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Débat sur l’an 4 de l’Accord d’Alger : Abdel Kader Maiga, Dr Aboubacar Sidick Fomba, Khalid Dembélé proposent la révision des contenus du document

Dimanche 30 juin 2019, le thème du Débat politik de Africable télévision était : « L’an 4 de l’Accord d’Alger : quel bilan faites-vous ? ». Abdel Kader Maiga, président de l’association « IGDAH MALI TE TILA » ; Cheickné Camara, président du mouvement « Les bâtisseurs » ; Dr Aboubacar Sidick Fomba, président de l’ADEPM et Khalid Dembélé, chercheur au CRAPES étaient les invités. A l’exception du président du mouvement les Bâtisseurs, les trois autres ont affirmé que l’Accord d’Alger est inapplicable en l’état actuel et qu’il faut le réviser.

Pendant que le président de la République et ses soutiens parlent des avancées dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, des leaders politiques et associatifs proposent la révision du même document.
Le président de l’Association « IGDAH MALI TE TILA » s’oppose à l’Accord d’Alger en l’état actuel. Il estime que l’Accord n’a connu que des insuffisances depuis sa signature. « La seule chose qu’il faut retenir est que l’Accord est caduc », dit-il à sa prise de parole sur le plateau d’Africable télévision. Le président de l’association créée contre la partition du Mali estime que certains des contenus de l’Accord d’Alger contribueront à la partition de ce pays. A ce niveau, il prend l’exemple sur le fait qu’on parle des populations du nord. « Partout, on dit la représentativité des populations du nord. Qu’est-ce que ça veut dire population du nord ? Qui sont les populations du nord ? », interroge-t-il. Abdel Kader Maiga propose d’abord la révision des contenus de l’Accord pour éviter toute « partition » du Mali. « Il faut rééditer l’Accord d’Alger. Il faut obligatoirement revoir les contenus de l’Accord », suggère-t-il sur le plateau de Robert Dissa. Ce qui touche encore le plus le ressortissant de Gao, c’est de faire de la révision constitutionnelle un élément clé de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, car cette révision doit, selon lui, être la dernière étape. «La révision constitutionnelle devrait être le dernier élément de la mise en œuvre de l’Accord », martèle-t-il.
Le faux diagnostic de l’Accord
Le président de l’ADEPM, Dr Aboubacar Sidick Fomba, ne mange pas avec le dos de la cuillère. Il a évoqué les raisons d’un bilan « négatif » de l’Accord d’Alger. « Le diagnostic de l’Accord est faux. Et quand le diagnostic est faux, le traitement va agrandir la maladie », c’est en ces termes qu’il a commencé son intervention. Il estime que le Mali s’est trompé d’interlocuteurs pendant la signature de l’Accord d’Alger. « En réalité, ceux qui ont signé l’Accord ne sont pas ceux-là qui pouvaient amener la paix souhaitée par tous les Maliens », regrette-t-il avant d’ajouter : « On est en train de se leurrer. Ceux-là avec qui nous sommes en train de discuter ne sont pas capables de ramener ni la paix ni l’intégrité ». Pour lui, ces signataires de l’Accord sont des « séparatistes » et ont ce même objectif jusque-là. La célébration par ces « séparatistes » de l’anniversaire de l’indépendance de l’Azawad témoigne, selon lui, l’échec de l’Accord d’Alger. Dr Aboubacar Sidick Fomba affirme que les « indépendantistes » n’ont pas abandonné leur projet. « Ceux-là qui ont pris les armes contre le Mali l’ont fait depuis 1963.Ils sont dans cette logique de la séparation », laisse-t-il entendre. Pis, selon lui, ces « séparatistes » travaillent en complicité avec les djihadistes. Comme le président de l’association « IGDAH MALI TE TILA », Dr Fomba estime que l’Accord d’Alger doit être réédité, car inapplicable en l’état actuel. « Ce qui est sûr, on ne peut pas appliquer l’Accord d’Alger parce que ce n’est pas applicable », martèle-t-il. Et d’ajouter : « Même si nous faisons la révision constitutionnelle, on ne va jamais parvenir à appliquer cet Accord d’Alger ». Selon le président de l’ADEPM, l’Accord d’Alger a fait beaucoup de victimes au Mali. « Cet Accord, depuis sa signature, a tué plus qu’une épidémie », déclare-t-il.
Khalid Dembélé, chercheur au CRAPES partage la position de Dr Fomba et Abdel Kader Maiga sur l’Accord. Il estime qu’en 4 ans, le bilan de ce document est négatif. « Le bilan de l’Accord est tout simplement déficitaire. Le Mali frôle vers la faillite », laisse-t-il entendre. Pour le jeune professeur d’université, les problèmes se trouvent aux niveaux politiques, institutionnels et économiques où, selon lui, il y a une grosse arnaque. L’économiste propose l’appropriation du document par le peuple malien. « Il faut une appropriation de l’Accord par le peuple malien. C’est aux Maliens de décider quel type d’Accord, quels types d’articles …ils veulent », défend-il.
Pour sa part, Cheickné Camara, président du mouvement « Les bâtisseurs » n’est pas d’accord du bilan de l’Accord jugé négatif par ses co-débatteurs. Il estime que, même s’il y a des défis à relever, l’Accord a connu beaucoup d’avancées. Parmi lesquelles l’unité nationale qui a, selon lui, permis et continue à permettre aux fils du Mali de se retrouver autour de la table du dialogue. En outre, il a rappelé que l’Accord a été signé dans des conditions très difficiles.
La politique de la communauté internationale dénoncée
Dr Aboubacar Sidick Fomba ne fait pas cadeau à la communauté internationale dans ses interventions. Pour lui, c’est le problème du nord qui a été déplacé au centre du Mali par « la création » de Amadou Kouffa. « Ils ont créé Amadou Kouffa pour déplacer les problèmes du nord vers le centre », déplore-t-il. Le président de l’ADEPM a invité le président de la République à aller dans le sens du peuple : « Aujourd’hui, on ne doit plus aller dans le sens souhaité par la communauté internationale ».
Par ailleurs, Dr Fomba a aussi fustigé le comportement de la Suisse qui, selon lui, soutient les « séparatistes ».
Pour Abdel Kader Maiga, la communauté internationale complote pour la partition du Mali. Il tacle la France et la France et la Minusma qui, selon lui, ne veulent pas quitter le sol malien. « La Minusma n’est qu’une entreprise de prédation de la France », conclut-il.

Boureima Guindo

Le Pays

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