Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Croissance, dette, réformes : ce que le FMI pense du Mali

Alors que le Mali tente de naviguer entre rigueur budgétaire, réformes structurelles et résilience économique, la mission annuelle du FMI vient d’achever sa visite à Bamako. Derrière les chiffres, un message implicite : le pays tient debout, mais la route vers une stabilité durable reste semée d’obstacles.


À Bamako, ils étaient nombreux à guetter les conclusions de cette mission annuelle comme on attend un bulletin de santé dans un service de soins intensifs. Les équipes du Fonds monétaire international (FMI), emmenées par Wenjie Chen, ont achevé, ce vendredi 13 juin, leur mission de consultation 2025 au titre de l’article IV. Une mission technique, certes, mais au poids politique et économique décisif, tant elle trace en creux la trajectoire budgétaire, monétaire et sociale d’un Mali en quête d’équilibre.

Une économie qui résiste, malgré les tempêtes

Car derrière les chiffres, souvent polis, se dessine un diagnostic nuancé, entre vigilance et encouragement. Oui, le Mali tient debout, et c’est déjà une performance. Avec une croissance maintenue à 4,7 % en 2024, malgré une crise énergétique sévère, des inondations récurrentes et la baisse de régime de son moteur aurifère, l’économie malienne fait preuve d’une résilience qui force le respect. Mieux : les projections pour 2025 tablent sur 5 % de croissance, avec un possible rebond à 5,4 % dès 2026, si les conditions minières se rétablissent.

Mais l’équation budgétaire demeure précaire. Certes, le déficit a été réduit à 2,6 % du PIB, et les recettes fiscales ont connu un sursaut, aidées par des contributions exceptionnelles des secteurs minier et télécom. Mais l’absence d’aide budgétaire extérieure — un fait aussi politique que financier — et les conditions de financement tendues dans l’espace UEMOA rendent les marges de manœuvre étroites. Le coût de la dette, lui, s’alourdit.

Dans ce contexte, les recettes du FMI sont connues : rigueur budgétaire, efficacité des dépenses, élargissement de l’assiette fiscale (notamment dans les mines), et protection des plus vulnérables. La ligne de flottaison reste le cap des 3 % de déficit exigé par l’UEMOA. Un objectif que les autorités maliennes affirment vouloir respecter, même si les impératifs climatiques et sociaux — à l’image des récentes inondations — pèsent lourd sur les dépenses publiques.

Des réformes attendues, des marges réduites

Sur le fond, le FMI encourage les autorités à poursuivre les réformes structurelles, avec un accent particulier sur la gouvernance des entreprises publiques, à commencer par la très symbolique et problématique Énergie du Mali (EDM). La vulnérabilité chronique de l’entreprise électrique reste un caillou dans la chaussure de toute stratégie de développement. Même tonalité sur la transparence budgétaire, la gestion des finances publiques, et la nécessité d’un cadre réglementaire rassurant pour les investisseurs étrangers.

Mais au-delà des lignes comptables, le vrai défi est politique : faire exister une vision à long terme dans un pays en transition, dont les partenaires scrutent les équilibres institutionnels autant que les chiffres macroéconomiques. La « Vision 2063 » et la stratégie nationale pour le développement durable 2024-2033, portées par Bamako, sont saluées sur le papier. Mais pour qu’elles deviennent des leviers crédibles de croissance inclusive, encore faut-il que les conditions de confiance — stabilité, prévisibilité, réformes concrètes — soient réunies.

La visite du FMI n’a pas donné lieu à de critiques frontales, ni à des annonces fracassantes. Elle s’est conclue, comme souvent, par des propos mesurés, des remerciements convenus, des recommandations bienveillantes. Mais pour qui sait lire entre les lignes, un message clair : le Mali n’est pas hors-jeu, mais il joue sur un fil tendu. Entre ambition et rigueur, souveraineté revendiquée et dépendance financière contenue, la marge d’erreur est mince.

Chiencoro Diarra 

Source : Sahel Tribune
Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct