Le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a recommandé aux autorités, le samedi dernier, de faire appliquer les textes de l’OHADA à l’EDM afin de lui donner une autonomie totale de gestion et d’envisager l’ouverture de son capital au secteur privé malien. C’était à la faveur de la présentation des résultats des groupes de travail du CNPM ayant réfléchi sur les 5 axes stratégiques de l’actuel bureau.
La rencontre, présidée par le ministre du Commerce et de l’industrie Moussa Alassane DIALLO, a été marquée par la présence de l’ambassadeur de la Turquie au Mali ; du président du CNPM, Mossadeck BALLY.
Y ont également pris par des responsables de plusieurs départements ministériels, des membres du Conseil national de transition (CNT), des membres du bureau du CNPM, des porteurs de projets, des chercheurs, entre autres.
Les 5 axes stratégiques sur lesquels les réflexions ont porté sont : l’énergie, les infrastructures, les ressources Humaines, le financement et la fiscalité. Pour chaque axe, un groupe de travail a été formé et a fait des observations tout en formulant des propositions de solutions.
« Les résultats sont l’aboutissement des travaux entamés depuis l’installation du bureau en octobre 2022 », a indiqué le président du CNPM, Mossadeck BALLY, donnant le ton des interventions.
Selon lui, les 5 axes stratégiques retenus sont essentiels au développement d’une nation. Il a soutenu que pour qu’une économie soit compétitive et attire les investisseurs, en dehors de la stabilité politique, il faut de l’énergie, de la main d’œuvre qualifiée, des infrastructures, de la fiscalité attrayante.
Le patron des patrons a précisé que le but de cet exercice était d’aboutir à une justice sociale et territoriale parce que tout est concentré à Bamako. « Nous pensons qu’il faut occuper le territoire, densifier le territoire, avoir des investissements sur le territoire », a indiqué M. BALLY, en insistant sur le respect de la décentralisation.
Après avoir planté le décor, le président Mossadeck BALLY a présenté le rapport du groupe sur l’énergie qui dresse une situation alarmante de l’accès à l’électricité dans notre pays.
« L’énergie est un sujet majeur. On ne peut pas développer un pays sans l’industrialisation. On ne développe pas un pays étant seulement des consommateurs. On devient un pays développé dans la transformation de notre richesse locale (l’agriculture, l’élevage, la pêche) », a-t-il précisé.
Ce secteur dont l’appui est indispensable à l’essor de notre pays ne produit pas de l’énergie suffisante et la politique de subvention demeure inadaptée, a relevé le président du groupe de travail sur l’énergie.
Durant des décennies d’existence, la capacité totale installée de notre pays est estimée à 780,74 MW. Une production très faible alors que le besoin augmente chaque année de 10%. Sur cette capacité, 53% des sources d’énergie sont issus de la thermique contre 41% du mixte énergétique et elles sont acheminées par une ligne de plus de 13 500 km se trouvant dans un état très vétuste.
« A cause de cette situation, près 1/3 de la production est perdu », a déclaré M. BALLY.
Outre ces problèmes, le président du groupe de travail sur l’énergie a déploré le faible soutien aux projets de développement de ce secteur. A ce jour, a-t-il fait le point, une dizaine de projets pour renforcer la capacité électrique et beaucoup d’autres sont à l’arrêt.
« On peut faire sur un projet énergique dans un pays qui a à peine 780 MW installés. Monsieur le ministre, cela est inacceptable. On ne peut pas avoir de l’énergie lorsque les porteurs de projets doivent passer dix ans de leur vie à pousser un projet. A ce rythme, on ne va jamais y arriver », a dénoncé M. BALLY, en estimant que si tous les projets en cours se concrétisaient, ils produiraient 70 MW supplémentaires.
Or, a prévenu l’opérateur économique, pour les années à venir, il faut une production supplémentaire de 450 MW pour répondre la demande des consommateurs. L’une des alternatives proposées par ce groupe technique est le développement des sources d’énergie sur la base de l’eau, du solaire, du vent.
Après le diagnostic peu reluisant, plusieurs recommandations ont été formulées par ce groupe pour permettre à l’EDM Sa de sortir de son marasme.
A cet effet, le CNPM estime qu’il faut repenser la configuration du secteur en allant vers une production décentralisée sur la base de politiques énergétiques bien définies et l’élaboration d’un plan directeur de développement du secteur sur 10 à 15 ans ; restructurer la dette de l’EDM et du secteur de l’électricité́ (DNE, AMADER …) ; diminuer les compétences et les responsabilités de l’EDM pour ne pas se consacrer uniquement au transport de l’électricité. La distribution et la commercialisation seront confiées au secteur privé.
Également, le Patronat propose d’harmoniser des politiques de la sous-région, de faire l’audit de l’EDM, de favoriser les partenariats privé-privé, privé-public et le financement à petite échelle, de faire appliquer les textes de l’OHADA à l’EDM afin de lui donner une autonomie totale de gestion et d’envisager l’ouverture de son capital au secteur privé malien.
PAR SIKOU BAH
Info Matin