Le conflit intercommunautaire, qui s’est imposé petit à petit au Mali, est devenu au fil du temps un phénomène inquiétant. Cette crise a touché plusieurs milliers de familles au centre et au nord du pays. Quelles stratégies l’Etat doit adopter pour tourner définitivement cette page sombre. Reportage.
Le conflit intercommunautaire s’intensifie au Mali. Depuis quelques temps, plusieurs localités sont affectées. Bozos contre Peuls, Dogons contre Peuls, Bambaras contre Peuls, Sonrhaïs contre Arabes sont désormais des phénomènes courant dans les villes secondaires et principales.
Attaques à main armée, villages détruits, assassinats ciblés, cantons disparus sont, entre autres scènes que vivent nos compatriotes du Centre et du Nord. Les conséquences de cette crise sont énormes. Avant, les différends entre les communautés étaient réglés par des mécanismes qualifiés de traditionnels. Ces mécanismes traditionnels qui étaient censés apporter une solution durable ne sont plus efficaces. Selon Dr. Ali Tounkara, sociologue, cela s’expliquerait par le fait que la plupart de ces personnes sont attirées par l’argent.
De 2012 à nos jours, le conflit intercommunautaire a connu une autre tournure. Tous les regards sont désormais tournés vers le Centre du pays. A ce jour, des originaires sont devenus des déplacés, puisque la plupart de ces personnes ont fui pour se réfugier dans d’autres localités qui semblent plus stables pour eux. Si certains expliquent cette situation par l’absence des représentants de l’Etat dans certaines parties du pays, d’autres par contre accusent l’Etat d’être à la base.
Quels sont les mécanismes de résolution au Mali ?
Selon Dr. Bréma Eli Dicko, sociologue, la guerre, comme tout phénomène, finira par disparaitre. “Le retour de la paix est un processus qui prendra beaucoup de temps”, souligne-t-il. Avant d’indiquer que la première responsabilité incombe à l’Etat malien. Pour lui, l’Etat doit arrêter la sous-traitance de la sécurité avec des milices. “L’Etat ne doit pas s’appuyer sur des milices en espérant que ce sont elles qui vont assurer la sécurité dans certaines parties. A l’intérieur des milices, vous allez trouver des gens qui vont prendre des armes et assassiner d’autres personnes en essayant de se faire elles-mêmes justice”, regrette-t-il.
Pour mettre un terme à ce conflit intercommunautaire, certains proposent l’organisation des festivités culturelles dans des régions sans distinction de races et de religions. “Autour de ce grand festival régional toutes les ethnies seront représentées. Ils se parleront et chercheront ensemble la fin de cette crise. Aussi, des caravanes de sensibilisation doivent être organisées permanemment dans ces zones”, propose Penda Goro, ressortissante de Dinangourou dans la région de Mopti.
Autres alternatives : le désarmement de toutes les milices dans cette partie septentrionale du pays. Cette option est sur tous les lèvres. Ce processus avait été annoncé par le gouvernement. En plus, “il s’agira de maintenir la discussion entre les leaders des anciens mécanismes pour voir quel changement adopter”, a ajouté une victime.
“L’intervention des personnes âgées, des conseils au niveau des villages, des griots, des leaders religieux, des hommes de médias est indispensable pour la résolution de cette crise”, affirme-t-il.
Notre source explique que la justice doit pleinement jouer son rôle, afin que cette crise soit une histoire. “L’Etat doit prendre des mesures énergiques afin que les malfaiteurs ne dictent plus leur loi dans ces zones. Ensuite, la création d’emplois pour des jeunes dans ces localités devrait être une priorité pour l’Etat. Cela permettra de réussir un pari, puisque les jeunes ne seront plus tentés par le gain facile”, croit savoir un enseignant du fondamental.
Zié Mamadou Koné
Source: L’Indicateur du Renouveau