Mettre l’accent sur l’éducation de qualité pour tous, l’accès universel à la santé, l’amélioration des conditions de vie (accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’énergie), et la promotion de l’égalité des genres.
Ne pas se limiter à l’extraction des ressources naturelles. Il faudrait encourager l’agriculture durable et la transformation agro-industrielle, soutenir le développement des petites et moyennes entreprises (PME) et des industries locales, et explorer le potentiel du tourisme durable et de l’économie numérique.
Renforcer les institutions démocratiques, lutter contre la corruption, garantir la sécurité et la justice pour tous les citoyens, et promouvoir une administration publique efficace et transparente.
Intégrer les enjeux environnementaux dans toutes les politiques, promouvoir des pratiques agricoles résilientes au climat, investir dans les énergies renouvelables, et renforcer la gestion des ressources naturelles.
S’attaquer aux causes profondes des conflits, promouvoir le dialogue intercommunautaire, renforcer l’inclusion sociale, et soutenir la réintégration des populations affectées par les crises.
Allouer des ressources financières adéquates aux secteurs prioritaires (éducation, santé, infrastructures, agriculture, énergie). Rechercher des financements nationaux et internationaux, en privilégiant la qualité et la transparence des investissements.
Mettre en œuvre des réformes pour améliorer la gouvernance, renforcer l’Etat de droit, simplifier les procédures administratives, et créer un environnement des affaires favorable aux investissements.
Investir dans la formation professionnelle et technique pour répondre aux besoins du marché du travail et favoriser l’employabilité des jeunes. Soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat.
Promouvoir la santé et le bien-être de la population, lutter contre la malnutrition, et garantir l’accès à des services sociaux de base de qualité.
Renforcer la coopération avec les partenaires régionaux et internationaux, les organisations de la société civile, et le secteur privé pour mobiliser des ressources, partager des expertises et mettre en œuvre des projets conjoints.
Renforcer les capacités des collectivités territoriales pour qu’elles puissent jouer un rôle plus important dans la planification et la mise en œuvre des politiques de développement au niveau local.
Définir des indicateurs précis, mesurables, réalisables, pertinents et temporellement définis (Smart) pour suivre les progrès réalisés dans chaque domaine.
Mettre en place des mécanismes de suivi réguliers impliquant les différentes parties prenantes (gouvernement, société civile, secteur privé, partenaires).
Réaliser des évaluations indépendantes pour mesurer l’impact des politiques et des programmes, identifier les réussites et les défis, et ajuster les stratégies si nécessaire.
Rendre compte régulièrement des progrès réalisés et des ressources utilisées, en assurant la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Les plans quinquennaux maliens (1962-1968) :
Les plans quinquennaux de Modibo Kéita (1962-1968) visaient à établir les bases d’une économie indépendante pour le Mali après son accession à l’indépendance en 1960. Ces plans s’inscrivaient dans une orientation socialiste et panafricaniste, avec un accent sur la planification étatique et le développement des infrastructures.
Atteindre une croissance annuelle de 8 % du produit national brut (PNB) à partir de la base de 1959, qui était de 275 millions de dollars américains.
Le plan mettait l’accent sur le développement rural, l’industrialisation, et l’amélioration des infrastructures. Modernisation de l’agriculture, développement de l’élevage et de la pêche. Création et développement d’industries, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire et du textile. Développement des transports (ferroviaire notamment avec la prolongation du Dakar-Niger jusqu’à Koulikoro), des communications et de l’énergie. Investissements importants dans l’éducation (16 % du budget) et la santé. Le taux de scolarisation a augmenté de 8 % à 11,5 %. Création d’écoles et d’instituts d’enseignement supérieur.
Création du franc malien en 1962, en remplacement du F CFA, marquant une volonté d’indépendance économique.
Deuxième plan quinquennal (1966-1970) (interrompu par le coup d’Etat de 1968) :
Ce plan visait à consolider les acquis du premier plan et à approfondir le développement économique et social.
Le régime de Modibo Keita a évolué vers un socialisme plus prononcé, avec une intervention accrue de l’État dans l’économie. L’État a pris une part de plus en plus active dans l’économie, notamment par la création d’offices nationaux de commercialisation et l’intensification du secteur coopératif. Développement de la coopération économique et technique avec l’Union Soviétique et la Chine. Malgré les efforts, le Mali a rencontré des difficultés économiques croissantes, notamment en raison du manque de convertibilité du Franc Malien et de tensions avec les commerçants.
