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Crise sécuritaire : La spirale des attaques terroristes

Dans son récent rapport, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, signale que les forces nationales de défense, les forces étrangères et les populations civiles continuent d’être les cibles des groupes extrémistes violents. Il met aussi le doigt sur les violations des droits de l’Homme

 

Le rapport rappelle que les principaux faits nouveaux dans le pays sont les élections législatives organisées dans la dynamique créée par le Dialogue national inclusif (DNI). Ces élections ont été marquées par l’enlèvement de candidats dont le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, de dirigeants locaux, de chefs coutumiers et d’agents électoraux, la destruction de matériel électoral et des pressions exercées par des groupes armés. Sur les 147 députés nouvellement élus, 41 sont des femmes, s’est félicité le secrétaire général de l’ONU, ajoutant que ce chiffre représente plus de 27% du nombre total de membres de l’Assemblée nationale.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord, le rapport signale que malgré les progrès accomplis à travers les élections, des désaccords persistent entre les parties signataires, empêchant la mise en œuvre rapide de certains éléments essentiels pour la paix et la réconciliation au Mali, en particulier le redéploiement des éléments restants des forces armées reconstituées à Kidal. Le 5 mai, le Comité de suivi de l’Accord a tenu sa 39è session. Les participants ont demandé instamment aux parties de hâter la phase de «rattrapage» du programme accéléré de désarmement, de démobilisation et de réintégration ou d’intégration des ex-combattants en vue d’atteindre l’objectif de redéploiement fixé de 3.000 éléments dans le Nord du Mali.

Le 13 avril dernier, l’observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a publié son dernier rapport dans lequel les retards pris dans le nouveau découpage administratif et territorial et les problèmes relatifs au redéploiement des unités reconstituées de l’armée dans le Nord ont été recensés comme étant les principaux obstacles à la mise en œuvre du texte.

Par ailleurs, Antonio Guterres note que les attaques terroristes contre la population civile, les Forces de défense et de sécurité maliennes et les forces internationales sont restées un facteur de violence dans le Centre du Mali, touchant l’ensemble des populations. Les groupes terroristes ont continué de mettre à profit l’absence de l’État dans de nombreuses zones. Ceux affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique ont poursuivi leurs attaques contre les forces de sécurité et les civils dans le Nord et le Centre du Mali et de nouveaux affrontements entre ces groupes ont été signalés. Durant la période considérée, le rapport déplore que 169 civils ont été tués et 79 blessés lors de 190 actes de violence, un chiffre en baisse par rapport à la période considérée dans le précédent rapport.

DÉPLOIEMENT INTERROMPU- Le rapport indique que la Minusma et les forces nationales et internationales ont continué d’être la cible d’attaques asymétriques. La force onusienne a, en effet, été la cible de 26 attaques au cours desquelles trois casques bleus et un prestataire de services ont été tués et 24 autres personnes blessées. Les forces maliennes ont aussi été la cible de 49 attaques, qui ont fait 67 morts et 86 blessés parmi les soldats.

Le nombre de victimes civiles d’explosions a augmenté : 15 civils sont morts et 14 autres ont été blessés sur l’ensemble du territoire dans six explosions. D’après le rapport, le Dialogue national inclusif (DNI) avait pour principal objectif de régler les désaccords concernant le processus de révision constitutionnelle en 2019. La nouvelle Assemblée nationale jouera donc un rôle important dans l’élaboration des réformes politiques et institutionnelles qui seront engagées au Mali et dans la planification de leur exécution. Un fait important souligné par le secrétaire général de l’ONU est le redéploiement d’unités reconstituées à Kidal, à Gao, à Tombouctou et à Ménaka, constituant une étape indispensable vers le rétablissement de l’autorité de l’État dans le Nord du Mali. Il précise qu’au 7 mai, 1.189 éléments avaient été déployés dans le Nord dans le cadre des unités reconstituées des Forces armées nationales dont 357 à Gao, 400 à Kidal, 104 à Ménaka et 328 à Tombouctou.

Au total, 397 d’entre eux sont issus des Forces armées et 792 sont d’ex-combattants des groupes armés. Les 538 autres (sur 1330) ex-combattants intégrés dans les forces armées ont été redéployés en tant qu’éléments des unités antiterroristes de la Garde nationale après la signature d’un accord en décembre 2019 entre les parties maliennes. Le déploiement d’une autre compagnie de l’armée reconstituée, de Gao à Kidal, a été interrompu le 6 mai à la suite de désaccords entre les parties signataires.
À Kidal, l’arrivée des unités reconstituées en février a marqué, pour la première fois depuis 2012, la présence officielle de la force publique de sécurité. Les unités ne sont pas encore opérationnelles et leur cohésion doit être resserrée.

La situation des droits de l’Homme a continué de se détériorer, en particulier dans le Centre du Mali, déplore le texte. La Minusma a recensé 535 cas de violation des droits de l’Homme et d’atteinte à ces droits, soit 412 de plus qu’au cours de la période précédente, dont 275 ont été le fait de groupes armés et 163 celui des forces nationales. La plupart des atteintes aux droits de l’Homme ont été signalées dans la Région de Mopti (241). D’autres ont été signalées à Bamako (112) et dans les Régions de Gao (10), de Kayes (21), de Kidal (44), de Ménaka (31), de Ségou (25), de Sikasso (6) et de Tombouctou (45).

Depuis le début de l’année 2020 jusqu’à la fin du mois de mars, 598 cas de violation des droits de l’Homme ou d’atteinte à ces droits ont été recensés, soit une augmentation de 61,21 % par rapport aux trois mois d’octobre à décembre 2019. Au total, 228 violations graves à l’égard de 151 enfants ont été recensées, contre 174 violations à l’égard de 103 enfants au cours de la période précédente. En conséquence, le nombre de personnes déplacées au Mali est passé de 218.000 en mars à 239.484 dont 54 % de femmes.

Dieudonné DIAMA

Source : L’ESSOR

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