Après le démarrage très salué du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc) dans la région de Kidal où, des éléments de l’armée nationale patrouillent aux côtés de ceux de la CMA et de la plateforme, les yeux sont désormais rivés vers le processus de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR). Une étape jugée propice au commerce et trafic d’armes.
Le DDR constitue l’étape la plus importante dans la sécurisation et la stabilisation du pays. Du coup, elle est très attendue par les Maliens, surtout les groupes armés et le gouvernement.
L’accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger, prévoit que le mécanisme Opérationnel de Coordination (Moc) soit immédiatement suivi du Désarment, Démobilisation et Réinsertion des ex-combattants.
Après les régions de Gao et Tombouctou, le Moc est devenu, depuis le 4 mai dernier, une réalité dans la région de Kidal. Cela est une avancée remarquable dans la quête de la paix au Mali quand on sait que depuis 2014, Kidal était une cité interdite à l’armée malienne et aux représentants de l’état.
Après plusieurs mois de concertations et de tractations entre partenaires, groupes armés et gouvernement du Mali au sein du comité de suivi de l’accord, l’armée malienne a symboliquement signé son retour dans l’Adrar des Ifoghas et cela, dans le cadre du Moc. Au total, 51 éléments issus des rangs de l’armée malienne, de la plateforme et de la CMA patrouillent côte à côte dans les régions de Kidal. C’est une avancée très significative qui a été applaudie par l’ensemble des populations, du moins celles qui se soucient du Mali.
Cette collaboration entre les antagonistes d’hier, favorisera sans nul doute, le retour de la sécurité mais aussi les agents de l’administration et les services socio-économiques dans la région de Kidal. Elle constitue une lueur d’espoir pour l’organisation très prochaine, non seulement du DDR mais également des élections présidentielles.
Le DDR, une question de jours
Depuis quelques mois, les sites de cantonnement sont prêts et n’attendent que les ex-combattants. Une date précise n’est, à ce jour, pas connue pour le DDR ; mais tout laisse croire qu’il démarrera avant les élections du 29 juillet.
Au niveau des groupes armés, l’heure est à l’identification des ex-combattants et à l’élaboration des listes dont le dépôt doit se faire au plus tard le 30 mai.
Selon la commission nationale du DDR, entre 11 000 et 12 000 ex-combattants seront désarmés, démobilisés et réinsérées soit dans l’armée nationale, soit dans le tissu socio-économique.
Les candidats aux DDR sont de différentes catégories. Il s’agit des combattants des différents groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, les combattants des groupes armés non signataires, les membres des milices d’auto-défense et les personnes impliqués dans le banditisme, le narco trafic et terrorisme. Les communautés victimes de violences liées à la crise et les familles des militaires tombés sur le champ de l’honneur, sont également prises en compte dans le programme DDR.
A noter que le processus DDR au départ, ne concernait que les régions du nord affectées par la crise. Cependant, aux dires des autorités, il sera étendu aux régions du centre qui connaissent aujourd’hui une recrudescence de violences due à des attaques terroristes et aux affrontements intercommunautaires.
Un document signé par le gouvernement, les représentants des groupes armés concernés et les partenaires, fixe les règles et les conditions d’éligibilité au DDR. Ce document précise qu’aucun combattant ne sera admis au DDR si son nom ne figure pas sur une liste d’ex-combattants d’un groupe armé et si l’intéressé ne rend pas une arme individuelle. Ces règles et conditions, selon la Commission nationale du DDR, sont jugées conformes aux standards internationaux en matière de DDR.
Les trafiquants d’armes se frottent déjà les mains
Si le DDR est indispensable au retour de la sécurité, de la paix et la cohésion sociale au Mali, force est de constater que ce processus fait prospérer un phénomène inquiétant, notamment, le vol d’armes dans les casernes et le commerce illégal des armes sur le marché noir.
De nombreuses études ont prouvé que partout où il a été question de DDR, les trafiquants d’armes y profitent pour ce faire de l’argent. Aussi, ce sont des périodes souvent marquées par le vol d’armes au niveau des casernes. Le Mali sera-t-il en reste ?
Selon de sources concordantes, en cette phase d’élaboration des listes des ex-combattants, les armes se vendent comme des cacahuètes au nord. Chaque combattant veut avoir une arme individuelle avant la phase proprement dite du désarmement, démobilisation et réinsertion.
Cette situation s’expliquerait par le fait qu’ils sont nombreux les candidats au DDR ne disposant pas d’arme individuelle ; ils sont obligés de s’en procurer sur le marché noir. Car, pour être admis au DDR, chaque ex combattant tenu de rendre une armée individuelle manufacturée et des munitions. Les armes artisanales ne sont pas acceptées.
Un responsable de groupe armé, préférant l’anonymat, dit : «outre une arme individuelle manufacturée, le candidat au DDR est tenu de remettre des munitions aux responsables chargés du DDR. Il est exigé, à cet effet, de chaque ex-combattant au moins 100 balles ».
Avec de telles conditions, on peut dire que le processus DDR ne profite pas qu’aux seuls ex-combattants et victimes de la crise, mais aussi aux commerçants et trafiquants d’armes, qui ne laisseront pas passer cette occasion de se frotter bien les mains.
« La circulation et le commerce illégal des armes est depuis belle lurette une réalité au nord du Mali, mais le phénomène a pris du galon ces derniers temps avec le démarrage prochain du processus de DDR»,nous a confié un responsable d’une milice membre du MFPR.
Cette situation interpelle le gouvernement qui doit être vigilant pour empêcher le vol d’armes au niveau des casernes et que des forces du mal n’en profitent pour s’armer davantage, contre le Mali.
Zié traoré
Le Serment du Mali