Face à l’insalubrité qui gagne du terrain dans la Commune I, populations, GIE et autorités communales se rejettent la responsabilité.
L’insalubrité est devenue un problème fondamental qui préoccupe dans la capitale. En effet, Bamako est sale et même très sale ! Pour se rendre compte de cette triste réalité, il suffit de faire un tour dans certains quartiers comme le Banconi, l’Hippodrome, Bagadadji, Medina Coura, etc. Nous avons pris l’exemple de la Commune I pour comprendre comment la question de l’insalubrité est perçue par les autorités communales, les GIE et les populations.
Le constat est que la population se plaint de la mairie. En retour, la mairie fait pareille ! On peut dire qu’il existe un grand fossé entre les trois parties (populations, GIE et autorités).
Approché, le maire délégué Daouda Simpara du Banconi explique la persistance de l’insalubrité à Bamako par l’incivisme. Selon lui, la population ne pense qu’à son droit et non à son devoir. “Il faut que les uns et les autres comprennent que chacun doit se responsabiliser par rapport à un changement de comportement. Le problème est que la population pense que la mairie est fautive. Pourtant, elle ne se plaint jamais et ne se rend à la mairie que s’il y a des problèmes personnels. Les problèmes publics ou communs sont rarement signalés à la mairie”, laisse-t-il entendre.
Selon l’élu communal, “la mairie est disponible à accueillir les populations au moment opportun au cas où elles veulent organiser des journées de salubrité”. M. Simpara rappelle que “la mairie elle-même sensibilise chaque année la population en organisant des journées de salubrité, procédant à des curages de caniveaux qui sont devenus aujourd’hui les dortoirs des ordures”.
Puis, poursuit le maire, “la mairie a également mis en place une plateforme d’assainissement qu’on appelle “Bessai” qui s’occupe de toutes les questions d’eau et d’assainissement. Et qui dit assainissement, dit eau ! Donc, c’est pour dire que la mairie est là et sera toujours là pour la population”.
Les populations accusent
Abdoulaye Boundy, habitant de la Commune I, reconnaît que la question de l’insalubrité est due à l’incivisme. “On ne respecte pas ce qui est dit et on ne considère pas les biens publics. En réalité, Bamako est propre mais ce sont les Bamakois qui sont sales. Que chacun fasse ce qu’il faut. Mais, que personne n’accuse l’Etat”, indique-t-il.
Le commerçant Moussa Coulibaly estime que ce sont les groupements d’intérêt économique (GIE) qui ne font pas bien leur travail. “Les GIE peuvent faire des mois sans passer prendre les ordures et la population est obligée de les jeter n’importe où”, commente-t-il.
Fatoumata Koné, une ménagère, trouve que le service d’hygiène manque du nécessaire. “Il devait à tout moment vérifier ce qui se passe. Par exemple, les rues sont sales, pas seulement des ordures mais aussi des eaux usées qui puent et qui rendent les endroits concernés désagréables. Le service d’hygiène doit prendre ses dispositions pour éviter tout ça”, plaide-t-elle.
Qu’en pensent les GIE ?
Issa Sangaré, un des agents de GIE, explique que l’insalubrité à Bamako n’est pas la faute de leur secteur. “Nous faisons de notre mieux parce que quand on regarde la réalité en face, nous n’avons pas un endroit propice pour le dépôt d’ordures. C’est la raison pour laquelle, pendant l’hivernage, les ramassages d’ordures sont un peu retardés puisqu’on ne sait pas là où se diriger”, se défend-il.
Selon lui, les GIE sont confrontés à certaines difficultés. “Le non payement à temps c’est-à-dire que les agents qui passent prendre des ordures ne sont pas régulièrement payés par la population. Et même si nous avions un problème avec le véhicule de ramassage, c’est difficile de le réparer par manque de fonds”.
Adama Simpara, un des membres des GIE, rejette la faute sur l’Etat. “La faute vient du gouvernement ! Il doit prendre certaines initiatives pour trouver la solution à ce problème. Les GIE font bien leur travail, mais comment faire pour que la population cesse de se plaindre d’eux ?”, s’interroge-t-il face à l’inaction des pouvoirs publics sur la question d’insalubrité dans la capitale. Et de formuler cette doléance : “Le gouvernement doit créer une zone de dépôt d’ordures pour faciliter notre travail. Et nous saurons alors nous orienter pour le dépôt des ordures”.
Malgré ces éclairages et témoignages, des interrogations demeurent tout de même : La mairie joue-t-elle sa mission en faveur des populations ? Est-ce que les populations communiquent réellement avec la mairie ? Quelle est la responsabilité de l’Etat ? Et quelle marge de manœuvre pour les GIE ?
En attendant des réponses à ces questions, la capitale continue d’être à la merci de l’insalubrité.
Diakhaby Fanta Founè, Stagiaire
Source: L’Indicateur du Renouveau