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Décomposition de l’Etat : Seydou Badian prescrit le dialogue

Seydou Badian kouyate traore

Cet octogénaire a une mémoire d’éléphant. Né le 10 avril 1928 à Bamako, Seydou Badian est docteur en Médecine, auteur d’une thèse sur les traitements africains de la fièvre jaune soutenue en 1955 à la faculté de Montpellier. Ancien secrétaire aux Affaires économiques de l’Union Soudanaise en 1957 et auteur du célèbre roman «Sous L’Orage» est une figure emblématique du Mali, un panafricaniste. Le docteur en médecine et homme politique (Union Soudanaise RDA) est affecté par la crise que son pays traverse après 54 ans d’accession à la souveraineté nationale. Il regrette profondément d’assister impuissant à ce qui passe chez lui : ne pas être écouté, ni pouvoir agir.

 

De son bureau familial, l’octogénaire rumine sa colère contre les Maliens pour leur vénalité (puisque lui et ses compagnons Modibo Keïta sont Soudanais, entendez par là patriotes). Après 1968, l’argent, maître de la vie, commande tout. Le Malien d’aujourd’hui est prêt à tout pour l’argent. C’est une inquiétude, déclare l’octogénaire pour reconstruire un pays en décomposition. «Aujourd’hui, le Mali a besoin de tous ses fils patriotes pour la renaissance d’un Mali nouveau». Mais comment, s’interroge-t-il ? Par le dialogue : «Il faut que nous nous asseyons et qu’on se parle». Tel est le médicament prescrit au Mali par le Docteur Badian pour sortir notre pays d’une crise qui perdure.

 

Malgré son âge avancé, Seydou est lucide, consacre sa journée à la lecture, à des entrevues. Homme de charité, sa maison ne désemplit pas. Sa pension de retraite est une seringue qui pique à la fois plusieurs patients souffrant de la maladie de la pauvreté.

Toujours actif, IBK peut encore louer ses services comme conseiller en lui accordant un bureau à la présidence à Koulouba pour une durée de travail de 5 heures par jour. L’ancien ministre du Développement (17 septembre 1962) du gouvernement Modibo Keïta est une boite à idées.

 

Agé de 86 ans, conseiller auprès de plusieurs chefs d’Etat africain, Seydou continue à prêter main forte aux chefs d’Etat qui le consultent chez lui au quartier Hippodrome. Très sollicité et suffisamment informé, le Docteur en médecine a le médicament nécessaire pour panser la plaie de son interlocuteur. La Preuve, l’auteur célèbre du roman intitulé «Sous l’Orage», Seydou montre comment le dialogue est un facteur de paix. «Tout change, et nous devons vivre avec notre temps».

 

De notre temps, l’homme n’avait qu’une seule parole ; aujourd’hui, nous sommes en face de gens qui mettent tout leur génie à nourrir leurs semblables de fausses promesses. De notre temps, à la guerre dans la vie, on combattait de face.

 

Aujourd’hui, le plus fort est celui qui sait dissimuler le mieux. Benfa, les choses ont changé. Nos enfants ne veulent plus nous suivre. Ils refusent tout ce nous leur donnons. Ils croient trouver ailleurs ce qui réellement ne se trouve que chez soi. Que faire ? Devons-nous faire de nos enfants des adversaires ? Non ! Je ne le pense pas. La vie, tôt ou tard, leur enseignera un jour la vérité. Car, lorsqu’on a chaud dans sa case, on peut faire une ouverture au mur, mais lorsqu’on a chaud dans la case du voisin, on n’a plus qu’à aller sous un arbre, et la maison n’est belle que lorsque chacun y reconnait sa part de labeur.

«Crois-moi, Benfa, au lieu de faire de ces jeunes des adversaires, aidons-les plutôt. Ils sont malheureux. Leur route, ils la découvriront après des pistes jalonnées d’épines, mais ils la découvriront, car de la racine à la feuille la sève monte et n’arrête jamais

 

Fatou CISSE

SOURCE: Inter De Bamako
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