mettre à la disposition de la Justice. Une occasion pour lui d’exhiber les preuves de son innocence et sortir grandi de cette affaire aux multiples rebondissements, dont les failles entament l’honneur et la dignité de l’officier assermenté.
Moustapha Diawara