Le vent sec du désert sahélien souffle désormais sur une région en pleine mutation. Sous les couleurs nationales hissées haut, la ville de Kidal, autrefois symbole d’une présence étatique effacée, renaît peu à peu de ses cendres. En ce mois de mai, un pas de plus a été franchi dans la reconquête de la souveraineté malienne : la deuxième étape de la visite du ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le général de corps d’armée Sadio Camara, s’est poursuivie dans les profondeurs stratégiques de cette région longtemps convoitée.
Bamada.net-C’est la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA) qui a rendu publique cette visite à travers un communiqué diffusé sur sa page officielle ce 23 mai 2025. Si le document ne précise pas la date exacte du déplacement du ministre, il confirme néanmoins l’importance stratégique de cette mission sur le terrain.
Après une halte au camp 2, récemment sécurisé par les Forces armées maliennes (FAMa), le ministre Camara a orienté sa mission vers un secteur encore plus révélateur de l’emprise des groupes terroristes sur l’économie locale : les sites de raffinerie artisanale d’or. Ces sites, nichés entre les dunes et les roches du massif de l’Adrar des Ifoghas, étaient jusqu’à novembre 2023 aux mains de barons du terrorisme qui avaient fait de l’or un levier de financement de la terreur.
L’or de la discorde : l’économie parallèle du chaos
Durant plus de dix ans, Kidal a été le cœur palpitant d’un système d’enrichissement illicite, méthodiquement mis en place par une nébuleuse de chefs terroristes, parmi lesquels Bilal Ag Chérif, Al Gabass Ag Intalla, et Mohamed Ag Nadjim. Ces noms, tristement célèbres, ne sont pas seulement associés aux attaques contre l’État malien et ses citoyens, mais également à un pillage économique massif : exploitation illégale de mines, trafics transfrontaliers d’or, blanchiment de capitaux, et extorsion de populations locales.
Le ministre Sadio Camara a personnellement visité plusieurs installations de fortune transformées en véritables centres de raffinage clandestins, où l’or extrait était traité, conditionné, et expédié sans aucun contrôle de l’État. Ces lieux aujourd’hui désertés témoignent encore de l’ampleur du pillage : des machines à laver l’or, des générateurs de forte puissance, des citernes d’eau souillées par les produits chimiques, et surtout, des registres retrouvés par les FAMa recensant les revenus faramineux engrangés. Certains jours, plus de 3 kilogrammes d’or étaient extraits dans une seule zone, selon des données militaires obtenues par notre rédaction.
La vitrine du crime : un luxe édifiant dans un désert meurtri
Mais c’est la visite des infrastructures bâties avec cet or du sang qui a laissé les membres de la délégation stupéfaits. À quelques encablures des anciens sites de raffinage, se dresse un centre commercial fantôme de 336 magasins, construit au beau milieu de nulle part. Son existence n’était connue que de rares témoins locaux. Ce complexe moderne, doté de réseaux d’électricité souterrains, de salles climatisées, et même d’un système de vidéosurveillance, servait à blanchir l’argent généré par l’or et à approvisionner les combattants dans tout le septentrion malien.
Le général Camara n’a pas manqué de souligner l’ironie cruelle de ce contraste : « Alors que des populations vivaient dans la peur et la pauvreté, leurs bourreaux prospéraient dans un luxe insolent au milieu du désert. »
Le quartier dit « Al Bayt Al Mal » – littéralement la maison du trésor – abritait également de villas cossues à l’architecture marocaine, probablement inspirées des réseaux d’intermédiaires établis entre le nord du Mali et le Maghreb. Des documents trouvés sur place laissent entrevoir des transactions avec des partenaires étrangers, confirmant l’internationalisation du système mafieux.
Le 14 novembre 2023, le tournant historique
La date du 14 novembre 2023 restera gravée comme celle de la libération de Kidal. C’est ce jour que les FAMa, dans une opération coordonnée de haute intensité, ont réussi à déloger les groupes terroristes, mettant un terme à des années de défiance vis-à-vis de l’État central. Depuis, les autorités maliennes s’emploient à rétablir une présence durable : services administratifs, hôpitaux mobiles, écoles, et surtout, sécurité.
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La visite du ministre s’inscrit donc dans une dynamique de restauration de la souveraineté, mais aussi de reconstruction morale et économique. Lors d’un point de presse improvisé au pied d’une ancienne raffinerie, le général Camara a déclaré :
« Nous ne sommes pas ici pour contempler les ruines du passé, mais pour poser les fondations d’un avenir équitable et contrôlé par l’État. L’or de Kidal doit désormais briller pour tous les Maliens. »
Un message fort, un avenir à construire
Au-delà de l’aspect militaire, la visite du général de corps d’armée Sadio Camara porte un message politique fort : celui de la reconquête non seulement territoriale, mais aussi économique, psychologique et mémorielle. En révélant à la nation l’ampleur du pillage perpétré sous couvert du terrorisme, l’État entend restaurer la confiance entre Kidal et le reste du pays.
La tâche reste immense : redonner aux populations locales un espoir durable, intégrer les jeunes dans des projets productifs, et éviter que les erreurs du passé ne se répètent. Mais la volonté est là, incarnée par cette visite de terrain, sincère et sans fard.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net