En 1967, des négociations ont eu lieu avec la France, aboutissant à un accord de réintégration partielle à la zone franc et à une dévaluation du Franc Malien.
Les plans quinquennaux de Modibo Keita ont permis de poser les bases d’une économie nationale et de réaliser des progrès dans les domaines de l’éducation et des infrastructures. Cependant, le Mali a fait face à des défis économiques importants, exacerbés par le contexte international et les choix politiques du régime. Le coup d’état militaire de 1968, mené par Moussa Traoré, a mis fin à ces plans et marqué un changement d’orientation politique et économique pour le Mali.
Les plans quinquennaux de Moussa Traoré de 1968 à 1991
Les plans quinquennaux sous la présidence de Moussa Traoré (1968-1991) ont marqué une rupture avec l’orientation socialiste de son prédécesseur, Modibo Kéita, tout en maintenant une forte implication de l’Etat dans l’économie. La période a été marquée par plusieurs plans visant à restructurer l’économie malienne et à faire face à des défis persistants tels que la sécheresse et la dépendance à l’aide extérieure. Voici les grandes lignes des plans quinquennaux de Moussa Traoré de 1968 à 1991.
Plan de redressement économique et financier (1974-1978) :
Ce premier plan sous Traoré visait à stabiliser l’économie après les années de difficultés et à poser les bases d’un nouveau développement.
Rupture progressive avec le socialisme étatique, ouverture à l’investissement privé et libéralisation partielle de certains secteurs. Tentative de réduction du déficit budgétaire et de la dette. Certaines entreprises publiques ont été restructurées ou privatisées.
Priorité à l’augmentation de la production agricole, notamment par l’amélioration des techniques et l’incitation à la production. Le Mali a continué de dépendre fortement de l’aide bilatérale et multilatérale.
Deuxième plan quinquennal (1981-1985) :
Ce plan s’inscrivait dans la continuité des efforts de redressement, avec un accent plus marqué sur la libéralisation économique Encouragement du secteur privé, réformes structurelles et recherche d’une plus grande efficacité économique.
Allègement des contrôles sur les prix et le commerce. Tentatives de réforme foncière pour encourager l’investissement privé dans l’agriculture. Continuation des investissements dans les transports et les communications. Le Mali a commencé à adopter des mesures d’ajustement structurel sous la pression des institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale).
Troisième plan quinquennal (1986-1990) (partiellement mis en œuvre avant la chute du régime) :
Ce plan visait à consolider les réformes économiques et à promouvoir une croissance plus durable. Poursuite de la libéralisation, diversification de l’économie et intégration régionale. Incitations à l’investissement national et étranger. Développement de cultures de rente et amélioration de la sécurité alimentaire. Soutien aux petites et moyennes entreprises (PME). Renforcement de la coopération économique avec les pays voisins.
Les plans quinquennaux de Moussa Traoré ont marqué une transition progressive vers une économie plus libérale, en réponse aux difficultés économiques et aux pressions internationales. Cependant, le Mali a continué de faire face à des défis majeurs tels que la sécheresse récurrente, la forte dépendance à l’aide extérieure, et un développement économique limité.
Bien que des efforts aient été déployés pour assainir les finances publiques et encourager le secteur privé, la croissance économique est restée modeste et les inégalités sociales ont persisté. Le régime de Moussa Traoré a été confronté à un mécontentement social croissant, qui a finalement conduit à sa chute en 1991, mettant fin à cette période de planification économique.
Planification économique nuancée
Alpha Oumar Konaré, ATT et IBK ont dirigé le Mali sans plan quinquennal.
Le Mali a connu des périodes où la planification quinquennale n’était pas la méthode principale de gestion économique. Cependant, il est important de noter quelques nuances…
Alpha Oumar Konaré (1992-2002) :
Son mandat a été marqué par des efforts de libéralisation économique et d’ajustement structurel, souvent en collaboration avec des institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Ces programmes ne suivaient pas nécessairement un plan quinquennal strict, mais plutôt des cadres de politiques économiques à moyen terme. Il a mis en place des stratégies de développement sectoriel et des documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP).
Amadou Toumani Touré dit ATT (2002-2012) :
Son administration a promu des cadres stratégiques pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP), qui servaient de base à la planification économique. Ces cadres n’étaient pas des plans quinquennaux traditionnels, mais ils définissaient des objectifs et des priorités à moyen terme. ATT a également mis en place le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP).
Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK (2013-2020) :
Son mandat a été confronté à des défis sécuritaires et politiques importants, ce qui a rendu difficile la mise en œuvre de plans quinquennaux rigoureux.
