La pandémie à coronavirus a étalé au grand jour les insuffisances de notre système sanitaire. Le manque de matériel, les défaillances du système d’organisation… ont tous été vus
Malgré l’avancée de la technologie, malgré les nombreux diplômés dans les différentes disciplines de la médecine, le plateau technique n’est toujours pas au point pour répondre aux demandes de la population. Avec la Covid-19, qui nécessite énormément de soins, les prises en charge des patients posaient beaucoup de problèmes.
A ce jour, le Mali dispose des structures sanitaires publiques, parmi lesquelles peuvent être énumérés les centres de santé communautaires (Cscom) qui sont plus proches des populations, les Centres de santé de référence (CSRef), les hôpitaux régionaux et les établissements publics hospitaliers de 3e référence.
L’organisation de ces structures est pyramidale : à la base se trouvent les districts sanitaires, au nombre de 58. C’est dans le cadre de la politique sectorielle que les districts sanitaires ont été découpés en des aires de santé qui regroupent au minimum 5 000 habitants. Après découpage, 1 044 aires de santé ont été recensées et parmi ces aires de santé seulement 559 disposent à ce jour de Cscom. Le Cscom est par ailleurs le lieu de contact dans chaque aire car plus proche des populations.
Selon Dr. Ibrahima Guindo, biologiste à l’Institut national de Santé Publique (INSP), « dans les autres aspects du système de santé, il y a la couverture vaccinale, l’accès aux médicaments, au système de laboratoire».
De façon générale, pour ce qui concerne la Covid-19, les professionnels de la santé ont vu qu’il y a nécessité à améliorer la prise en charge des urgences sanitaires à tous les niveaux. « Ce n’est pas normal que la prise en charge des cas compliqués soit seulement possible dans les structures de troisième référence ».
« Le système doit filtrer jusqu’à ce que quand tu dois avoir accès à une troisième référence, c’est que vraiment c’est un cas compliqué. Mais, l’expérience a montré que même au niveau régional il faut déjà améliorer la prise en charge par exemple des soins intangibles de la réanimation. Il faut que ça soit très amélioré au niveau des régions et aussi pour les districts éloignés des régions même si c’est des pôles simplifiés pour qu’ils puissent avoir accès à ces soins-là. Parce qu’un cas grave de Covid-19 peut importe où qu’il soit, il faut qu’il y ait d’abord des soins soient mis à sa disposition », a expliqué Dr. Guindo.
A son sens, du côté des laboratoires, « on voit que les tests sont concentrés dans la capitale. Donc il faudra améliorer au mieux une décentralisation effective de diagnostic. Et par diagnostic, on ne parle pas que de Covid-19, il y a autres pathologies. Par exemple si tu dois soigner quelqu’un et que cette personne vient avec des signes cliniques, on pense que c’est Covid-19 et on fait un test et on trouve que ce n’est pas Covid-19. Mais c’est-ce que c’est ? Le diagnostic de façon générale doit être amélioré pour qu’on puisse faire un diagnostic Covid-19 et un diagnostic différentiel quand ce n’est pas Covid-19. Savoir chercher autre chose. Donc, ça c’est vraiment des choses à améliorer de façon générale dans le système de laboratoire et qu’à chaque niveau de laboratoire qu’il ait un paquet qui puisse permettre de faire ce diagnostic là et un diagnostic différentiel pour que les cliniciens qui soupçonnent un retour de laboratoire puissent lui être favorable et pour qu’il puisse prendre vraiment en charge de façon convenable le patient. Donc, ça c’est vraiment dans le système de laboratoire et ça ne va pas aller sans les questions d’infrastructures, sans les équipements sans la formation. C’est toute une chaîne et la qualité du travail aussi, qui est réalisée et c’est vraiment un ensemble de choses qu’il faudra de façon générale. C’est de mettre l’accent que ça soit au niveau du laboratoire ou du système de soin », a jouté Dr. Ibrahima Guindo.
Pour sa part, Dr. Mamoutou Diabaté, Chef CPDFIS à la Direction générale de la Santé et de l’Hygiène Publique confie que « la Covid-19 a obligé le système de Santé à s’adapter aux réalités pratiques : l’utilisation accrue des téléconférences, le développement des formations à distance, l’utilisation de l’informatique. Il y aussi le développement du contrôle sanitaire au niveau des frontières».
Aminata Agaly Yattara
Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada
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COVID-19 ET INSECURITE
Une maladie reléguée au second plan
L’insécurité est tellement grandissante dans les régions du centre que la question de la Covid-19 est mise au second plan. Dans la région de Niono, la majorité des populations non seulement ne croient pas en l’existence de la pandémie encore respecter les mesures barrières.
Niono. 350 km de Bamako au centre. La zone, à la lisière du Sahel, fait frontière avec la Mauritanie. La zone connaît régulièrement des incursions des groupes djihadistes qui tentent d’installer leurs lois dans des villages de la zone.
A Niono la plupart des gens sont plus préoccupées par la question de sécurité que de celle de santé en l’occurrence la Covid-19.
Ces populations s’inquiètent beaucoup pour leur sécurité. Dans cette ville, aujourd’hui ou l’insécurité est grandissante ou les populations ne dorment pas sur leurs oreilles. « Pour penser à autres choses il faut d’abord avoir à manger et l’esprit tranquille », telle est la phrase à la bouche d’une grande partie des habitants de Niono.
Selon ces gens, c’est juste de la propagande, c’est une façon de manipuler les Maliens. C’est tout simplement secondaire.
Ils sont quelques rares personnes qui croient en la Covid-19 et même là ces personnes sont celles qui sont aisées et surtout fréquentent beaucoup Bamako.
En faisant le tour de Niono, l’on a remarqué qu’en dehors du fait que les gens ne croient pas en l’existence de la maladie mais ne se donnent pas la peine de se protéger.
Pour un responsable d’ONG travaillant sur place « en toute honnêteté c’est compliqué de vivre au centre maintenant. J’ai commencé à travailler à Niono il y a juste quelques mois. Mais j’avoue que je m’inquiète pour ma survie. Quant à la Covid-19 vraiment je me protège contre cette maladie, ce en respectant les mesures barrières édictées par nos autorités, il s’agit du port du masque, de la mesure de distanciation, du gel hydro alcoolique et surtout de se laver les mains ».
« Trouver une solution à ce problème d’insécurité est notre premier souci», M. D., habitant la localité.
Aminata Agaly Yattara