L’ardoise sombre de mauvaise gestion de la direction des Finances et du Matériel (DFM) du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique affiche plus de 2milliards de Fcfa. Un gros morceau parmi tant d’autres.
Pour la 8ème fois l’accablant rapport du vérificateur général Amadou Ousmane Touré a été officiellement remis aux autorités compétentes depuis bientôt quelques semaines. Et il suscite de part et d’autre autant d’espoir que d’inquiétude. Car si bon nombre de Maliens nourrissent d’espoir pour que tous les prédateurs de la République soient traduits devant la justice, les auteurs de détournements eux ne dorment plus que d’un seul œil. Et désormais afin que le peuple soit remis dans ses droits tous les regards sont braqués sur la justice malienne et le nouvel homme fort du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, président et premier magistrat de la République. Pour cause, le rapport 2012 produit par le bureau du vérificateur général fait état d’un manque à gagner de plus de 49 milliards de francs CFA.
Et pour notre présente édition nous nous sommes intéressés à la Direction des Finances et du Matériel (DFM) du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. En effet, la DFM du MESRS totalise à elle seule 2 346 120 845Fcfa sur les 49,39 milliards détournés. Dans cette structure publique comme dans beaucoup d’autres au Mali les loups aux dents acérées sont prêts à tout pour se mettre plein les poches. Quitte à mettre la patrie en péril. Pour cause, selon nos sources plus de 909 millions ont été détournés dans ce département rien qu’à travers des marchés fictifs savamment montés. Parmi lesquels l’attribution de deux marchés d’entretien et de gardiennage pour un montant total de 54,52 millions de francs CFA et des décaissements d’argent pour des biens non livrés. En outre, cette même source indique que 24 établissements d’enseignement ont révélé que des fournitures et matériels scolaires, objet de marchés entièrement payés, n’ont pas été livrées à hauteur de 131,77 millions de nos francs.
Et plus grave, il est ressort des enquêtes que, s’agissant des mêmes marchés, des responsables d’établissements d’enseignement secondaire ont eux aussi dissipé des fournitures et matériels pour 899,17 millions de francs CFA. Par ailleurs la DFM du MESRS a indûment versé 27,77 millions de francs CFA au titre des indemnités d’heures supplémentaires et 175,05 millions de francs CFA au titre d’indemnités aux participants à des ateliers tenus à Bamako. Et dans d’autres cas, certains agents n’ont pas manqué de s’offrir le luxe de faire une balade de santé avec l’argent publique au grand dame du peuple.
Car, selon le rapport du végal des dépenses frauduleuses ont été effectuées sur la base de pièces justificatives relatives à des dépenses indues, dont des frais de déjeuner, de dîner, de transport, de communications téléphoniques ou même des voyages privés de certains agents du Ministère.
150 pièces installées sur un seul véhicule !
Rien que pour l’entretien des véhicules de service 48 millions de francs CFA ont été dilapidés. Tenez-vous bien, aussi abasourdissante que cela puisse paraître pour l’entretien des véhicules de service il s’avère que pour une seule et même réparation : plus de 150 pièces ont été installées sur un véhicule ; 3 pare-brise avant, 3 filtres à huile, 3 filtres à air, 3 filtres à gasoil, 4 amortisseurs avant et 4 amortisseurs arrière ont été installés sur un deuxième véhicule ; 2 pare-brise, 4 amortisseurs avant, 4 amortisseurs arrière, 2 radiateurs, 4 jeux de pattes-moteur, 4 pattes-moteur, 4 pompes d’alimentation et 6 phares ont été installés sur le troisième véhicule. . Elle a également dépensé la somme de 5,06 millions de francs CFA pour l’entretien et la réparation de véhicules déjà admis à la réforme et versé la somme de 16,90 millions de francs CFA à des étudiants maliens à l’étranger non éligibles aux bourses et allocations d’études.
Désormais tout tient à la détermination et à la volonté de rompre avec son prédécesseur. Car le nouveau Mali tant espérer et tant attendu par le peuple passe par là. Et si « la tolérance zéro » du président IBK n’est vraiment pas un slogan, la maison centrale d’arrêt de Bamako coura risque d’être trop petit pour recevoir les délinquants à col blanc, costume cravate.
A suivre !
Lassina NIANGALY