L’on serait amené à penser que les gens lisent peu au Mali, précisément à Bamako, si l’on se réfère à certaines allégations. Comme il ne semble pas y avoir de statistiques effectuées dans ce domaine, en termes de chiffres il est difficile de démontrer si oui ou non les gens lisent moins ou plus aujourd’hui qu’hier, c’est à-dire bouquiner, se servir d’un livre pour une lecture classique et non via un smartphone.
Selon Ousmane Diarra, gérant de la bibliothèque de l‘Institut Français de Bamako, sa bibliothèque est quasi vide la plupart du temps. Écrivain de son état, Ousmane Diarra impute cette désertification à la défaillance notoire du système éducatif. « Si l’école ne parvient pas à insuffler aux élèves le goût de la lecture, comment vont-ils aller dans les bibliothèques et s’élever dans la lecture ? » déplore-t-il. Avant d’ajouter : « à votre âge, nous on se promenait avec des livres et on les exposait comme vous le faites avec vos smartphones. C’était un bien précieux qui imposait le respect aux autres ».
Ousmane Diarra, regard nostalgique et sourire coquin aux lèvres, nous fait une confidence. « A l’époque, pour faire la cour aux jeunes dames, on avait toujours sous la main un livre. C’était une façon d’impressionner la demoiselle ». Tout comme Monsieur Diarra, Aly déplore lui aussi que les jeunes aient délaissé le chemin des bibliothèques et par ricochet la lecture. « Tout comme moi, les jeunes ne lisent pratiquement plus. De plus en plus, je ne lis que les posts sur Facebook, du coup je pense que la civilisation des images a nettement remplacé celles dites orale ou écrite », essaye-t-il de se justifier, promettant de se remettre à la lecture.
Lire par plaisir ou pour s’instruire ? Contrairement à la bibliothèque de l’Institut Français, la Bibliothèque nationale du Mali se dit satisfait de son taux de fréquentation. En effet, d’une centaine de lecteurs au départ, elle serait passée à 23 599 ces dernières années, selon le directeur adjoint de la DNBD (Direction Nationale de Bibliothèque et de la Documentation), Dr Amadou Bakary Sidibé.
Il est convaincu qu’il suffit d’améliorer les conditions et le cadre des bibliothèques et de bien les fournir en ouvrages pour susciter l’engouement de la lecture chez les gens. « En 2018, plus de 15 452 documents ont été lus à la Bibliothèque Nationale, avec en tête des livres sur les sciences sociales, le droit, la littérature et la médecine », a constaté Mr Sidibé. Ousmane Dembélé est un passionné de livres, presque un rat de bibliothèques. Pour lui la lecture est bien plus qu’un passe-temps.
« La lecture fait partie de mes centres d’intérêts les plus importants. Je lis non seulement pour m’instruire, mais aussi pour être un bon instructeur, dont le rôle sera de former d’autres apprenants », soutient-il avec fierté. Chacune de ces bibliothèques se prononce bien sûr en fonction du nombre de gens qu’elles reçoivent.
Mais il n’existe pas de données collectées et analysées au Mali pour pouvoir dire avec certitude le nombre de personnes qui lisent et ce qu’elles lisent sur une période déterminée, de manière scientifique.
Nord-Sud Journal