Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a estimé que la recrudescence des attaques des jihadistes dans le nord du Mali depuis trois mois était liée à la montée en force du groupe Etat islamique en Irak et en Syrie.
Interrogé par le quotidien Le Monde et RFI, dans une interview publiée samedi, sur la recrudescence de la violence dans le nord de son pays, il a répondu: “Il y a aussi l’encouragement qu’offre aujourd’hui l’existence de ce fameux Etat islamique. On a vu par chez nous certains leaders, dont on n’avait pas eu de nouvelles depuis longtemps, qui sortent subitement du bois, qui non seulement saluent la naissance de l’Etat islamique mais lui font presque allégeance”.
Le nord du Mali a été contrôlé pendant plusieurs mois en 2012 par des groupes jihadistes qui en ont été chassés, en grande partie, par une opération militaire française début 2013, mais il reste en proie à l’instabilité, en raison de la recrudescence des attaques jihadistes et des affrontements entre groupes touareg rivaux.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé vendredi que la France avait commencé à renforcer son action dans le nord du Mali pour contrer la résurgence des groupes islamistes armés qui multiplient les attaques, notamment contre les Casques bleus.
“C’est au Nord que quelque chose se passe, pas au Sud”, a souligné le président malien, exprimant l’espoir que les Nations Unies allaient revoir leur dispositif en renforçant la présence des casques bleus de la Minusma (Mission de l’Onu au Mali) dans le nord, où le gouvernement peine aussi à rétablir son autorité face à des groupes rebelles touareg et arabe, distincts des jihadistes.
“Nous avons fait une demande de statut à revoir de la Minusma, c’est d’habitude au niveau du Conseil de sécurité, nous pensons et nous espérons que dans les jours qui viennent, nous aurons une réponse positive”, a-t-il ajouté.
Le chef de l’Etat malien s’est par ailleurs déclaré optimiste quant à l’issue des négociations de paix d’Alger entre son gouvernement et six mouvements armés du nord.
“Je pense que l’optimisme est permis au sortir de cette troisième phase des rencontres d’Alger”, a-t-il dit, précisant que le gouvernement allait “examiner” la proposition de création d’un sénat qui représenterait les collectivités territoriales.
Le pouvoir malien et les rebelles touareg et arabe du Nord du Mali avaient signé en juillet à Alger une feuille de route pour des négociations de paix. Elles avaient entamé le 21 octobre un troisième round de négociations et signé, selon le ministère algérien des Affaires étrangères, un document qui constituera la base d’un futur accord de paix.
Source: AFP