Très tôt le mercredi 4 décembre, la découverte du charnier contenant 21 corps des soldats disparus lors des affrontements entre bérets rouges et bérets verts le 30 avril 2012 a été rendu public. Pour en savoir davantage, notre équipe de reportage s’est rendue sur les lieux le même jour.
Plus d’un an, exactement le 12 mai 2012, le Directeur de publication de votre journal « Le Prétoire », Birama Fall, a été interpellé par la Sécurité d’Etat pour être en possession d’une information sur le charnier où étaient enterrés des bérets rouges, entre les localités de Diago et de Dougabougou, à environ 10 km de Kati. L’histoire vient de donner raison à notre directeur. Une équipe d’enquêteurs a découvert dans la nuit de mardi à mercredi un premier charnier contenant le corps des militaires disparus à la suite des évènements du 30 avril 2012.
De Bamako à Kati pour se rendre à Diago, l’information semblait être verrouillée malgré sa médiatisation à grande pompe par les médias nationaux et internationaux. Il était difficile, très difficile de localiser ce fameux charnier. Les riverains auraient reçu des consignes fermes au temps du règne du chef de putschistes, Amadou Haya Sanogo de garder silence radio sur cette affaire. Et cette consigne demeure en vigueur pour eux. Finalement, on est tombé sur une équipe de la gendarmerie nationale qui veille à ce que personne ne s’approche du charnier. Dès que ces éléments aperçoivent une silhouette humaine, ils hèlent: «hé, qu’est ce que vous cherchez, dégagez de là, reculez, vite, vite ». Même si les gendarmes ne nous ont pas permis de nous approcher davantage pour voir la profondeur du charnier, on a quand même pu constater qu’il y avait une grande fosse béante, sans pour autant voir le contenu.
Ce charnier où seraient les corps des soldats en question a été vraisemblablement creusé dans la précipitation, et par des fossoyeurs amateurs. Car, elle se trouve à peine à quelques 300 mètres seulement de la route Kati-Kita et à une centaine de mètres d’un hameau situé au côté Est de la route. Sans risque de se tromper, on peut affirmer que rien ne peut se passer sur ce lieu, juste derrière les maisons à l’insu des habitants dudit hameau. Par crainte, les habitants des maisons avoisinant nous ont invités à nous approcher de deux véhicules non loin du site, lors de notre arrivée. C’est là-bas qu’on s’est rendu compte que c’était les engins des gendarmes chargés de la sécurisation du site.
De toutes les façons, depuis fort longtemps, les organisations des droits de l’Homme et la presse ne cessent d’attirer l’attention des autorités maliennes sur ce charnier. Dans cette affaire, seul le général Amadou Haya Sanogo est soupçonné d’être l’instigateur de ce crime odieux. Si ces soupçons s’avéraient, la nouvelle de cette découverte du charnier de Diago sera aperçue comme le ciel tombant sur la tête du général Amadou Haya Sanogo.
En attendant la découverte d’autres charniers qui seraient signalés à Doubabougou, les présumés auteurs et leurs complices chercheraient à quitter le pays, selon certaines sources.
Avec cette découverte macabre, Sanogo et sa bande de putschistes viennent de franchir le Rubicon. Car, nul n’a le droit de mort sur l’Homme. Quelles que soient les circonstances, la nature d’un tel crime défie l’entendement des Maliens, de l’humanité en général. On s’interrogera toujours pour savoir comment on peut arriver à un tel acte de barbarie, de trahison et de lâcheté.
Oumar KONATE
Rokia DIABATE, envoyés spéciaux à Diago
SOURCE: Le Prétoire