Cependant, des documents de stratégie de croissance et de développement ont été élaborés, mais leur mise en œuvre a été perturbée par la crise.
En résumé, bien que le Mali n’ait pas toujours suivi une planification quinquennale stricte sous ces présidents, des cadres stratégiques et des programmes de développement à moyen terme ont été utilisés pour guider la politique économique.
Le Plan Mali Émergence se projette sur 30 ans, à l’horizon 2063, car il s’inscrit dans une vision à long terme pour transformer structurellement l’économie et la société malienne. Cette perspective de trois décennies permet d’envisager des changements profonds et durables qui nécessitent du temps pour se concrétiser.
L’ambition du plan est de passer d’une économie principalement basée sur l’agriculture à une économie plus diversifiée, avec un secteur industriel et de services dynamiques. Une telle transformation requiert des investissements importants et continus, ainsi que des réformes profondes qui prennent du temps à porter leurs fruits.
La construction d’infrastructures modernes (routes, énergie, communication, etc.) est essentielle pour soutenir la croissance économique et améliorer la qualité de vie. Ces projets d’envergure nécessitent une planification à long terme, des financements conséquents et une mise en œuvre progressive.
Investir dans l’éducation, la formation professionnelle et la santé est crucial pour développer un capital humain qualifié, capable de soutenir le développement du pays. Ces investissements ont un impact à long terme sur la productivité et le bien-être de la population.
L’amélioration de la gouvernance, la lutte contre la corruption et le renforcement de l’état de droit sont des processus de longue haleine, mais essentiels pour créer un environnement propice aux investissements et au développement durable.
Le plan s’aligne sur les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, dont l’horizon est également 2030, et vise à éradiquer la pauvreté et à promouvoir un développement durable à long terme. Une vision à 30 ans permet d’intégrer ces objectifs dans une stratégie nationale cohérente.
Atteindre une croissance annuelle moyenne du PIB de 10 % sur trois décennies, comme le prévoit la stratégie, exige une planification méticuleuse et des investissements structurants dans des secteurs clés. Ces initiatives prennent du temps à concevoir, à financer et à réaliser.
Le plan est souvent structuré en phases successives, chacune avec ses propres objectifs et priorités. Une perspective de 30 ans permet de définir clairement ces étapes et d’assurer une progression cohérente vers l’émergence. Par exemple, certaines phases peuvent se concentrer sur la stabilité macroéconomique, d’autres sur la transformation économique et sociale, et les dernières sur la consolidation des acquis et l’affirmation du Mali comme puissance émergente.
La projection sur 30 ans du Plan Mali Emergence reflète l’ampleur des défis à relever et la nécessité d’une vision stratégique à long terme pour parvenir à un développement durable et à une transformation profonde du pays. C’est un engagement envers les générations futures et une ambition de construire un Mali souverain, économiquement solide et socialement équitable à l’horizon 2063.
Quels devraient être les secteurs clés du Plan Mali Emergence ?
Les secteurs clés du Plan Mali Emergence devraient être ceux qui ont le plus grand potentiel de transformation structurelle de l’économie, de création d’emplois, de réduction de la pauvreté et d’amélioration du bien-être de la population malienne. Compte tenu du contexte actuel et des défis à relever, voici quelques secteurs qui devraient être prioritaires :
L’agriculture est le pilier de l’économie malienne et emploie une part importante de la population. Investir dans la modernisation des techniques agricoles, le développement de l’irrigation, l’amélioration de l’accès aux intrants et aux financements, ainsi que la promotion de l’agro-industrie pour transformer les produits locaux, permettra d’accroître la productivité, d’assurer la sécurité alimentaire, de créer des emplois et d’augmenter les revenus ruraux.
Le développement d’infrastructures de qualité est essentiel pour soutenir la croissance économique et améliorer la connectivité du pays. Cela inclut les infrastructures de transport (routes, chemins de fer, aéroports), d’énergie (accès à l’électricité fiable et abordable, développement des énergies renouvelables), de communication (Internet très haut débit, téléphonie mobile, et le téléphone fixe dans tous les domiciles) et d’eau et d’assainissement.
Investir dans l’éducation à tous les niveaux, la formation professionnelle et la santé est crucial pour développer un capital humain qualifié et productif. Cela passe par l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité, l’adaptation des formations aux besoins du marché du travail, le renforcement du système de santé et l’amélioration de la nutrition.
A.K. Dramé
Journaliste analyste et chercheur en stratégie de croissance accélérée, enjeux et innovation du développement durable
Source : Mali Tribune