L’ambiance autour de certaines écoles à Bamako laisse à désirer : des élèves qui fument et boivent avant, pendant et après les heures de cours. Tout cela, sous le regard impuissant des premiers responsables des établissements scolaires concernés. Le phénomène commence à inquiéter car ce sont les jeunes filles qui sont en train de ravir la vedette aux hommes en matière d’alcool.
L’alcool et les élèves se disent « bonjour » au quotidien dans les lycées et collèges de Bamako. Les établissements scolaires de la capitale font le chou gras des débits de boissons. Presque tous les lycées et collèges ont leur kiosque ou restaurant dans lesquels se vendent la bière, les liqueurs et la sucrerie.
D’autres se retrouvent à quelques mètres des établissements. Les élèves, intellectuels de demain, sont les clients potentiels à côté des usagers de passage. Les différents quartiers de la capitale n’échappent pas à l’emprise de cette donne. Les gérants montrent souvent leur bonne foi en affirmant qu’ils ne vendent pas de la bière aux élèves mais le constat est tout autre.
La consommation de l’alcool par les élèves est le reflet de l’effritement des valeurs morales de la société. Oumar Diarra, un enseignant explique : « Avant, on pouvait corriger les enfants lorsqu’ils posaient des actes contraires à la morale. Mais aujourd’hui, si tu le fais, tu auras des problèmes avec les parents de l’enfant. C’est pourquoi chacun se méfie ». Dans les recoins de la ville, certains débits de boissons proposent des liqueurs et de l’alcool frelatés aux clients. De là à ce que les élèves franchissent le pas vers ce type de beuverie, le pire est à craindre.
En outre, le nombre de débits de boissons qui côtoient les établissements scolaires est effrayant selon les sources policières. Un agent de la Mairie du district, sous l’anonymat, soutiendra qu’on dénombre plus de 100 débits de boissons disséminés dans ou auprès des établissements scolaires de Bamako
.Et de souligner que les élèves viennent souvent dans le maquis par groupes de 5 à 10 élèves. Et, généralement, c’est un seul qui débourse pour payer la facture selon un tenancier.
Là, la complicité des parents est engagée du fait que certains élèves se conduisent en « pacha » sans l’être vraiment. Ils viennent à l’école avec des sommes faramineuses et ne sachant pas à quel « garibou » en donner pour avoir la paix, place est faite aux beuveries.
La consommation de la bière, reconnaissent, les tenanciers eux-mêmes reconnaissent n’est pas bonne pour les élèves à leur âge. Voilà pourquoi, ils insistent pour que les élèves ne se ruinent pas dans l’alcool puisqu’il fait baisser le quotient intellectuel.
Les arguments ne manquent pas pour décourager les élèves tentés de faire l’expérience ou emmener à la raison ceux qui le font déjà. Cependant, quelle lecture ont les autorités de ce phénomène ?
Les autorités administratives, celle de l’enseignement secondaire ont-elles pris le pouls de la situation en termes d’impact sur les résultats scolaires des élèves ? Ce sont là autant de questions que l’on doit se poser.
Quand les enfants boivent et se saoulent, bonjour les dégâts. Et leurs parents trinquent aussi. C’est pourquoi les autorités scolaires qui sont confrontées à ce phénomène de débit de boisson, interpellent les plus hautes autorités de notre pays. Soucieux de l’avenir de leurs enfants, plusieurs responsables d’établissement scolaire ont demandé aux autorités communales de prendre incessamment des mesures urgentes pour débarrasser les alentours des établissements des installations anarchiques et d’y mettre fin aux commerce de produits tels que la cigarette et les boissons alcoolisées ; cela, en concertation avec tous les acteurs impliqués dans le fonctionnement des établissements scolaires.
Paul Y. N’GUESSAN
Source: Bamakonews