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«Dans les cercles de Koro et Bankass, plus de 86 villages ont été effacés de la carte», dixit Honorable Issa Togo

Compte tenu de la montée en puissance de l’insécurité dans la région de Mopti, à travers des violences intercommunautaires, l’Assemblée nationale du Mali a interpellé, il y a deux semaines, le gouvernement sur la situation. A cette même occasion, nous avons pu interroger l’Honorable Issa Togo, député élu à Koro, afin d’avoir d’amples explications sur la situation. Voici ses réactions !

L’honorable expliquez-nous un peu les raisons de l’interpellation du gouvernement par l’Assemblée nationale.

L’interpellation du gouvernement a un rapport avec l’insécurité grandissante dans la région de Mopti. Vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui, le centre du Mali est devenu invivable. C’est pourquoi, nous, les députés élus à l’Assemblée, avons décidé d’interpeller le gouvernement sur la situation ; mais aussi pour faire des recommandations à la fois. Voilà un peu le but de cette interpellation.

Honorable, que pensez-vous des derniers rapports qui accusent la communauté dogon, notamment le groupe d’auto-défense Dana Ambassagou, d’avoir commis des exactions contre des civils au centre du pays ?

Je ne suis pas d’accord avec ces rapports. Tout à l’heure, au cours de mon intervention à l’Assemblée, j’ai cité le nombre de villages qui ont été totalement effacés de la carte du Mali, c’est-à-dire des villages qui ont été complètement détruits. En tout, plus de quatre-vingt villages et hameaux ont été complètement détruits depuis le début de la crise. J’ai dressé la liste qui est loin d’être exhaustive. Mais, aux gens de chercher à savoir quelles sont les communautés les plus victimes. Je ne parlerai ni de milice peulh, ni de milice dogon, mais il faut que les gens tranchent de manière juste. Ceux qui pensent que les peulhs sont les seuls victimes se trompent. Par rapport à cette question, je ne suis ni à gauche ni à droite. Mais, la grande responsabilité revient à l’État qui a failli à sa mission de protéger les populations.

Plus exactement, il y a eu combien de villages qui ont été effacés de la carte?

Ce ne sont pas que des villages administrativement connus, mais aussi des hameaux. Seulement dans les cercles de Koro et Bankass, plus quatre-vingt-six  villages et hameaux ont été totalement brûlés, calcinés et effacés de la carte.

Honorable, est-ce que vous pensez qu’il y a des mains politiques derrière ce conflit ?

Je ne saurais le dire. Mon analyse est que, l’on soit au gouvernement ou à l’Assemblée nationale, c’est sur la base d’un programme politique qu’on a été élu. Et, le non respect de ce programme peut toujours créer des problèmes au sein de nos communautés respectives.

Honorable Togo, tout récemment, le président de la République s’est rendu au village de Koulogon pour rendre hommage aux victimes de l’attaque du 31 décembre. Or, d’autres localités ont été attaquées bien avant et qui n’ont pas reçu sa visite. Pensez-vous qu’il aurait dû se lever  plus tôt ?

Le président de la République agit librement comme il vient de le faire, sauf que même un chef de famille doit agir de façon égale, à l’égard de tout le monde. Peut-être que les morts de Koulogon étaient des morts de trop, sinon dans d’autres localités, il y a eu beaucoup plus de morts  que ça.  A Ménaka, il y a eu près de quarante morts. Dans le pays Dogon, il y a des localités qui ont été attaqués occasionnant des vingtaines de morts. Des attaques ciblées ont également causé pas mal de morts dans ces zones. Mais, il revient au président selon son agenda d’aller où il veut. Ce qui est sûr, c’est que Koulogon n’est pas le premier village à avoir été attaqué.

Votre mot de la fin.

J’adresse toujours un appel à la fois au gouvernement et aux populations. Au gouvernement pour qu’il prenne ses responsabilités pour sécuriser les populations et leurs biens. Aux populations afin qu’elles collaborent, qu’elles se parlent et qu’elles se pardonnent. Il faut que les autorités locales soient également rétablies. Enfin, les imams, les pasteurs, les chefs de village doivent être aussi écoutés et respectés.

Amadou Basso

Source : Ziré-Hebdo

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